Événements

Cycle de Cinéma Diaspora
Une programmation de films, établie par Thierry Jousse, se propose d’évoquer les multiples formes cinématographiques de la diaspora noire, de l’Afrique aux USA, en passant par le Brésil, Haïti, les Antilles, ou encore la France métropolitaine.

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En contrepoint de l’exposition Diaspora, exposition sensorielle qui se tient jusqu’au 6 janvier 2008 dans la galerie Jardin, une programmation de films, établie par Thierry Jousse, se propose d’évoquer les multiples formes cinématographiques de la diaspora noire, de l’Afrique aux USA, en passant par le Brésil, Haïti, les Antilles, ou encore la France métropolitaine.
À travers cette programmation, les formes, les personnages et les questions nés de cette diaspora noire sont interrogés et mis en évidence : de l’esclavage aux Black Panthers, de l’immigration au métissage, du colonialisme à l’émancipation de l’Afrique, de la négritude à l’apartheid, de la mémoire spoliée aux mouvements de libération, des mélanges culturels aux revendications identitaires, sans oublier des genres musicaux comme la soul music américaine et la samba brésilienne. Cette programmation est aussi l’occasion de mêler classiques et raretés, courts et longs-métrages, fictions et documentaires, nouveaux cinémas et genres traditionnels.
Une manière de dessiner, à même la carte du cinéma, les traces d’une diaspora qui, au fil des années, a définitivement changé la face d’un art particulièrement apte aux métamorphoses et aux mélanges les plus étonnants et les plus explosifs.
Certaines séances sont présentées par Thierry Jousse lui-même et une séance exceptionnelle autour du film rare Come Back Africa de Lionel Rogosin (samedi 24 novembre 2007 à 18h30) est présentée par le fils du réalisateur, Michael Rogosin.


Programme

Jeudi 15 novembre 2007
18h30
Hallelujah
Film américain de King Vidor, 1929, 1h46, NB, VOSTF Avec Daniel Haynes, Nina Mae McKinney, William Fountaine, Harry Gray A l’orée du parlant, King Vidor réalise un chef-d’oeuvre de cinéma sonore qui est aussi le premier film qui montre la communauté noire du Sud des Etats-Unis avec une véritable empathie. Émaillé de séquences chantées nourries au blues et au negro-spiritual, Hallelujah flirte aussi avec la danse et la transe d’une manière impressionnante. En trempant l’esprit de Broadway dans la matière documentaire du Sud, King Vidor capte les racines religieuses et profanes d’une campagne encore largement imprégnée par la mémoire de l’esclavage. De ce point de vue, Hallelujah est un film fondateur qui laissera des traces profondes et qui sera salué, dès l’époque de sa sortie, comme une pièce maîtresse.

Vendredi 16 novembre 2007
18h30
Vaudou I walked with a zombie
Film américain de Jacques Tourneur, 1943, 1h09, NB, VOSTF Avec Frances Dee, James Ellison, Tom Conway, Edith Barrett, James Bell Betsy, une infirmière canadienne, part pour Haïti où elle doit soigner la femme d’un planteur, atteinte d’un mal étrange : celle-ci est sous l’emprise du vaudou.
En pleine collaboration avec le producteur Val Lewton, Jacques Tourneur signe en 1943 une oeuvre splendide et fascinante appelée à devenir un film culte. Vaudou fascine par la manière infiniment poétique avec laquelle il s’affronte aux mystères de l’invisible en plein coeur d’Haïti. Malgré ses apparences de série B, le film de Tourneur est sans doute la plus parfaite évocation d’une magie noire qui parcourt toute l’Amérique centrale, trouve des échos jusqu’au Brésil et prend ses racines en Afrique. L’inquiétante étrangeté, l’atmosphère entre-chien-et-loup, les rites de possession et d’exorcisme, les murmures et les chants, tout dans Vaudou participe à la vibration d’un film unique.

