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Une semaine au Mali
En lien avec l’exposition Dogon (Musée du quai Branly)

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Une semaine au Mali

En lien avec l’exposition Dogon, le musée vous emmène en terre malienne, à la découverte de la richesse des cultures du pays. Entre tradition et modernité, un voyage au cœur de coutumes à la fois fascinantes et toujours vivantes.

Pour accompagner ce programme d’activités, des séances de cinéma vous proposent des documentaires, des films de fictions et des films d’archives autour de la culture Dogon et du Mali contemporain.

L’occasion de découvrir ou redécouvrir quelques œuvres des grands cinéastes maliens Souleymane Cissé, Cheikh Oumar Sissoko, Abderrahmane Sissako (cinéaste mauritanien qui tourne principalement au Mali) et Adama Drabo, mais aussi les films réalisés par Marcel Griaule dans les années 30, ceux de Jean Rouch, ou encore des productions documentaires qui interrogent le Mali actuel et ses différents développements depuis l’indépendance.

Une programmation proposée par Jean-Paul Colleyn, directeur du Centre d’Etudes Africaines de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales.

du dimanche 17 au samedi 23 avril 2011
salle de cinéma
accès libre dans la limite des places disponibles


dimanche 17 avril

14h30
Séance Marcel Griaule : Au pays des Dogon, de Marcel Griaule, 1931, 10 mn, suivi de Sous les masques noirs, de Marcel Griaule, 1939 (filmé en 1935), 9 mn, suivi de Funérailles dogon du professeur Marcel Griaule, de François di Dio, Mali, 1956, 15 mn

Figure majeure de l’ethnologie française, Marcel Griaule est un pionnier de l’anthropologie africaniste et des enquêtes de terrain. Dès 1928, il parcourut l’Abyssinie, l’ancienne Éthiopie, puis dirige la mission Dakar-Djibouti de 1931 à 1933, première grande aventure ethnologique française en Afrique. Fasciné par le mystère de leurs masques (Sous les masques noirs est l’un des premiers films sur une sortie de masques) et l’intense activité rituelle de ce peuple, il consacre sa vie à leur étude. A sa mort en 1956, les Dogon lui rendent un hommage exceptionnel : ils célèbrent ses funérailles à Sanga selon le rite traditionnel.

L’enterrement du Hogon, de Jean Rouch, 1973, 18 mn
Au Mali en pays dogon, l’enterrement du Hogon de Sanga, chef religieux d’Ogol-du-Bas, filmé par Jean Rouch en 1973.

16h
Sigui – Synthèse (1967-1973), L’invention de la parole et de la mort, de Jean Rouch, 1981, 2h20
Tourné entre 1966 et 1974, et finalement monté en 1981, Sigui Synthèse retrace la cérémonie du Sigui : tous les 60 ans, à chaque éclipse de Sirius (invisible à l’œil humain), les Dogon procèdent au rituel du Sigui. Celui de 1907 avait été décrit par Griaule, qui ne l’avait pas vu mais qui avait recueilli différentes informations à son sujet. Il fut soupçonné d’avoir « inventé » cette cérémonie. Rouch, accompagné de Germaine Dieterlen, est parti vérifier les dires de son maître à la cérémonie suivante, en 1967. La cérémonie s’étale sur sept ans. Elle semble célébrer l’origine du monde. Rouch filme les processions et les danses, et en traduit les chants.

lundi 18 avril

14h30
Sur les traces du renard pâle, recherches en pays dogon 1931 – 1983, de Luc de Heusch, 1984, 48 mn, avec Marcel Griaule, Jean Rouch, Germaine Dieterlen, Geneviève Calame-Griaule

Film réalisé en hommage à Marcel Griaule qui raconte sa passion pour le peuple dogon, que partagent Germaine Dieterlen et Jean Rouch. A l’aide d’archives filmées, le film fait part des travaux de Marcel Griaule qui au cours d’une expédition de reconnaissance découvre la civilisation dogon de la falaise de Bandiagara au Mali. De très nombreux extraits de films de Jean Rouch ponctuent cette présentation des recherches qui furent à l’origine de l’école française d’ethnographie.

