« Deux minutes. La rixe de Kâri Bôni et de Wâra Ha Mayi avait duré deux minutes. Le temps de jeter son boubou par terre, de resserrer le cordon et de remonter les pans de son pantalon bouffant ; le temps pour le géant de se saisir de son gourdin, et d’asséner un, deux…, cinq coups drus, secs, bien ajustés.. »
Le drame se produit : Wâra Ha Mayi décède des suites des blessures dues aux coups reçus. Les gendarmes arrivent pour arrêter l’assassin. Mais les villageois s’y opposent. Ils font valoir leur coutume et veulent juger eux-mêmes le meurtrier, Kâri Bôni. Les évènements s’enchaînent, mettant en scène des personnages hauts en couleur, immersion totale dans l’Afrique profonde, découvrant des aspects inconnus des us et coutumes dont un voyageur pressé, étranger à ce Continent, ne peut soupçonner l’existence.
La principale héroïne de cette fiction tirée d’un fait réel, est Racky Diallo, l’épouse du meurtrier. Par ses doutes, son désarroi, ses aspirations, Racky, femme analphabète, symbolise la femme africaine. Son père l’a mariée à un polygame âgé de soixante ans, alors qu’elle n’en avait que quinze ! Par la suite, elle aura deux autres maris, dont Bôni, le dernier, monogame, mais assassin. Fama Fofana incarne la modernité. Brillante lycéenne, aisée, elle est la fille de deux grands médecins spécialistes qui, par contre, traînent un boulet : ils sont descendants d’esclaves. Cette « tare » lui interdit d’aimer Silèye, un ami d’enfance ; alors elle se révolte violemment. Un autre personnage, Baï Diaw, le pêcheur, retient l’attention. Baï défend avec conviction le maintien des traditions. C’est le gardien du temple. Personnalité attachante, il est à la fois tendre et féroce. Les préoccupations de ces trois personnages lèvent un coin du voile sur la complexité des problèmes que l’Afrique a à résoudre.