Royal Bonbon
Film français de Charles Najman, 2001, 1h25, couleur, VOSTF Avec Dominique Batraville, Verlus Delorme A travers la trajectoire d’un personnage qui se prend pour la réincarnation du roi Christophe, figure historique et libératrice d’Haïti, Charles Najman questionne, dans Royal Bonbon, l’histoire d’un pays dont la mémoire se confond très largement avec le mythe. Dans un style qui n’est pas sans rappeler celui de Werner Herzog à l’époque d’Aguirre, la colère de Dieu, et en usant du réalisme magique, Najman parvient à capter la texture baroque d’une culture métissée et quasi-ancestrale en même temps que les échos des dictatures successives subies, depuis des décennies, par les Haïtiens. Royal Bonbon a obtenu le prix Jean Vigo en 2002.

Samedi 17 novembre 2007
14h30
Macunaíma
Film brésilien de Joaquim Pedro de Andrade, 1969, 1h48, couleur, VOSTF Avec Grande Otelo, Paulo José, Dina Sfat, Milton Gonçalves, Jardel Filho Macunaíma, « héros sans caractère », évolue avec désinvolture à travers le pays en changeant de couleur : né noir d’une mère indienne, il devient blanc sous une pluie magique.
En pleine explosion du cinéma novo et en pleine dictature brésilienne, Joaquim Pedro de Andrade réalise, en 1969, un film inclassable, mélange ahurissant de théâtralité assumée, de farce grotesque et de syncrétisme baroque. Macunaíma met en scène le face-à-face problématique entre la culture noire et la culture blanche, tandis que la culture indienne n’est jamais très loin. Par la magie de la fable, les Noirs ont le pouvoir de devenir blancs mais, à travers ces métamorphoses successives, Joaquim Pedro de Andrade met à mal, avec un sens du comique assez saisissant, le fameux mythe du métissage brésilien.

16h30
Nelson Cavaquinho
Court-métrage brésilien de Leon Hirzman, 1969, 14 minutes, VO Figure quelque peu secrète du cinéma novo brésilien, Leon Hirzman rencontre en 1969 le grand sambiste Nelson Cavaquinho, considéré comme un des grands maîtres du genre, méconnu en Europe mais très célèbre au Brésil, et lui consacre un court-métrage documentaire. Rien de spectaculaire dans ce film mais tout au contraire, la captation du quotidien d’un musicien qui navigue dans les quartiers noirs de Rio, bien loin des plages de sable fin de la zone sud. D’un bar à l’autre, d’une rue à l’autre, la samba noire et blanche de Nelson Cavaquinho semble couler de source et s’inventer sous nos yeux, à la fois produit d’une culture, d’un paysage, d’une ambiance.

Rio Zone Nord
Film brésilien de Nelson Pereira dos Santos, 1957, 1h30, NB, VOSTF Avec Grande Otelo, Malu Maia, Jece Valadao, Maria Petar Deuxième long-métrage de Nelson Pereira dos Santos, grand précurseur du cinema novo, Rio Zone Nord explore la vie d’un compositeur de samba, interprété par le grand acteur noir Grande Otelo.
Comme souvent dans le cinéma brésilien, la musique est ici un moyen d’explorer un territoire, ici le Rio noir cantonné dans la zone nord, celle des bidonvilles et des collines de la ville que le cinéaste arpente avec passion. Mais c’est également une situation sociale que Nelson Pereira dos Santos capture, celle d’un personnage exploité dans son travail et plus globalement, celle d’une communauté noire en butte aux humiliations mais animée par une force de vie inlassable.

18h30
Brésiliens d’Afrique, Africains du Brésil
Film de Yannick Bellon et Pierre Verger, 1974, couleur, 3 parties, 2h30 Lié aux milieux ethnographiques du Musée de l’Homme, notamment à Claude Lévi-Strauss et à Jean Rouch, le grand photographe français Pierre Verger s’installe au Brésil à la fin des années 1930. A Bahia, où il habite, il parvient, au fil du temps, à se faire initier aux rites du candomble, le vaudou brésilien. En 1973, Yannick Bellon, sous l’égide de l’ORTF, rejoint Pierre Verger à Bahia et tous deux nous emmènent sur les trajets migratoires de l’esclavage entre l’Afrique et le Brésil pour mieux comprendre le voyage dans le temps et dans l’espace des rites spirituels de possession et de magie.
Brésiliens d’Afrique, Africains du Brésil, documentaire rare, saisit ainsi au plus intime la diaspora des racines africaines omniprésentes dans le Nordeste brésilien.
1ère partie : Arrivée à Bahia, 50 minutes 2ème partie : Voyage aux sources, 51 minutes 3ème partie : Retour à Bahia, 50 minutes