Le Dama d’Ambarra, de Jean Rouch, 1974, 60 mn
Tous les cinq ans, la société des masques des Dogon de Sanga, au Mali, organise un grand dama, levée de deuil pour chasser la « chose dangereuse ». Cette cérémonie avait été observée et analysée par Marcel Griaule. Filmé par Jean Rouch, il s’agit ici du grand dama de sept dignitaires dont fait partie Ambara Dolo, principal informateur de Marcel Griaule.

16h30
Taafé Fanga (Pouvoir de pagne), d’Adama Drabo, 1997, 1h43

Avec Fanta Berette, Ibrahim S Koita, Hélène Diarra, Ténéman Sanogo, Michel Sangara, Nana Diabate, Sidiki Diabaté
L’illustre griot Sidiki Diabaté nous invite sur la falaise de Bandiagara dans le passé du peuple dogon : l’Albarga, le masque des esprits de la falaise, symbole de pouvoir, tombe entre les mains de Yayèmè, une jeune femme, et provoque le désordre à Yanda. Les femmes troquent le pagne contre le pantalon des hommes. En contrepartie, leurs maris se retrouvent habillés de pagnes et obligés d’assurer la garde des enfants et la cuisine. Seule la petite Koumi reste à sa place et assure le dialogue entre les deux clans.
Taafé Fanga s’inspire d’un récit traditionnel. Sous forme de comédie, le film raconte comment un jour, les femmes se servirent des masques sacrés pour prendre le pouvoir et inverser les rôles dans la société.

mardi 19 avril

14h30
Nioro du Sahel, une ville sous tension, de Christian Lallier, 1999, 56 mn
Nioro du Sahel, une ville du Mali, isolée à la frontière mauritanienne, à près de 500 km de pistes de Bamako… Nioro n’est pas une priorité économique et n’a jamais été électrifiée par l’Etat malien. Le soir venu, les Niorois s’organisent et les familles aisées se reconnaissent au bruit de leur groupe électrogène. Le courant suit les liens de parenté et de voisinage… Or, dans le cadre d’un Comité de jumelage, une équipe de Français s’est lancée, depuis quelques années, dans l’électrification de la ville. Au-delà des câbles et des poteaux, le réseau électrique révèle rapidement son enjeu social et politique. Le projet dépasse alors l’objet technique des Français et dévoile de profondes tensions.

16h
Finyè (Le Vent), de Souleymane Cissé, 1982, 1h45

Avec Fousseyni Sissoko, Goundo Guissé, Balla Moussa Keïta, Ismaïla Sarr
Bah, jeune étudiant, est le petit-fils de Kansaye, un descendant des grands chefs traditionnels de la région. Il est l’ami de Batrou qui, elle, est la fille d’un des représentants du nouveau pouvoir. Bah et Batrou appartiennent à une génération qui rejette l’ordre établi et la société de leurs pères. La falsification des résultats des examens sera l’étincelle qui déclenchera la confrontation avec les autorités. Une répression féroce suit les manifestations et Bah et Batrou sont emprisonnés.

mercredi 20 avril

14h30
Jinèbana. La Possession au quotidien, de Laurent Berger et Benoît Keller, 1996, 52 min

Au Mali, certaines maladies sont pensées à partir de l’intervention dans le monde humain de génies (jinè), invisibles et habitant la brousse. Siga est une guérisseuse renommée en milieu rural bambara, officiant à la tête d’un culte de possession et accueillant chez elle les malades durant leur traitement. Ce film, au-delà des rituels d’initiation et des cérémonies nocturnes, s’attache au quotidien de cette communauté et à la signification de ces pratiques. Siga nous raconte le parcours qui l’a menée à devenir « jinètigi », littéralement « maître des génies ».

16h
Yeelen (La Lumière), de Souleymane Cissé 1987, 1h46

Avec Niamanto Sanogo, Issiaka Kane, Koumba Traore, Balla Moussa Keita, Aoua Sangare, Ismaila Sarr
Dans la tradition bambara, le pouvoir de commander les forces mystiques, le komo, se transmet de génération en génération. Quand débute l’initiation de Nianankoro, son père, Soma, a le sentiment d’être dépossédé de ses pouvoirs et jure de l’éliminer. Contraint à la fuite, le jeune homme parcourt les contrées maliennes, jusqu’à l’affrontement final.

