Murmures

Liberté de la presse
novembre 2005 | | Média | Ouganda

Français

Menaces, descente de police, tentatives de saisies : semaine noire pour le Daily MonitorMenaces, descente de police, tentatives de saisies : semaine noire pour le Daily Monitor
Reporters sans frontières appelle fermement le gouvernement ougandais à la raison, après que le quotidien indépendant Daily Monitor a subi une semaine de harcèlement et de menaces de la part de la police, dans le cadre d’une campagne de disqualification de l’opposant Kizza Besigye, culminant avec le raid spectaculaire d’un commando de police dans les locaux du journal, dans la soirée du 17 novembre 2005.

« Envoyer la police, la nuit, dans une rédaction et traquer un journal sur les routes du pays est un réflexe despotique dont le gouvernement ougandais doit définitivement se débarrasser, a déclaré Reporters sans frontières. Une fois pour toutes, le Daily Monitor, régulièrement ciblé par les ministres ou le Président, doit être laissé en paix. En période de trouble politique, agresser la presse indépendante ne fait qu’aggraver les choses. »

Peu après 23 heures, le 17 novembre, une vingtaine de policiers en armes ont fait brutalement irruption dans les bureaux abritant le quotidien indépendant Daily Monitor et la station de radio 93.3 KFM, situés sur la 8e rue de la zone industrielle, dans le quartier de Namuwongo, à Kampala, la capitale. Commandés par le commissaire de la bridage criminelle, Edison Mbiringi, les policiers ont exigé de savoir qui était à l’origine d’affiches placardées dans différents endroits de la ville par le principal parti d’opposition, le Forum pour un changement démocratique (FDC). Cette affiche était un appel aux dons pour une organisation de défense des prisonniers politiques en Ouganda, le Fonds des droits de l’homme Kizza Besigye, du nom du président du FDC récemment rentré d’exil et presque aussitôt emprisonné pour « trahison » et « viol ».

Le Daily Monitor ayant fait paraître une annonce identique sur une demi-page, dans son édition du jour, la police a accusé la direction du journal d’être à son origine. Les policiers, sans fournir d’autre explication, ont affirmé que la publication d’une telle annonce nécessitait une autorisation de la police et qu’elle était, par conséquent, illégale. Face aux arguments de la direction du journal, le commando s’est retiré vers 1 heure du matin.

Aussitôt, les camionnettes de livraison du Daily Monitor ont été arrêtées et inspectées dans divers endroits du pays, notamment dans l’Ouest et le Nord, ainsi que sur la route de l’aéroport international d’Entebbe et dans le fief de Kizza Besigye, Rukungiri (Sud-Ouest). Dans cette ville, ainsi qu’à Kabale, la police a bloqué les bureaux locaux du journal, afin de saisir les exemplaires qui devaient leur être livrés. Dans la ville de Pallisa (Est), un représentant du Daily Monitor a reçu l’ordre de la police de ne pas distribuer le journal. L’intervention de la direction du quotidien a permis de débloquer la situation.

Le 15 novembre, le Daily Monitor avait été menacé de fermeture, après avoir publié un article affirmant que le président Yoweri Museveni avait choisi son demi-frère Salim Saleh comme chef des armées, avant de finalement changer d’avis. Le journal avait dû publier un droit de réponse du gouvernement pour éviter que celui-ci ne prenne « d’autres mesures ». Dans une autre affaire, l’auteur de l’article, le journaliste politique vedette, également animateur sur 93.3 KFM, Andrew Mwenda, avait été arrêté le 12 août et relâché sous caution trois jours plus tard, après la diffusion d’une émission consacrée à la mort accidentelle du leader rebelle soudanais John Garang. Actuellement poursuivi pour « sédition », il risque cinq ans de prison.

English

Police raid newspaper at the end of a week of harassment
Reporters Without Borders called on the Ugandan government to come to its senses today after a week of police harassment of the independent Daily Monitor newspaper culminating in a spectacular raid on its premises last night, all of which were part of the government’s efforts to neutralise support for imprisoned opposition leader Kizza Besigye.

« A night-time police raid on a newspaper and interception of its delivery trucks are despotic reflexes which the Ugandan government should abandon for good, » the press freedom organisation said. « The Daily Monitor has often been targeted by the president and his ministers and it is now time to leave it in peace. Attacking the independent press during times of political unrest just makes things worse. »

Led by Commissioner in charge of crime Edison Mbiringi, around 20 armed policemen raided the building housing the Daily Monitor and Radio 93.3 KFM in the Namuwongo industrial district of Kampala shortly after 11 p.m. yesterday, wanting to know who was responsible for posters that had just been put up in various parts of the city by the main opposition party, the Forum for Democratic Change (FDC).

The posters appeal for donations to an organisation for the defence of political prisoners named after the FDC’s leader, Besigye, who was immediately arrested on charges of treason and rape when he recently returned from exile.

The police thought the newspaper’s staff should know who was responsible since they ran an identical half-page advertisement in their latest issue. Without explaining why, the policemen claimed that the newspaper needed police permission to publish such an announcement and that it had therefore broken the law. The newspaper’s staff disputed this, and the police finally withdrew at around 1 a.m.

Shortly thereafter, the newspaper’s delivery trucks were stopped and inspected by police in various parts of the country, especially the west and the north, on the road to Entebbe international airport and in Besigye’s stronghold, the southwestern town of Rukungiri. The police also sealed off the newspaper’s local offices in Rukungiri and Kabale in order to seize copies as they were delivered. In the eastern town of Pallisa, police ordered a Daily Monitor representative not to distribute the newspaper. Distribution finally resumed after the newspaper’s management intervened.

The Daily Monitor was previously threatened with closure on 15 November after it carried a report claiming that President Yoweri Museveni originally chose his half-brother, Salim Saleh, as head of the armed forces before changing his mind. The newspaper had to publish a government denial to avoid « other measures » by the authorities.

The article’s author, star political journalist Andrew Mwenda, was arrested on 12 August and released on bail three days later because of comments he made in a programme he presents on Radio 93.3 KFM about the death of Sudan’s former rebel leader John Garang in a helicopter crash. He still faces a possible five-year prison sentence on charges of sedition.
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