Dimanche 18 novembre 2007
14h30
Le Sergent noir
Film américain de John Ford, 1960, 1h51, couleur, VOSTF Avec Jeffrey Hunter, Constance Towers, Woody Strode En Arizona, en 1881, un soldat noir, le Sergent Rutledge, est accusé du viol d’une jeune fille blanche et du meurtre de son père, le major Dabney.
À travers ce film-procès, John Ford plonge dans une réalité complexe et diffractée, celle de l’inscription des Noirs dans la communauté américaine et, surtout, leur place dans l’imaginaire blanc. Accusé d’un viol, le sergent noir va ainsi catalyser tous les fantasmes. Rarement autant que dans Le Sergent noir, Ford aura montré le lien fondamental et fondateur entre racisme et sexualité. Mais le film est moins le récit d’un procès individuel qu’une analyse du corps collectif où toutes les déterminations langagières, sociales, imaginaires sont convoquées pour mieux mettre le spectateur en face de ses pulsions et de ses contradictions intimes.

16h30
Big Ben
Court-métrage néerlandais de Johan Van der Keuken, 1967, 31 minutes, NB, VOSTF En 1967, le grand documentariste Johan Van der Keuken filme quelques instantanés de la vie quotidienne du saxophoniste noir Ben Webster, une des grandes figures du jazz classique à l’égal d’un Lester Young ou d’un Coleman Hawkins, provisoirement installé à Amsterdam.
Conçu comme une série d’esquisses plus que comme un portrait achevé, Big Ben met en scène, avec un imparable sens du présent, le musicien dans la nudité de son existence et dans sa relation intime à l’exil. Déplacé dans une ville étrangère, le corps de Ben Webster s’expose à nous avec une grande tendresse comme si sa musique découlait naturellement de sa présence unique.

Tous les autres s’appellent Ali
Film allemand de Rainer Werner Fassbinder, 1974, 1h33, couleur, VOSTF Avec Brigitte Mira, El Hedi ben Salem, Barbara Valentin, Irm Hermann, Karl Scheydt Inspiré par le film de Douglas Sirk, Tout ce que le ciel permet, Tous les autres s’appellent Ali met en scène un couple singulier, celui que forme une Allemande modeste, âgée de soixante ans et un travailleur immigré marocain. Mélodrame à la fois distancié et lyrique, le film de Fassbinder est évidemment une oeuvre politique mais qui évite tous les pièges de l’engagement convenu ou du film à thèse. Le travail du cinéaste consiste plutôt ici à dénuder les sentiments et les préjugés et à les mettre en scène comme carburants d’une fiction qui n’a peur ni de l’excès, ni du réel. En découle un chefd’oeuvre bouleversant, sans doute le plus beau film jamais réalisé autour des brûlantes questions liées à l’immigration et au métissage.

Mercredi 21 novembre 2007
16h30
Les Statues meurent aussi
Court-métrage français de Chris Marker et Alain Resnais, 1953, 29 minutes, NB Court-métrage documentaire dans la tradition du cinéma de montage, Les Statues meurent aussi, coréalisé par Chris Marker et Alain Resnais au début des années 1950, est une magistrale réflexion sur l’art africain, sur sa puissance et sa dégradation. Les travelings sur les masques, les statues, les objets s’entrechoquent au texte de Marker dit par la voix-off de Jean Négroni. Au vertige des images et du montage répond l’intelligence des mots qui finissent par s’attaquer violemment aux méfaits du colonialisme. Ce qui valut au film une interdiction qui dura pendant des années. Reste une oeuvre envoûtante, d’une rare lucidité politique dont les propos sur l’art africain, son exploitation et sa marchandisation par les Blancs restent d’une profonde actualité.