Voyage initiatique et film magique, Yeelen a obtenu le Prix du jury au festival de Cannes en 1987 et fait de Souleymane Cissé un cinéaste internationalement reconnu.

jeudi 21 avril

14h30
Arts du mythe : Boli du Mali, de Jean-Loïc Portron, 2008, 26 mn

Le Boli du Mali est un objet massif à forme animale entièrement recouvert d’une croûte de sang coagulé. Il est l’une des plus étonnantes collectes de la Mission Dakar-Djibouti en 1931. En 1980, ce fétiche figurait parmi la liste des cent chefs-d’œuvre du Musée de l’Homme, il est aujourd’hui conservé au musée du quai Branly.

Chronique d’une saison sèche. I, Le Tyi-wara, de Jean-Paul Colleyn, 1987, 40 mn
Premier documentaire d’une série de quatre films intitulée Chronique d’une saison sèche tournés au Mali en 1986. Pendant toute la saison sèche, qui va de novembre à avril, les paysans organisent une série de fêtes rituelles. Ce premier film concerne un culte bamana célèbre pour ses magnifiques coiffes surmontées d’une sculpture évoquant l’antilope-cheval. Ce culte aujourd’hui en voie de disparition était naguère en vogue dans toute la vallée du Niger. Il commémore l’invention de l’agriculture et valorise la force de travail humaine. La sortie du Tyi-wara prend la forme d’une promenade sacrée à travers tout le village, avec des arrêts en des points précis où est symbolisée l’union primordiale du soleil et la terre. Le cimier mâle représente le soleil et le cimier femelle, la terre. Leur union, qui rend possible l’agriculture, fournit l’archétype de toutes les unions possibles et en particulier celle de l’homme et de la femme.

16h
Koumen, de Ludovic Segarra, 54 mn

Le grand écrivain Amadou Hampâté Bâ, ardent défenseur de la tradition orale africaine, a transcrit le récit des mythes du peuple Peul, un peuple de pasteurs nomades dont on retrouve la trace dans les peintures rupestres du Tassili qui datent de 5 000 ans… Là, à l’ombre d’un immense arbre à tannin, il nous raconte le mythe de Koumen, le mythe du Dieu Berger. Ecouter et se souvenir du mythe de Koumen, suivre les principales étapes de l’initiation qui conduit le jeune Peul au pastorat : dans la phase ultime, son maître lui révèle le nom secret de la vache sacrée, le nom qui ouvre la voie de la sagesse.

17h30
Ta Dona (au feu !), d’Adama Drabo, 1991, 1h45

Avec Fily Traoré, Pjemeba Diawara, Balla Moussa Keita, Abdou Samaké, Diarrah Sanogo
Dans la région sud-saharienne, la saison des pluies tire à sa fin. Les récoltes s’annoncent abondantes. Pourtant, il y a émoi à Farabougou, petit village bambara, car l’oracle a prédit une brusque sécheresse, et des feux. Pour Sidy, jeune ingénieur des Eaux et Forêts, installé depuis peu dans le village, c’est le début d’une longue marche initiatique. Il part à la recherche d’une plante aux sept pouvoirs de guérison (les sept canaris) dont les guérisseurs ont perdu la septième vertu. Sa quête l’entraîne dans les profondeurs dangereuses et mystiques de la société Bambara.

vendredi 22 avril

14h30
Demain à Nanguila, documentaire de Joris Ivens, 1960, 50 mn

Le grand documentariste néerlandais Joris Ivens retrace, à travers l’histoire de Sidibé Moussa et la chronique d’un petit village du Mali, la vie au quotidien de l’Afrique de la décolonisation et montre l’émergence de la conscience collective à propos de la signification du mot Indépendance.

