Événements

D’encre et d’exil
Haïti debout! Quatrièmes Rencontres internationales des écritures de l’exil. Nombreuses projections cinématographiques.

Français

Et moi, j’ai vingt ans. Je vis dans un monde dément, plein de turbulences, de tapages et de bras de flammes. J’ai beau écarquiller les yeux, je ne vois pas poindre l’aube nouvelle. Mes oreilles tendues n’entendent pas les premiers accords de la fête depuis si longtemps promise. J’ai vingt ans. Comment faire pour balancer la nuit et contempler quelque part au loin, la vertigineuse blancheur du petit matin ? Il faudrait laisser là, cette nuit, cette gangrène interminable.
Englué dans cet espace clos, la moiteur d’une moitié d’île, il faudrait s’en aller, mais comment s’en sortir ? Il y a des taches de sang sur la Caraïbe.
Emile Ollivier (écrivain haïtien, 1940-2002)
Extrait de Mère-solitude, Albin-Michel, 1983, Le Serpent à plumes, 1999

Les invités

Marie-Célie Agnant
Mimi Barthélémy
Philippe Bernard
Gérald Bloncourt
Hans Christoph Buch
Yves Chemla
Pierre Cherruau
Louis-Philippe Dalembert
Régis Debray
Maxence Denis
Franketienne
Jutta Hepke
Laënnec Hurbon
Anne Lescot
Bernard Magnier
Yane Mareine
Michèle Pierre-Louis
Rodney Saint-Eloi
Gary Victor
Christophe Wargny



Vendredi 3 décembre

17h00
Ouverture par Gérald Grunberg, directeur de la Bpi

17h15
Une heure avec
Franketienne,
animée par Philippe Bernard

18h30
Projection du film :
Haïti, la fin des chimères, de Charles Najman, France, 2004, 70′
Tourné début 2004 pendant la commémoration du bicentenaire d’Haïti, ce film offre un éclairage inédit sur les derniers jours à la présidence d’Aristide, ancien curé des pauvres devenu apprenti dictateur. C’est une réflexion sur l’histoire de la première république noire au monde, une nation partagée entre la mémoire de sa révolution glorieuse et la tragique litanie de despotes qui l’accablent depuis son indépendance. A travers les témoignages qu’il a recueillis, le réalisateur nous fait découvrir et comprendre Haïti, sa situation actuelle fragile et son avenir incertain, tout en affirmant la valeur, symbolique et politique, de son passé méconnu.


20h
Table ronde : « 1804 – 2004 et après »
avec Régis Debray, Laënnec Hurbon, Michèle Pierre-Louis, Gary Victor
animée par Christophe Wargny


21h30
Projection du film :
GNB contre Attila, d’Arnold Antonin, Haïti, 110′, 2004
Ce film, adressé à la société haïtienne, rend hommage notamment aux étudiants en particulier ceux de la Faculté des Sciences Humaines qui ont été le fer de lance de la mobilisation contre le pouvoir dictatorial d’Aristide. Les images saisies lors des manifestations dans le cadre de l’opération GNB sont projetées et accompagnées de témoignages des étudiants de la Fac des Sciences Humaines, bastion de la résistance à Lavalas.
Arnold Antonin, actuel président de l’Association des cinéastes haïtiens, explique avoir réalisé ce film par souci de témoignage. « C’est un devoir de mémoire pour éviter la répétition des erreurs du passé », souligne le cinéaste qui rappelle le second titre du film « une autre Haïti est possible ».


Samedi 4 décembre

15h
Soldats-Marrons
avec
Mimi Barthélémy
Serge Tamas (guitare, voix, arrangements)
(Textes : Mimi Barthélémy, René Dépestre , Paul Laraque)
Musique : Francis Bebey
Le Soldats – Marrons est une évocation de l’histoire d’Haïti jusqu’à son indépendance en 1804. A travers les jeux, les yeux, les souvenirs d’école et de vacances de la petite fille qu’elle a été, Mimi Barthélémy conte, danse, chante et célèbre avec le guitariste Serge Tamas, l’esprit rebelle qui anime les enfants d’Haïti ainsi que la victoire de leurs ancêtres, Toussaint Louverture, Dessalines et les esclaves de Saint Domingue sur leurs
maîtres de l’époque.


16h30
Projection du film :
René Depestre, chronique d’un animal marin, de Patrick Cazals, France, 2004, 62′
René Depestre évoque dans le film qui lui est consacré les paysages et souvenirs de son île natale et des pays qui l’ont accueilli en exil. Il revient sur les personnages politiques et littéraires qu’il a croisés au gré de ses errances et au côté desquels il a lutté pour la liberté, Aimé Césaire, Pablo Neruda, Che Guevara, Eluard, Aragon…
Patrick Cazals filme à cœur ouvert l’écrivain poète, témoin lucide et mobilisé de ce siècle.