Carnet de notes pour une Orestie africaine
Film italien de Pier Paolo Pasolini, 1970, 1h05, NB, VOSTF En marge de ses longs-métrages officiels, Pasolini ne dédaignait pas des formes plus ouvertes et plus éclatées. C’est le cas avec ce Carnet de notes pour une Orestie africaine qui prend l’apparence de repérages en vue d’une future adaptation d’Eschyle transposée en Afrique. En réalité, le film devient très vite une méditation en marche sur les corps, les visages, les traces du colonialisme et l’avenir des Africains. Voix-off, concert de free-jazz, confrontation aux mythes, présence incroyable du poète à l’écran lors d’une discussion avec des étudiants africains à Rome, tout y passe dans ce Carnet de notes… qui témoigne de la diaspora noire autant que de la diaspora du cinéma.

Jeudi 22 novembre 2007
18h30
S’en fout la mort
Film français de Claire Denis, 1990, 1h37, couleur Avec Isaach de Bankolé, Alex Descas, Jean-Claude Brialy, Solveig Dommartin, Christopher Buchholz.
Avec une âpreté et une sensualité rares dans le cinéma français, Claire Denis plonge deux personnages qui vivent en marge de la société dans le milieu des combats de coqs clandestins. L’un, Jocelyn, est antillais ; l’autre, Dah, est africain. A eux deux, ils représentent deux figures de la diaspora noire, de l’immigration clandestine ou pas, d’un univers parallèle où se nouent toutes sortes de trafics, d’un face-à-face ancestral entre deux mondes. S’en fout la mort vaut aussi pour sa vision des friches urbaines presque fantastique à force de réalisme, comme une sorte de jungle où se meuvent des personnages qui cherchent désespérément la sortie.

Vendredi 23 novembre 2007
18h30
Wattstax
Film américain de Mel Stuart, 1972, 1h47, couleur, VOSTF Avec Isaac Hayes, Albert King, Rufus Thomas, The Staple Singers, The Bar-kays, Booker T. & the MGs, Raymond Allen, Luther Ingram, Jesse Jackson, Ted Lange, Little Milton, Johnny Taylor, The Emotions, Richard Pryor…
Pour commémorer l’anniversaire des émeutes de Watts, le ghetto noir de Los Angeles, qui éclatèrent en août 1965, un concert qui réunit les stars du label Stax est organisé en août 1972, sur les lieux même des affrontements avec la police. Isaac Hayes, Rufus et Carla Thomas, The Staple Singers ou Booker T. & the MG’s ainsi que le révérend Jesse Jackson défilent sous nos yeux et nos oreilles mais Wattstax ne se contente pas d’être un simple film-concert puisque Mel Stuart filme aussi les rues, les cabarets, les bistrots, les coiffeurs du ghetto… Ce qui fait de Wattstax un document unique en son genre dans lequel la musique, la politique et la vie se confondent absolument.

Samedi 24 novembre 2007
14h30
Black Panthers
Court-métrage franco-américain d’Agnès Varda, 1968, 28 minutes, NB En 1968, Agnès Varda est installée, en compagnie de Jacques Demy, en Californie. Cette année-là, elle décide de planter sa caméra à Oakland, près de San Francisco, au beau milieu d’une manifestation de militants du Black Panther Party exigeant la libération d’un de leurs leaders, Huey Newton. Sans se confondre avec un pur geste militant, Black Panthers plonge néanmoins au coeur d’une foule en ébullition et montre les discours en acte. Le film d’Agnès Varda est peut-être surtout une symphonie de visages d’une grâce exceptionnelle. Ce qui n’enlève rien à la colère qui s’exprime ici, mais fait échapper Black Panthers au didactisme qui pourrait le guetter au profit de l’intensité et de la puissance vitale.

One + One
Film français de Jean-Luc Godard, 1968, 1h39, couleur Avec les Rolling Stones, Anne Wiazemsky, Frankie Dymon Jr., Iain Quarrier Juste avant son basculement dans le cinéma militant avec le groupe Dziga Vertov, Godard réalise One + One dans lequel il organise un étrange croisement à distance entre les Rolling Stones et quelques discours liés de près ou de loin aux Black Panthers. D’un côté, Mick Jagger, Brian Jones, Keith Richards et les autres sont filmés pendant l’enregistrement de la fameuse chanson, Sympathy for the Devil. De l’autre, des leaders de la cause noire et autres figures politiques énoncent, sur un mode carnavalesque, quelques slogans d’époque. Une manière souvent fulgurante de montrer comment le rock et la politique se lient, en cette fin des années 1960, sous la bannière de la culture afro-américaine.

