Événements

Montparnasse Noir 1906-1966
Amours en contre jour

Français

vernissage prévu le 15 juin 2006 à partir de 18h30

L’exposition Montparnasse Noir s’inscrit dans la série des Correspondances du Monde

Repérer des communautés d’artistes, des équipes indépendantes, révéler la magie de leurs proximités intellectuelles et artistiques qui naissent ici et ailleurs, les accompagner, favoriser l’émergence de correspondances qui permettent de mieux comprendre leurs réalités au-delà des frontières construites ou imaginées et savoir apprécier leurs infinies variétés.
Suggérer la trace de ces situations originales et privilégiées, par l’édition et la réalisation d’événements susceptibles de restituer toute la richesse de ces correspondances qui se jouent et s’inscrivent aussi bien dans le temps que dans l’espace.
Jean Digne
Président du Musée

Cette exposition est présentée en étroite collaboration
avec Eric Vinassac, Président de Bernard Krief Capital


Dès le début du XXème siècle se scelle une histoire d’amour tumultueuse entre Paris et les arts d’Afrique. Plusieurs scènes de cette passion dévorante se jouent à Montparnasse : dans les incontournables cafés La Coupole, La Closerie des Lilas, à la lumière des salles de spectacle mais aussi dans l’intimité des ateliers de ceux que l’on nommera bientôt les « grands maîtres du vingtième siècle ».

L’exposition « Montparnasse Noir » propose une promenade dans un demi-siècle d’histoire (1906-1966), qui raconte les passerelles d’un monde à l’autre – du continent Afrique vers le panthéon de l’art occidental. Le regard de l’Autre, le regard vers l’Autre. Picasso en extase devant les fétiches nègres du Trocadéro, Joséphine Baker et Al Brown, stars de la capitale française, les familles françaises en visite par milliers à l’exposition coloniale de 1931, Senghor et Césaire couvant la négritude… Paradoxale, complexe, ambiguë. Notre histoire. A tous.

Contraire, contrarié, contrasté, contre-attaque, contrechamp, contrecarrer, contrecoeur, contredire, contre-jour. La page 188 du Larousse Editions 1988 pourrait bien à elle seule raconter l’année 1906, Année de tous les plaisirs, de tous les dangers.
1906 : Léopold Sédar Senghor voit le jour à Joal – Sénégal
1906 : Joséphine Baker voit le jour à Saint Louis – USA
1906 : Première exposition coloniale à Paris au Grand Palais – France
1906 : Première exposition coloniale à Marseille – France
1906 : Picasso peint les « Demoiselles d’Avignon »
1906 : Mission d’exploration de l’officier Moll entre le Cameroun et le Congo français. Colonisation version « soft ». Soumission « pacifique » des chefs locaux, aucune victime parmi les porteurs !!!

Les ingrédients les plus explosifs sont réunis pour une Histoire en train de se faire. Point de répit pour ce début de siècle où Noir et blanc entrent en collision.


L’Exposition

Documents d’archives, photographies, toiles de maître, objets manufacturés, oeuvres contemporaines et bien sûr masques et statuettes africaines issues pour certaines des collections de Picasso, Senghor ou Vlaminck se bousculeront la vedette au Musée du Montparnasse.
Ils évoqueront tour à tour les grands évènements qui ont jalonné cette histoire et façonné notre imaginaire (Croisière noire Citroën, Expositions coloniales, etc.) et qui sont les héros de ce Montparnasse Noir.
Du Music-hall avec Joséphine Baker aux grandes lettres avec Léopold Sédar Senghor, en passant par la maîtresse de nos murs Marie Vassilieff ou encore les toiles de maîtres avec Amedeo Modigliani et Kees Van Dongen, le parcours proposé chemine entre les arts populaires et consacrés.

Les dates-clés
1906 : Année capitale de l’odyssée parisienne noire.
Quelques mois avant le début de l’année 1906 Georges Braque achète à un ami de son père, navigateur et collectionneur, un masque Tsogho du Gabon. André Lhote chine au marché, à Bordeaux, un masque Wè de Côte d’Ivoire.
Le 7 mars 1906, André Derain envoie une missive à Vlaminck dans laquelle il lui fait part de son enthousiasme d’avoir visité les collections ethnographiques du British Museum.
C’est aussi l’année de la découverte « mythique » de deux statuettes africaines de Vlaminck dans le fameux café d’Argenteuil. Vlaminck fait quelques mois plus tard l’acquisition d’un « grand masque » blanc que Derain réussira à lui extirper et qu’il accrochera aux murs de son atelier devant les yeux ébahis de Picasso et de Matisse.
En novembre de cette même année, Matisse se rend chez Emile Heymann au 27 rue de Fleurus et y achète une statuette kongo-vili. Il peint la Nature morte à la statuette Nègre.
Picasso, quant à lui, se rend au Musée d’ethnographie du Trocadéro pour y admirer les pièces africaines et océaniennes.
1966 : Dessin et Dessein d’un monde meilleur
L’année de la première Biennale des Arts Nègres à Dakar (Sénégal). Une page se tourne. Les indépendances changent la donne. La nouvelle carte du monde met à jour des trésors de beauté et de civilisation. On réalise peut-être que le primitif est plus un désir d’artiste que le qualificatif d’une société.
Du Boulevard Raspail à Dakar, du Boulevard du Montparnasse jusqu’à Brazzaville, les esprits se rencontrent et font connaissance. Les objets d’art, les hommes et les idées circulent. Un disque de Duke Ellington à Tombouctou, une statue Yaka dans le salon de Césaire à Fort-de-France, une idée de Senghor dans un café montparno…C’est possible !


