Fiche Livre
Littérature / édition
| Octobre 2005
Diable dans un thé à la citronnelle (Le)
Gary Victor
Pays concerné : Haïti
Edition : Vents d’ailleurs
Pays d’édition : France
ISBN : 2-911412-35-4
Pages: 224
Prix : 16.00
Parution : 24 Octobre 2005

Français

Alors qu’elle se rêvait princesse indienne, Mirna,
une fillette de douze ans, est violée un après-midi sur la berge
du lac Azweï par un groupe d’adolescents mené par Blaise Maldouin,
fils aîné d’une famille aisée de Port-au-Prince.

Pendant une cinquantaine d’années, elle attend le moment propice
pour se venger. L’occasion se présente enfin lorsque Pirus, porteur
de charbon de son état et d’une grande laideur, tombe éperdument
amoureux d’Esmalda.

Que peut espérer un pauvre porteur de charbon quand on sait que Esmalda
est la fille belle à se damner de Blaise Maldouin, devenu entre temps
un homme riche et influent ? Rien. Mais comme Pirus vend son âme
à Laboubaka, le diable sanguinaire, il devient à la fois beau,
intelligent, et le bras vengeur de Mirna. L’histoire prend le tour d’un
conte merveilleux pour dénoncer la bêtise humaine et les travers
d’une société au sein de laquelle être pauvre est
la pire des malédictions.




D’une écriture foisonnante où se côtoient pêle-mêle
l’amour, la haine, le sang, le sexe, l’humour et le cynisme, Le
diable dans un thé à la citronnelle nous plonge au cœur d’une
société haïtienne où conscience de classe et argent
font loi… et nous parle de la manière la plus intime qui soit des
sentiments qui fondent, au-delà des couleurs, des cultures et des religions,
l’identité humaine.

Format : 14,9 X 23

Broché, couverture quadrichromie avec rabats, pelliculage mat, vernis brillant.

Résumé : Pirus, pauvre porteur de charbon éperdument amoureux de la fille d’un homme riche et influant ne peut rien espérer sauf à vendre son âme à Labouka, le diable sanguinaire.

Extrait : – Qui est ce brave qui vient à moi par cette nuit si belle ?
Une voix grave, légèrement rocailleuse. Pirus mit le pied de bœuf en avant, comme recommandé par Mirna.
– Je suis venu te demander la grâce, diable, bégaya Pirus. Tu es le seul à avoir pitié des malheureux.
La chose dans le noir rit à nouveau. Pirus se dit que ce diable était en vérité curieux. Il n’aurait jamais imaginé un démon s’esclaffant de la sorte. A moins que ce ne fût une manière d’endormir sa méfiance. Il força ses yeux à percer l’obscurité. Il commença par entrevoir une sorte de crinière laineuse s’agitant telle une ombre couvrant le sol, laquelle était en proie à de brusques pulsations. Mirna lui avait bien fait comprendre qu’il fallait surveiller sa main. Beaucoup de chrétiens vivants venus demander à Laboubaka la concrétisation de leurs rêves revenaient amputés d’un bras. Ce n’était pas trop payé pour certains bienfaits mais Pirus s’imaginait mal manchot. De plus, rien ne disait que Laboubaka se contenterait seulement d’un membre. Des fois, il savait dévorer le corps aussi. Pirus frémit à la seule pensée de ce qui pourrait lui arriver s’il se laissait distraire. Sa concentration fut telle qu’il sua abondamment.
– Ils disent toujours cela, ceux qui viennent ici, susurra la chose dans le noir. Je n’aime aucun malheureux mais ce sont les malheureux qui ont leur âme à offrir.
Pirus recula, tremblotant. La vieille Mirna ne lui avait pas parlé d’âme à donner en échange d’un quelconque bienfait. Le diable devina ses pensées.
– Tu es, en vérité, un sot. Tu as cru que j’allais me contenter du pied de bœuf. Certes, je ne peux m’en passer. Mais satisfaire ma gloutonnerie n’est pas suffisant. Alors, qu’est-ce que tu veux ?
Cette affaire d’âme à offrir affolait Pirus. En même temps, malgré la précarité de sa situation, il revoyait en pensée Esmalda sommeillant près des citronnelles. Il se souvint de ses regards méprisants. La rage d’être ce qu’il était fit remonter à la surface sa haine du monde et son désir de posséder cette femme inaccessible. Il ne réfléchit pas à ses mots.
– La beauté et l’intelligence, diable, s’écria-t-il. Je veux devenir beau et intelligent. Je veux être capable de parler un bon français comme ces bourgeois qui arrivent le dimanche matin, dans leurs belles voitures, pour participer à la messe. Esmalda n’aura alors d’yeux que pour moi.

Citation presse :

Partager :