Murmures

Cinéma : Thierry Michel, le coup d’éclat permanent
octobre 2015 | Faits de société | Cinéma/TV | Belgique
Source : Jeune Afrique

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Par Pierre Boisselet (Jeune Afrique)
À chacun de ses films sur la RDC naît une polémique. Et si le Belge Thierry Michel cherchait à les provoquer pour faire parler de lui ? Enquête sur un réalisateur engagé.

Il a le sourire large, le verbe généreux et le tutoiement spontané. Difficile de se brouiller avec le documentariste belge Thierry Michel. Et pourtant, ses polémiques avec les autorités de la RDC, son sujet de prédilection – son fonds de commerce, disent les mauvaises langues -, sont devenues récurrentes. Il en faut certes peu, parfois, pour vexer ce gouvernement prompt à jouer sur la corde nationaliste. Mais Thierry Michel, qui raconte spontanément ses arrestations comme autant de faits d’armes, ne rechigne pas à l’affrontement médiatique.

Le sujet de son dernier film n’était pourtant pas particulièrement controversé. L’homme qui répare les femmes est une hagiographie du gynécologue – incontestablement admirable – Denis Mukwege, qui se bat désormais pour la paix dans l’est du pays. Au passage, le documentaire souligne, il est vrai, l’inefficacité des autorités en la matière… Toujours est-il que l’interdiction du film sur le sol congolais, le 2 septembre – seules deux projections étaient alors prévues à Kinshasa -, a fait couler plus d’encre encore que le contenu du film. Même l’ONU s’est fendue d’un communiqué pour la dénoncer. « Lambert Mende [le ministre congolais de l’Information, à l’origine de l’interdiction]est mon meilleur attaché de presse ! » s’amuse le documentariste belge. On ne peut pas le démentir sur ce point. Cette controverse est venue à point nommé, à la veille de la diffusion du film sur la télévision publique belge RTBF (partenaire du film), et a abouti à sa mise en ligne sur internet – et donc à sa disponibilité à Kinshasa…




Choc des ego

Le réalisateur belge aurait-il sciemment cherché la polémique ? C’est l’accusation portée par sa compatriote Colette Braeckman, coauteure du film. Dans un article pour son quotidien, Le Soir, cette journaliste spécialiste de la région des Grands Lacs a en effet détaillé comment Thierry Michel aurait « de sa propre initiative et sans concertation […] torpillé une négociation qu’il savait imminente et délicate ». Pendant qu’elle tente d’obtenir une dernière fois l’autorisation de projection à Kinshasa, Thierry Michel envoie des communiqués indignés, ainsi que ce SMS à Lambert Mende : « Mobutu était grand, très grand. Il a été défait et n’a pu être enterré dans le pays de ses ancêtres. Faisons en sorte que l’Histoire ne se répète pas. »

« Hélas, je suis arrivée à la conclusion qu’il cherchait le buzz », confie Colette Braeckman à Jeune Afrique. Thierry Michel se dit, de son côté, atterré par sa réaction. « Je ne comprends pas qu’elle fasse cela par voie de presse. La censure avait déjà été décidée. Je ne vois pas ce qu’il y avait à négocier avec ce pouvoir ! »

Lire l’intégralité sur http://www.jeuneafrique.com/mag/268039/culture/cinema-thierry-michel-le-coup-declat-permanent/
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