Murmures

L’Opéra Leena de Boubacar Boris
septembre 2010 | Divers | Musique | France
Source : Afriscope

Français

Spectacle unissant français et wolof, artistes professionnels et amateurs
L’Opéra Leena, écrit par Boubacar Boris Diop et produit par l’association bordelaise Migrations Culturelles Aquitaine Afriques (MC2A) est une gageure. Unisant français et wolof, artistes professionnels et amateurs, ce spectacle ambitieux relève à la fois des défis artistiques et citoyens. Après des mois de travail, cette création voit le jour cet automne à Cenon.


Opéra urbain en français et en wolof, Leena met en scène le parcours d’une jeune Sénégalaise élevée en France par sa mère. En quête d’identité, elle est rattrapée par son histoire et son lien avec l’Afrique à l’arrivée de son oncle, griot débarqué du Sénégal.
Les chants wolof de son oncle font vibrer en elle une corde restée jusque-là muette et vont lui permettre de se réconcilier avec une part d’elle-même.
Qui mieux que l’auteur sénégalais Boubacar Boris Diop, publiant en français et en wolof, pouvait écrire le livret de Leena ? Venu animer à Lormont un atelier wolof auprès de jeunes francosénégalais en 2007 [1], il en est reparti avec le projet d’écriture de Leena. Entre les voix des interprètes, comme celles de la chanteuse béninoise Perrine Fifadji, du sénégalais Doudou Sata ou celles des choristes amateurs, guidées par Philippe Molinié, coordinateur des ensembles vocaux, la langue de Boris Diop devient une matière à sculpter.

La scène, telle une agora
Car la langue est le moteur de Leena tant dans ce qu’elle véhicule émotionnellement que dans l’enjeu artistique du projet : faire chanter en wolof des non-wolophones et de réunir des tendances artistiques (théâtre, slam, musique et danse), « parfois conflictuelles », selon les mots du metteur en scène Guy Lenoir. Pour permettre une cohabitation harmonieuse entre ces multiples expressions, le scénographe Dominique Pichou a imaginé la scène comme une agora, évoquant à la fois la place d’un quartier dakarois et celle d’une cité de la rive droite de la Cub (Communauté urbaine de Bordeaux).
Patchwork vivant
Quelle que soit leur origine, professionnels et amateurs ont su dépasser la barrière linguistique et s’approprier le texte autant que les mélodies composées par le sénégalais El Hadj Ndiaye, et réorchestrées par le compositeur bordelais Mathieu Ben Hassen. Ce projet pluridisciplinaire et fédérateur est une grande première en Aquitaine. Réunissant des opérateurs culturels institutionnels comme l’Opéra de Bordeaux et associatifs, il est porté par des artistes phares de la scène girondine – tels la chanteuse Perrine Fifadji, le chorégraphe Auguste Ouedraogo, le slameur Khalid – et par des acteurs de la société civile. Divers centres sociaux contribuent également au projet pour des bénévoles assistant les créateurs des costumes. Réalisés à partir de tissus récupérés et de matériaux détournés, ceux-ci sont le fruit d’un formidable travail de groupe.
À l’image de ses costumes, Leena est un patchwork vivant, qui puise son intensité dans la diversité des talents qu’il a su réunir pour une aventure autant citoyenne qu’artistique. Gageons que ce projet conçu en Aquitaine saura conquérir d’autres régions.
Le 24 septembre 2010, Leena inaugurera l’ouverture du Rocher Palmer à Cenon. Le 19 mars 2011, au Palais des sports de Bordeaux dans le cadre de la Saison de l’Opéra de Bordeaux.

Source: afriscope.fr
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