16h30
The Cool World
Film américain de Shirley Clarke, 1964, 1h45, NB, VOSTF Avec Hampton Clanton, Yolanda Rodríguez, Bostic Felton, Gary Bolling, Carl Lee, Clarence Williams III Dans un style proche du John Cassavetes de Shadows, la cinéaste Shirley Clarke réussit avec The Cool World à inventer une fiction située en plein Harlem, le quartier noir de New York. En réalité, fiction et documentaire se conjuguent ici pour capturer les gestes, les attitudes, les trajets de quelques personnages qui tentent de survivre et d’aimer en plein coeur de Harlem. Les rues, les immeubles, les façades ont ici, eux aussi, une présence incroyable qui, quarante-cinq ans plus tard, n’a rien perdu de son actualité. Au total, The Cool World est peut-être avant tout le portrait instantané d’un quartier où les hommes et les femmes vivent et meurent sous les yeux d’une caméra mouvante et inspirée.

18h30
Come Back Africa
Film américain de Lionel Rogosin, 1959, 1h35, NB, VOSTF Avec Myriam Makeba, Vinah Makeba, Zachria Makeba, Molly Parkin Séance exceptionnelle présentée par Michael Rogosin, fils du réalisateur et responsable du Rogosin Heritage Historiquement crucial, Come Back Africa représente à lui tout seul une manière d’acte de naissance pour le cinéma sud-africain. Tourné quasi clandestinement par Lionel Rogosin, un disciple de Robert Flaherty venu d’Amérique, le film plonge au coeur de l’apartheid et de Sophiatown, un ghetto de Johannesburg, et suit, entre documentaire et fiction, le parcours d’un paysan zoulou bientôt transformé en travailleur clandestin. Bouleversant de vérité et rare sur les écrans, Come Back Africa est également un film musical qui donna l’occasion, à la fin des années 1950, de révéler au monde la grande chanteuse sud-africaine, Myriam Makeba qui s’exilera quelques années plus tard, aux Etats-Unis.

Dimanche 25 novembre 2007
14h30
La Noire de…
Film sénégalais d’Ousmane Sembene, 1966, 1h05, NB Avec Thérèse MBissine Diop, Anne-Marie Jelinek, Robert Fontaine, Momar Nar Sene, Ousmane Sembene Premier long-métrage du grand cinéaste sénégalais, Ousmane Sembene, adapté de son propre roman éponyme, La Noire de… offre une vision tragique des relations de pouvoir entre ex-colonisateurs et ex-colonisés, dans le sillage de la décolonisation et de l’immigration qui en découle. Cette vision se projette à travers le destin d’une femme qui quitte Dakar pour travailler comme employée de maison dans une famille installée dans le sud de la France. Entre humiliation, The Cool World, de Shirley Clarke ©Zipporah Films / 1964 La Noire de… d’Ousmane Sembene ©Médiathèque des 3 Mondes incompréhension et solitude, le récit fait sans doute écho à la biographie de Sembene, débarqué en 1947 à Marseille où il est engagé comme docker. Mais, à la différence de son personnage, le futur cinéaste-écrivain fut sans doute sauvé par son engagement syndical et politique.

16h30
Visages de femmes
Film ivoirien de Désiré Écaré, 1985, 1h45, couleur Avec Eugénie Cissé Roland, Sidiki Bakaba, Albertine N’Guessan, Kouadou Brou, Véronique Mahilé A travers le portrait croisé de trois femmes, le cinéaste ivoirien Désiré Écaré propose une lecture politique et érotique de la féminité africaine. Le poids de la tradition et les tentatives pour s’en émanciper sont au coeur de ces Visages de femmes qui n’a pourtant rien d’un film à thèse mais prend plutôt la forme d’un chant lyrique et vital à la liberté des corps et des esprits. Notons que Visages de femmes fit scandale en son temps à cause d’une scène d’amour torride en pleine nature, première tentative d’inscrire l’érotisme au programme du cinéma africain. À voir et à revoir le film aujourd’hui, on a du mal à comprendre pourquoi, tant la séquence est d’une santé et d’une sensualité rares.
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