Fiche Livre
Littérature / édition
NOUVELLES | Mai 2014
Les Chrysanthèmes du désert
Mokhtar Chaoui
ISBN : 978 9954 33 483 616
Dewey : Littérature
Pages: 109
Prix : 15.00
Parution : Mai 2014

Français

Résumé

Les Chrysanthèmes du désert[1].

Après Refermez la nuit, un recueil de poésie ; Permettez-moi madame de vous répudier et à mes amours tordues, deux romans et Moi, Ramsès le chat, des chroniques satiriques, Mokhtar Chaoui nous revient avec un recueil de nouvelles intitulé Les Chrysanthèmes du désert.

Nous ne répéterons jamais assez que les titres des livres de Mokhtar Chaoui sont toujours réussis parce qu’ils sont poétiques, énigmatiques, interpellateurs, voire provocateurs. Nous remarquerons aussi que l’auteur a encore une fois changé de genre littéraire et est passé cette fois-ci à la nouvelle, genre qui exige la précision et la concision stylistiques d’un chirurgien. Nous pouvons affirmer que l’auteur ne nous a pas déçus, parce qu’il fait preuve d’une grande maîtrise des règles de la nouvelle que sont la brièveté, la singularité, la suggestion, la densité et la chute ; surtout la chute qui est dans chaque nouvelle inattendue, étonnante, déroutante.  

Les Chrysanthèmes du désert nous propose onze nouvelles qui abordent différents thèmes. Un couple désabusé qui ne communique que par des onomatopées ou des disputes. Des étudiantes qui ont fait le pari de coucher avec tous les professeurs. Un vieil homme qui offre à sa femme, après trente ans de mariage, un drôle de bouquet de fleurs. Une maîtresse d’école qui abuse d’un élève. Un jeune homme victime de ses lectures. Un fœtus qui décrit son cheminement chaotique vers la naissance. Une enfant qui veut épouser Dieu pour lui donner une filiation. Une pubère qui envoie le maboul du village au septième ciel avant d’être écrasée par son Seigneur. Des chrysanthèmes qui poussent en plein désert. Et cerise sur le gâteau, trois mini-nouvelles qui résument en quelques phrases polysémiques et non moins polémiques toute la complexité de l’existence. 

Ces thèmes, nous pouvons les répartir en trois parties. La première, composée de trois nouvelles (La femme du doyen / Trois sourires et un cocu/ Sidi Valentin) est une critique cynique et sarcastique de notre société qui est ballotée entre un traditionalisme agonisant, mais têtu, et un modernisme convoité mais pas encore assumé. Les personnages de ces nouvelles sont à l’image des Marocains qui ne savent plus sur quel pied danser et qui vacillent entre deux conceptions sociétales qui refusent de cohabiter.

La seconde partie, composée de deux nouvelles (Maîtresse Kaoutar/ La Gifle), fait appel à des  souvenirs d’enfance et jette un peu d’innocence perverse au milieu du livre, comme un intermède avant d’aborder la dernière partie qui est, elle, déchirante, bouleversante, voire cruelle. 

La troisième partie, composée de trois nouvelles (Naissance explosive/ Liaison posthume / Les Chrysanthèmes du désert) est beaucoup plus dramatique, beaucoup plus profonde dans sa façon de juger ce monde injuste, racontée dans un style baudelairien et qui nous oblige à nous poser des questions sur notre propre existence.

Avec ce recueil de nouvelles, nous passons du rire aux pleurs, du cynisme au romantisme, du sarcasme aux interrogations existentielles. Le tout servi dans un style sobre, fluide, épuré, loin de la fioriture et du remplissage.

Les Chrysanthèmes du désert procurera incontestablement un vrai plaisir aux lecteurs.

 

 







[1] – Mokhtar CHAOUI, Les Chrysanthèmes du désert, Tanger, Editions Salina, 2014. 



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