Murmures

Uropve, nouveau média aux Comores
août 2015 | Projets culturels | Média | Comores
Source : Muzdalifa House

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Un média au caractère singulier fait son apparition, ces jours-ci, dans le paysage médiatique comorien. Lancé par Washko Ink. au sein du Muzdalifa House, ce projet, fondé sur un principe d’économie solidaire et citoyenne, est prévu pour paraître tous les quatre mois..

Uropve – c’est son titre – n’a rien d’un journal. Et pourtant, il en épouse le caractère, et la faconde. Le premier numéro, fraichement paru, il y a quelques semaines, porte sur la très sérieuse question du politique. Des articles de fond sur 40 années d’histoire politique, à travers lesquels des hommes de plume (qui ne sont pas tous journalistes, loin de là) s’appliquent à analyser le rôle joué par les élites au pouvoir, ainsi que la situation du citoyen dans l’archipel. « Politique et jeux de rôle », le titre en couverture porte cette interrogation, sans ambiguïté : « Quarante années d’indépendance n’effacent pas ce sentiment qu’éprouvent les habitants de cet espace archipélique. Cette sensation étrange de cheminer dans un tunnel sans fin. On a beau dire, beau faire, beau croire. Ce pays, sans cesse menacé de démantèlement, en est encore à courir après ses besoins de base. Manger à sa faim, se soigner, se former, sont encore des épreuves terribles pour le Comorien, qui n’a appris qu’à se taire, durant ces quarante dernières années. Le rêve d’une nation moderne, souveraine, capable de prendre ses enfants à charge, ne se vit que dans l’utopie. La faute aux politiques sans doute. D’où la volonté de questionner leur rôle… »

Huit pages en couleur, consacrées au destin de l’archipel, sans aucun lien avec les appareils politiques ou partisans. En quatrième de couverture, la réflexion du leader historique du MOLINACO, Abdou Bakari Boina, sur l’espérance à retrouver, et ce, malgré l’adversité : « Je pense qu’il y a de l’espoir. Je l’ai bien dit. Baanda dhiqi faradji. Je ne vivrais peut-être pas assez longtemps pour le voir. Mais je crois que tout cela changera un jour. Je ne le dis pas comme ça. Mais je relis l’histoire. Je regarde comment ça s’est passé dans le temps, et dans le monde. Dans les pays sous contrôle, le dictateur règne un temps, dix, vingt ans, mais après arrive le couperet. Il n’y a de soleil qui ne se couche un jour… » Les propos proviennent du film Uhuru na igabuo, réalisé l’an dernier par Soeuf Elbadawi, dans le cadre de son installation pour le FACC 2014, « Pays de lune I Un rêve brisé? ». L’article évoque la parole d’un « homme au destin rebelle (…) préférant sa liberté à l’idée de mourir « esclave et soumis ».
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