18h
Une heure avec
Gary Victor
animée par Bernard Magnier


20h
Haïti, d’île et d’exil
Une traversée de la littérature haïtienne contemporaine en 13 auteurs,
en collaboration avec le TILF
Mise en espace : Luc Clémentin
Avec Catherine Mongodin et Soeuf El Badawi
Choix des textes : Bernard Magnier
« Haïti de l’île, Haïti de l’exil. Ils sont treize pour amener dans leurs mots un peu de terre-pays. Treize de l’ïle et de l’exil, comme autant d’éclats dispersés d’un même écho et qui ont su maintenir le cap d’une écriture sans compromis . » BM


21h15
Table ronde : « Ecrire Haïti loin d’Haïti »
avec Marie-Célie Agnant, Mimi Barthélémy, Gérald Bloncourt, Louis-Philippe Dalembert, Rodney Saint-Eloi
animée par Bernard Magnier

précédée d’un extrait d’un entretien-vidéo d’Emile Ollivier



Dimanche 5 décembre

Haïti, ce « tertre magique où se sont réfugiés mânes des ancêtres, figures des héros de l’indépendance, mystères, loas et dieux de sang. » Emile Ollivier

15h30
Marie-Célie Agnant nous raconte …


16h
Table ronde : « Haïti, terre d’écriture et de fascination »
avec Hans Christoph Buch, Yves Chemla, Jutta Hepke, Rodney Saint-Eloi
animée par Pierre Cherruau


17h30
Une heure avec
Louis-Philippe Dalembert
animée par Léon-François Hoffman


19h
Projection du film :
Des hommes et des Dieux, d’Anne Lescot et Laurence Magloire, 2002, Haïti, 52′
Ce documentaire de caractère ethnographique, tourné en Haïti, décrit un certain groupe d’individus: les homosexuels et travestis, dans un contexte donné: le vodou. La mise en relation de ces deux mondes nous conduit dans un univers symbolique particulier, où les non-dits de la société civile donnent à s’exprimer, parfois dans la plus grande extraversion et théâtralité, parfois avec une émotion profonde. Une émotion reflétant la quête de sens et de reconnaissance d’individus marginalisés dans un pays où l’évocation de l’homosexualité, et qui plus est du travestissement, reste encore tabou.
Le vodou devient alors un espace libérateur, d’expression ou chacun, quelque soit son orientation sexuelle peut trouver protection et réconfort. Grâce à des personnages sensibles et attachants, le spectateur progresse peu à peu dans un monde spirituel complexe et fascinant.
Ce film novateur est le premier du genre à lier ces deux sujets sensibles et résolument actuels.


20h
Table ronde : « Magie, mystères et création »
avec Maxence Denis, Franketienne, Laënnec Hurbon, Anne Lescot
animée par Yves Chemla

entrecoupée du film
E Pluribus Unum, de Maxence Denis, 2002, France-Haïti, 22′
Deux sculpteurs André et Eugène vivent dans un milieu populaire à Port-au-Prince et créent des sculptures mariant le bois et le fer et s’inspirant de la religion vaudou.


22h
Chants d’Haïti, chants graffitis
par Yane Mareine et Benoît Capon
Récital de 15 chansons qui racontent Haïti, première république noire, trop souvent oubliée et qui pourtant puise ses racines aussi profondément en Europe qu’en Afrique et la nécessaire élaboration par le peuple haïtien de sa propre religion à travers les rites du vaudou.
Pour cette artiste d’origine guadeloupéenne, c’est un devoir de mémoire, que de chanter pour la réhabilitation des outils de résistance des déportés d’Afrique : leurs langues (à ce jour, ont été répertoriés environ 127 variantes de créole), leurs rythmes, leurs rites (vaudou, candomblé, macumba, shango …).
Ce récital est aussi une façon de rouvrir la « route de l’esclave », refermée à la hâte sur la honte des uns, et les questions béantes des autres ; questions nombreuses…
Comme celles, relatives à l’identité, à l’humanité, à la vie, à l’amour, à la réconciliation, et à la construction d’une paix individuelle.
Ces chants ne sont pas « la litanie de ceux qui vivent à cœur cassé ».
Ils sont à la fois témoignage, – pour ceux qui peuvent l’entendre – et indices, sur la façon dont les esclaves et leurs descendants se pansent, et se pensent dans leur relation à la société et au monde contemporain.
Ils sont aussi éclairage, sur la nécessité du recours – par l’homme captif – aux esprits ancestraux, pour retrouver la terre promise de la liberté, le pays où l’homme marche debout.




Ces rencontres bénéficient du soutien médiatique de :
RFI (Radio France Internationale)
RFO (Réseau France Outre-mer)
Africultures
Courrier International
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