Variation sur le thème de l’itinéraire balisé, l’histoire de ce jeune camionneur à qui il arrive de nombreuses aventures, échappe à toute classification car s’il s’inscrit au départ dans le néo-réalisme, il bifurque vers la tragi-comédie pour basculer finalement dans la traduction fantasmatique du désespoir.

Avec la route et le voyage comme prétexte, les rencontres et les cafés comme jalons, Le grand voyage se développe en une fiction progressive de la dépossession.

D’Inezgane à Tanger, ce qui se déroule n’est pas seulement un espace physique, mais aussi et surtout un espace métaphorique : la montée au Nord qui rend inopérants les signes convenus par lesquels se reconnaît la communication sociale – la route, les transports, la marchandise, l’argent, la radio, et delà de ces simples moyens, l’amour et la vertu.

De fait, le routier du film est un être moral, un amateur qui va jusqu’au bout de sa destinée (rejouant d’une certaine façon celle du père absent) dans un réel ou la seule morale est celle de la survie et d’un sauve-qui-peut généralisé.
Et ce n’est pas un hasard si le film se clôt sur une ligne d’horizon : le détroit de Gibraltar, lieu de passage et de blocage, point d’aboutissement et point de départ.


Image et réal. : Mohamed Abderrahmane TAZI
Sc. et dial. et prod. : Noureddine SAIL
Mus. : Omar ESSAID
Montage : Allal SAHBI
1h13 / 35mm / couleur
Interp. : Ali HASSAN, Nadia ATBIB



Récompenses:

1er Festival National du Film, Rabat, 1982
* Prix du meilleur scénario

1er Festival National du Film, Rabat, 1982
* Prix de la meilleure image