Un ouvrage et des missives qui défient le temps
De correspondances, il sera question dans l’ouvrage édité à l’occasion de l’exposition « Montparnasse Noir ».
Nous proposons à quelques grandes et surprenantes plumes d’entamer une histoire épistolaire avec nos héros et nos réminiscences du monde noir.
Des courriers résonnants comme des hommages mais aussi comme des échos vers notre monde riche de trésors et de paradoxes de cette histoire noire mais pas toujours sombre :

Jean-Michel Alberola écrit à Michel Leiris
Alain Mabanckou écrit à André Gide
Arthur Bernard écrit à Blaise Cendrars et au caporal Sauser
Claude Bernès écrit à Marie Vassilieff
Pascal Blanchard écrit à Panama Al Brown et Raoul Diagne
Louis-Philippe Dalembert écrit à Chester Himes
Eric Deschamps écrit à Maurice Penaud
Emmanuel Dongala écrit au père de la négritude
Alain Fleischer écrit à la femme noire
Pierre Guerre écrit sur l’art nègre
Thimothée Jobert écrit à Jack Johson
Alain Jouffroy écrit à Louis Aragon
Lokua Kanza écrit à Miriam Makeba
Gaston Kelman écrit à Frantz Fanon
Pascal Letellier écrit à Pierre Lods
Faustin Linyekula écrit aux Ballets suédois
Dominique Meyer écrit à Joséphine Baker
Boniface Mongo Mboussa écrit à René Maran
Aloyse-Raymond Ndiaye écrit à Léopold Sédar Senghor
Gisèle Pineau écrit au poète et à la danseuse
Michel Pierre écrit au Maréchal Lyautey
Josette Shaje Tshiluila écrit à Georges-Henri Rivière
Aminita Traoré écrit à Aimé Césaire

Parution en juin 2006. Editions Transbordeurs. Diffusion Le Seuil. Prix 30 €.

Conférences

Pour accompagner l’exposition, le musée organise un cycle de conférences en partenariat avec l’ACHAC (Association pour la connaissance de l’histoire de l’Afrique contemporaine), dans le cadre du programme « 75 ans après, regard sur l’Exposition coloniale de 1931 », Pascal Blanchard (historien), la Mairie du 12e arrondissement et avec le concours du FASILD Ile-de-France.


Vendredi 16 juin 2006, à 20h00 :
 » La présence Afro-antillaise à Paris au moment de l’Exposition coloniale de 1931  »
Conférence-débat animé par Éric Darmon (Mémoire magnétique) en présence des auteurs du livre Le Paris noir et conférenciers, Pascal Blanchard (historien) et Éric Deroo (cinéaste).


Mardi 27 juin 2006 à 20h00 :
 » La Scène noire parisienne : artistes et acteurs dans la capitale au cour des années d’entre-deux-guerres  »
Conférence-débat animé par Jean Digne (Musée du Montparnasse), avec la conférencière Sylvie Chalaye, historienne du spectacle, maître de conférences à Rennes, et auteur de l’ouvrage du Noir au nègre (Karthala)


Jeudi 29 juin 2006 à 20h00 :
 » Paris et les outre-mer : la capitale dans son rapport à l’Afrique, aux Antilles et à la Réunion au cours de l’entre-deux-guerres  »
Conférence-débat animé par Pascal Blanchard (ACHAC), en présence des conférenciers Françoise Vergès (Professeur à l’université de Londres et vice-présidente du Comité sur l’esclavage)


Mardi 4 juillet 2006 à 20h00 :
 » Les sportifs noirs de Paris, de Siki à Al Brown  »
Conférence-débat animé par Stéphanie Suffren (Musée du Montparnasse), en présence des conférenciers Pascal Blanchard (historien) et Timothée Jobert (historien et professeur à l’université de Savoie).


réservation par téléphone souhaitée au 01 42 22 91 96



M° : Montparnasse Bienvenüe, sortie n°2


Cordialement
ACHAC
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