Murmures

Interdiction du film MUKWEGE – Baîllonner la parole des victimes
septembre 2015 | Faits de société | Cinéma/TV | République démocratique du Congo

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Interdiction du film « L’homme qui répare les femmes » de Thierry Michel et Colette Braeckman, en RDCongo
Nous venons d’apprendre que le film « L’homme qui répare les femmes – La colère d’Hippocrate » est catégoriquement interdit de diffusion en RDCongo. Selon le ministre de l’information, les forces armées estiment en effet avoir été calomnièes » par ce documentaire portant sur les viols de femmes congolaises et sur l’action du Docteur Denis Mukwege au Kivu.

Pourtant, jusqu’il y a peu les autorités avaient annoncé que le film était autorisé lors de plusieurs contacts téléphoniques avec le ministre de l’information Lambert Mende et la rencontre de Colette Braeckman avec le ministre Kin Kie Mulumba, faisant fonction la semaine dernière de ministre de l’information, lors de sa campagne « Kabila désir » en Belgique.

Le Docteur a reçu le prix Sakharov du Parlement Européen, à la suite de quoi une immense affiche a trôné sur le Boulevard du 30 juin à l’effigie du Docteur et de ce prix.



Ce film est en train de faire le tour du monde, et a obtenu 7 prix internationaux dans 5 pays et 3 continents.
Ce film a été montré au Parlement Européen et partiellement au Parlement de la Communauté Française qui a attribué un prix au docteur Mukwege.
Ce film sera présenté en octobre à la Fondation du Congrès Américain à Washington et aux Nations Unies à New York.
Ce film est soutenu par le Parlement européen qui a permis le sous-titrage dans 24 langues et en fait une diffusion large sur le territoire Européen.
Il est cofinancé par le Ministère belge des A faires Etrangères et par le Ministère de la Coopération, mais aussi par L’organisation internationale de la francophonie et par la fondation du Congrès américain.

Il est inexplicable que, après plus de 6 mois de diffusion intense de par le monde, et après plusieurs mois d’attente d’une autorisation, le film montrant l’action du Docteur Mukwege et les témoignages congolais relatant les massacres de populations civiles et les viols avec extrême violence dont les femmes sont victimes, ne puisse pas être montré à la population congolaise, mais aussi au personnel de l’hôpital de Panzi et à tous ceux qui ont eu le courage de témoigner dans ce film en RDC.

Le docteur est victime de tentatives d’assassinats et il a perdu un de ses proches lors d’une de ses tentatives. Il vit cloîtré dans son hôpital et ne peut sortir que sous la protection des Nations Unies. L »interdiction de la diffusion programmée de ce film est une manière de bâillonner en RDC sa parole et celle des victimes de ces guerres et tragédies que le pays vit depuis 20 ans. C’est cela l’enjeu de la présentation du film et de cette censure qui tend à banaliser des actes ignobles qui ont été perpétrés en RDC. Ainsi,la plupart des victimes n’auront pas eu la reconnaissance juridique et/ou la réparation morale et matérielle à laquelle elles devraient avoir droit mais de plus elles sont interdites de témoignage.
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