Une soif d’indépendance (2ème partie)

Par-delà les drapeaux africains…

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1960… ; du sud du Sahara aux rivages de Madagascar, un vent de liberté balaye l’Afrique. Des couleurs, des drapeaux, des hymnes inédits montent haut dans les ciels africains : ils portent avec eux l’espoir de peuples enfin reconnus majeurs, enfin reconnus humains.  » Soleils des Indépendances  » (2)… ; après la nuit du régime colonial (voir 1ère partie* :  » De la traite négrière à la naissance d’une conscience africaine « [article n°9554]), l’indépendance ne pouvait être que solaire. 1960 sera donc l’année des  » Indépendances africaines « . Dans les lignes qui suivent, nous esquisserons une vue panoramique de ces indépendances, en accordant toutefois une place privilégiée à l’Afrique francophone (3) et à la question de l’État post-colonial.

 » Le peuple, qui au début de la lutte avait adopté le manichéisme primitif du colon : les Blancs et les Noirs, les Arabes et les Roumis (1), s’aperçoit en cours de route qu’il arrive à des Noirs d’être plus Blancs que les Blancs et que l’éventualité d’un drapeau national, la possibilité d’une nation indépendante n’entraîne pas automatiquement certaines couches de la population à renoncer à leurs privilèges ou à leurs intérêts.  »
Les Damnés de la terre, Frantz Fanon.