La Vie sur terre, documentaire d’Abderrahmane Sissako, 1998, 1h01

Le cinéaste mauritanien, qui vit en France, retourne à Sokolo, un petit village du Mali, retrouver son père à la veille de l’an 2000. Ses errances dans les ruelles sont le début d’une réflexion sur la relation jamais apaisée entre l’Afrique et l’Europe. Parallèlement, il rencontre Nana et nouera avec elle une relation singulière.

Politique, contemplatif et lyrique, mêlant à la fois le documentaire et la fiction, La Vie sur terre (commande d’Arte dans le cadre de la série « 2000 vu par ») est un film profondément humain, sur l’Afrique d’aujourd’hui et de demain.

17h30
Musique du Mali. Les Gens de la parole de Bruno Maïga, Djingarey Maiga, Jean-François Schiano, 1988, 52 mn

Dans la société traditionnelle très hiérarchisée, le griot fait partie d’une caste à part, celle des Nyamakalas, qui se situe entre celle des Nobles et celle des Captifs. Le griot, attaché à un noble et sa famille, chantait leurs louanges et intervenait dans leurs affaires, il était le maître de la parole. De par cette position, il était le détenteur des traditions et de l’histoire de son peuple. Dans ces sociétés à culture orale, les griots se sont transmis de génération en génération les généalogies et les exploits des grands noms du passé malien. Mais les valeurs traditionnelles ont changé. Est Noble aujourd’hui, celui qui a de l’argent, et le griot moderne a suivi cette évolution.

18h30
Guimba, un tyran, une époque, de Cheikh Oumar Sissoko, 1995, 1h33

Avec Falaba Issa Traore, Bala Moussa Keïta, Habib Dembele, Lamine Diallo
Sitakili, une ville du Sahel, est sous la coupe d’un homme, Guimba Dunbaya, et de son fils Janguiné. Kani Coulibaly est fiancée à Janguiné depuis sa naissance. Devenue une belle jeune fille, elle est très convoitée mais aucun prétendant n’ose se déclarer tant la terreur que fait régner Guimba est grande. Au cours d’une visite à Kani, Janguiné s’éprend de Meya, la mère de sa promise, et veut l’épouser. Pour satisfaire le caprice de son fils, Guimba expulse Mambi, l’époux de Meya, de la ville. Celui-ci se réfugie alors dans un village de chasseurs d’où s’organise la révolte contre le tyran.

samedi 23 avril

14h30
Inagina, l’ultime maison du fer, d’Eric Huysecom et Bernard Agustoni, 1996, 52 mn

Au Mali, dans les falaises occupées par les Dogon, un ethno-archéologue et un cameraman assistent, fait rarissime, à la réduction du minerai de qui naîtra le fer. L’expérience est filmée et constitue un témoignage unique d’une technologie millénaire, aujourd’hui disparue, et qui reconstitue de manière très rigoureuse une fonte du fer en pays dogon. Un film avec les maîtres de fonte et les forgerons du secteur de Sege au Mali.

16h
Les Diawara du Bois de L’Étang, de Bernard Mangiante, 2001, 52 mn

Le film raconte le trajet de la famille Diawara : trois générations vivent en France, certains ont encore la nationalité malienne, d’autres ont la nationalité française, d’autres encore se posent la question de la demander ou de la « réintégrer ».

17h30
Bamako, d’Abderrahmane Sissako, 2006, 1h52

Avec Aïssa Maïga, Tiécoura Traoré, Djénéba Koné, Roland Rappaport, Aminata Traoré, Hamadoun Kassogué, William Bourdon, Mamadou Kanouté, Gabriel Magma Konate, Danny Glover, Elia Suleiman, Abderrahmane Sissako

Melé est chanteuse dans un bar, son mari Chaka est sans travail et leur couple se déchire… Dans la cour de la maison qu’ils partagent avec d’autres familles, un tribunal a été installé. Des représentants de la société civile africaine ont engagé une procédure judiciaire contre la Banque mondiale et le FMI qu’ils jugent responsables du drame qui secoue l’Afrique. Entre plaidoiries et témoignages, la vie continue dans la cour. Chaka semble indifférent à cette volonté inédite de l’Afrique de réclamer ses droits…

Remerciements à la Cinémathèque Afrique de l’Institut Français
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