Les reflets de Mamy Ratsisalovaninatoro

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Portrait de Mamy Ratsisalovaninatoro, photographe de l’instant. « Je ne décide jamais une image. J’attends toujours que les éléments s’agencent devant mes trois yeux… »

Mamy Ratsisalovaninatoro emprisonne les immeubles dans la surface lisse d’une flaque d’eau. Tel un aquarelliste, il laisse (dé)trempé ses couleurs bleues, blanches, grises, là où certains ont laissé leurs traces de pas. Pourtant, ce fils de pasteur n’est pas tout à fait comme le peintre naturiste devant sa toile. Pour Mamy Ratsisalovaninatoro « la photographie est l’aménagement d’un espace mouvant, la liaison entre deux instants promis à la rencontre et fixés sur le papier ». Avant d’ajouter « Je regarde d’abord le bâtiment, puis l’angle à travers lequel il se reflète dans l’eau. Quand il y a un vélo, un homme avec un parapluie, un pousse-pousse (…) j’attends qu’il passe dans ce qui me paraît être le bon axe et je clique. En réalité, je ne décide jamais une image. J’attends toujours que les éléments s’agencent devant mes trois yeux… »
Arrivé à Tamatave pour le travail en 2004, Mamy Ratsisalovaninatoro a l’habitude de photographier des paysages. Dans les années 1990, il s’entraînait déjà avec son Compact Canon. En novembre 2009, le photographe français Philippe Gaubert donne une formation à l’Alliance française de Tamatave sur le thème du sujet photographique. Mamy y participe et découvre à ce moment-là une côte Est bien différente de la capitale où il est né. Souvent pluvieuse, la végétation y est aussi plus luxuriante. Mais c’est au gré de longues heures de marche que ce marcheur solitaire se perdra dans la poésie muette des reflets de cette ville coincée entre le canal des Pangalanes et la station balnéaire de foulepointe.
Selon Mamy « la photographie est le meilleur moyen de donner directement la parole aux choses pour qu’elles se racontent elles-mêmes à ceux qui n’ont pas la chance de venir les voir ».
De vibrations en vibrations, il part à la recherche du murmure, de l’écho de l’image dans l’eau. Reflet poétique de la réalité, ces photographies témoignent de l’histoire de Tamatave, ancien village de pêcheurs aujourd’hui reconnu comme le poumon de Madagascar pour son port.
L’eau comme le conducteur entre deux réalités joue alors de sa substance pour donner une nouvelle matière à l’objet photographié et dédoublé. A la fois réels et passagers, les instants photographiques de ce quadragénaire traitent de l’absence, de l’impalpable, du fantomatique, du vaporeux, comme si dans leur présence éphémère se trouvait simplement celle du souvenir. Parfois, un petit bout de matière réel, vélo, caillou, immeuble, vient donner une autre consistance à l’image comme pour rappeler que la photographie est forcément le double, la copie de quelque chose d’encore plus original.
Le Mois de la Photo 2010 lui a permis de présenter pour la première fois ses images à un public. Il exposera certains de ces clichés en novembre prochain à l’Alliance française de Tamatave avant de poursuivre son nouveau travail, Chronique d’un ferblantier.

///Article N° : 9682

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© Mamy Ratsisalovaninatoro
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