Murmures

Le décès du cinéaste sénégalais Mahama Johnson Traoré
mars 2010 | Décès de personnalités culturelles | Cinéma/TV | Sénégal

Français

à l’âge de 68 ans
Nous apprenons la triste nouvelle du décès du cinéaste sénégalais Mahama Johnson Traoré ce lundi 8 mars 2010 a Paris où il vivait depuis une quinzaine d’années.
Son enterrement aura lieu à Dakar en fin de semaine.

Nous reprenons ci-après son portrait écrit par Thérèse M’bissine Diop (qui fut l’actrice principale de La Noire de… de Sembène Ousmane), publié dans Africultures n°47 :

Mahama Johnson Traoré est né en 1942 à Dakar. Son père, chef d’entreprise, après lui avoir fait faire des études au Sénégal et au Mali, le destine à une carrière d’ingénieur électronicien. Dans ce but, il l’envoie en France et c’est dans un cours de travaux pratiques animé par un professionnel du cinéma que Mahama Johnson Traoré a la « révélation ». Il veut non pas enregistrer les comédiens mais les mettre en scène et réaliser des films. Il s’inscrit aussitôt au conservatoire indépendant du cinéma français puis parachève ses notions théoriques par des stages à l’ORTF et dans des équipes cinématographiques italiennes et allemandes.
En 1968, il réalise son premier film, Diankha-bi, un moyen métrage en noir et blanc sur la situation de la femme au Sénégal. Le film obtiendra le grand prix du festival de Dinar. Son deuxième film en 1970 reste fidèle à son thème de prédilection : la femme. Diegue-bi met en scène un haut fonctionnaire qui, pour conquérir le cœur d’une courtisane, n’hésite pas à détourner les fonds de l’Etat. Le film remporta un énorme succès à Dakar.
Mais Traoré ne veut pas se cantonner dans un seul thème. Sa priorité est alors de faire des films sociaux et politiques pour amener le public africain à prendre conscience des problèmes primordiaux du continent. Lambaay, Reou-takh et Njangaan appartiennent à cette période d’engagement du fougueux cinéaste qui dira d’ailleurs à Cannes « Nous sommes à Cannes pour montrer nos films, pour montrer la réalité, les réalités de notre continent », lors d’un discours de soutien au film Nous les sans-papiers de France, projeté dans le cadre du festival en 1997.

M’Bissine Diop
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