Ce roman se veut un miroir, une réflexion sur les rapports entre les noirs du Nord et les noirs du Sud.
Les noirs du Nord représentent, non pas tous les noirs de l’Occident mais uniquement la diaspora africaine, ceux-là qui sont nés sur le continent africain et se sont retrouvés en Occident pour une raison ou pour une autre. Pourquoi se limiter à cette catégorie ? Parce qu’étant nés et ayant vécu sur le continent africain pendant un certain temps, ils ont été noirs du Sud et il est alors plus facile d’observer la « mutation » qui s’opère en eux quand ils se retrouvent en Occident. Les noirs du Sud sont évidemment ceux vivant sur le continent africain même s’ils en sont déjà sortis.
Le problème est d’importance ; il y a deux camps qui se croisent et s’affrontent: celui des noirs du Nord qui se croient supérieurs au noir du Sud et veulent absolument s’identifier au blanc en prenant la place qu’il occupait jadis du temps de la colonisation et celui des noirs du Sud qui se sentent inférieurs et infériorisés par le noir du Nord et ne rêvent que de l’Occident en cherchant par tous les moyens d’y aller.
Pour la plupart des noirs du Sud, l’avenir est en Occident. Cette constante est entretenue par l’attitude de dépendance et de vénération des noirs du Sud vis-à-vis des noirs du Nord d’une part et celle de snobisme et de précellence du noir du Nord d’autre part. L’ambiguïté de cette relation n’est qu’un dérivé d’un complexe né de la colonisation en Afrique : celui de la supériorité de la race blanche sur la race noire.
Il ne s’agit pas ici de diaboliser un groupe (noir du Nord ou noir du Sud) et d’angéliser l’autre. Il s’agit surtout de présenter les travers des uns et des autres à travers un portrait à peine esquissé afin de détruire la barrière invisible qui semble séparer des êtres d’une même race du simple fait de leur position géographique.