 » Les Soleils des Indépendances « 
Si la majeure partie de l’Afrique subsaharienne devient souveraine en 1960, bien des territoires africains demeurent encore sous tutelle européenne. Ainsi il faudra attendre 1966 pour que le Botswana accède à l’indépendance, 1975 pour l’Angola et le Mozambique, 1990 pour la Namibie. Quant au régime sud-africain de l’apartheid – expression politique la plus achevée du racisme colonial – il ne sera officiellement aboli qu’en 1991. Alors pourquoi accorder autant d’importance à cette année 1960 ? Il faut imaginer l’impact international qu’a pu avoir, à l’époque, l’accession à la souveraineté, en l’espace de quelques mois, d’autant de territoires coloniaux : dix-sept nouvelles nations accueillies dans l’enceinte de l’ONU ! Le caractère massif et inédit de l’événement a marqué, à juste titre, les esprits. De sorte que l’année 1960 est devenue le symbole de l’émancipation de l’Afrique. Le symbole, pas la réalité…
Très vite en effet, les indépendances africaines se révéleront être des indépendances formelles : des  » indépendances du drapeau « … Les leaders africains auraient pu choisir de regrouper leurs territoires ou de conserver les fédérations (Afrique Occidentale Française, Afrique Équatoriale Française, Fédération britannique d’Afrique Australe, etc.), mais la plupart d’entre eux ont préféré poursuivre une politique nationaliste dans le cadre des frontières léguées par la colonisation. L’accession d’autant de territoires au statut de nations indépendantes aura pour revers la  » balkanisation  » de l’Afrique subsaharienne, un processus d’émiettement du sous-continent qui compromettra d’emblée l’émancipation des peuples africains.  » Le néo-colonialisme, explique Kwame Nkrumah, est basé sur le principe du morcellement des anciens territoires coloniaux en un certain nombre de petits États non viables qui, incapables de se développer individuellement, doivent compter sur l’ancienne puissance impériale pour assurer leur défense et même leur sécurité intérieure. Leurs systèmes économique et financier sont liés, comme à l’époque coloniale, à ceux de l’ancienne puissance dirigeante  » (Le Néo-colonialisme, dernier stade de l’impérialisme).
Certes, avec les indépendances, les politiques économiques vont désormais être mises en œuvre par des gouvernements africains souverains. Mais l’orientation et la structure de ces politiques resteront les mêmes qu’à l’époque coloniale, seule leur intitulé va changer : on ne parlera plus de  » mise en valeur  » des colonies mais de  » développement « . Le diagnostic établi par Frantz Fanon, voici déjà cinquante ans, est donc toujours valable au 21ème siècle … » L’économie nationale de la période d’indépendance n’est pas réorientée. Il s’agit toujours de récolte d’arachide, de récolte de cacao, de récolte d’olives. De même, aucune modification n’est apportée dans la traite des produits de base. Aucune industrie n’est installée dans le pays. On continue à expédier les matières premières, on continue à se faire les petits agriculteurs de l’Europe, les spécialistes de produits bruts (Les Damnés de la terre, 1961).  » Comment expliquer le maintien de l’extraversion et de la dépendance économique des pays africains vis-à-vis des pays du nord ? Répondant avant tout à leurs besoins, l' » aide au développement  » a fourni aux anciennes puissances coloniales un moyen précieux d’intervention dans les politiques économiques des nations africaines. D’où la persistance d’une économie d’extraction (extraction des minerais, des hydrocarbures, des cultures de rente) dépendant entièrement de cours mondiaux fixés dans les bourses des puissances occidentales et émergentes. Comme à l’époque coloniale, l’Afrique subsaharienne demeure ainsi cantonnée dans l’économie mondiale au rôle de fournisseur de matières premières, au détriment du développement de l’industrie, de l’artisanat local, de l’agriculture familiale et vivrière. Matières premières africaines contre produits manufacturés occidentaux ou asiatiques, c’est cette structure d’échange inégale qui explique, en partie, le sous-développement chronique des pays africains. Les succès économiques des pays d’Asie du sud-est en témoignent, seule la transformation industrielle ou artisanale des ressources naturelles ainsi que la consolidation des marchés nationaux et régionaux peut permettre le décollage d’une économie relativement autonome et diversifiée, facteur d’importantes créations d’emploi et d’une indépendance  » réelle « .
1960 : amorce et non aboutissement des indépendances africaines
Sur les dix-sept États africains qui naissent en 1960, quatorze sont issus de l’empire colonial français (Afrique Occidentale Française, Afrique Équatoriale Française, Madagascar). Ce constat doit nous inciter à relativiser la portée de cet événement. Il s’agit de se déprendre d’une vision franco-centrique qui érige l’année 1960 en tournant décisif de l’histoire mondiale et qui, par la même occasion, confie au gouvernement français le rôle honorable d’avoir initié le processus de décolonisation en Afrique. Sans le coup de tonnerre, en 1957, de l’indépendance du Ghana (ex-Gold Coast), il n’est pas sûr qu’autant de colonies auraient accédé à la souveraineté nationale en 1960. En effet, par son combat virulent pour l’indépendance ghanéenne et ses thèses panafricanistes, Kwame Nkrumah, premier président du Ghana, a influencé et soutenu, de façon décisive, des leaders comme Sékou Touré ou Lumumba qui exigeront des Français et des Belges l’indépendance immédiate de leurs territoires respectifs.
À trop se focaliser sur 1960, on occulte également la diversité des situations coloniales et des processus d’émancipation qui s’étendront jusqu’en 1994, l’année des premières élections multiraciales en Afrique du sud. Prenons le cas de l’empire britannique, s’il est le premier à ouvrir le bal des décolonisations en Afrique, il connaîtra par la suite de violentes tensions liées à la présence dans les possessions britanniques d’un fort peuplement européen. C’est ainsi qu’en Rhodésie du sud, il faudra une longue lutte armée pour mettre fin à la domination coloniale de la minorité européenne et donner naissance au Zimbabwe. Dans les colonies portugaises de Guinée Bissau, du Mozambique et d’Angola, les Africains devront mener une véritable guerre de libération, avec le soutien en particulier de Cuba (4), pour s’émanciper de la tutelle coloniale dans le milieu des années 1970. Il faut donc voir dans l’année 1960 l’amorce d’une décolonisation de l’Afrique subsaharienne et non son aboutissement.
 » Décolonisation « , un terme eurocentrique
Dans les manuels français d’histoire-géographie, l’émancipation de l' » Afrique noire  » est présentée, en général, comme une  » décolonisation douce « , comme un processus de négociation pacifique où de Gaulle joue le premier rôle. Le Général apparaît en effet comme un homme providentiel qui, de sa propre initiative, aurait accordé l’indépendance aux Africains. Pourtant les guerres de libération de Madagascar (5) et du Cameroun (6) suffiraient à elles seules à invalider la thèse d’une décolonisation, qui, à l’exception de l’Algérie, se serait déroulée  » sans conflit sanglant « . Lorsque de Gaulle arrive au pouvoir en 1958, l’essentiel en matière de décolonisation a été acquis : à la suite de grèves générales et de révoltes incessantes, le code de l’indigénat a été aboli en 1946 et des droits syndicaux et politiques sont enfin reconnus aux Africains. Afin de désamorcer la radicalisation des mouvements sociaux et politiques africains, la  » loi-cadre  » de 1956 accorde aux colonies une autonomie politique et administrative. La  » République  » a été contrainte de négocier les indépendances avec ses possessions d’Afrique par un ensemble de facteurs historiques où l’action des Africains a été décisive : montée des mouvements syndicaux et politiques africains, indépendance de l’Inde en 1947, guerres de libération d’Indochine, de Madagascar, d’Algérie et du Cameroun, conférence de Bandung (acte de naissance politique du  » Tiers-monde « ), pression des opinions publiques européennes, anticolonialisme affiché des USA et de l’URSS, etc.
Comme en témoigne le mythe français de la  » décolonisation douce « , il faut user du terme  » décolonisation  » avec prudence car il implique une lecture eurocentrique des processus d’émancipation : il laisse à penser que les colonisateurs, à un moment donné, auraient décidé unilatéralement d’octroyer l’indépendance à leurs colonies. Dans une certaine mesure, le processus de décolonisation a commencé avec la colonisation elle-même, avec les résistances que l’entreprise coloniale suscita aussitôt. En 1895, Béhanzin, le roi d’Abomey, s’opposa radicalement à la conquête coloniale et partit dans le maquis avec une partie de la population dahoméenne. On pourrait multiplier les exemples. Toutes les manifestations de refus de la colonisation – sabotages, boycotts, fuites, mutineries de tirailleurs, résistance passive, etc. -, toutes les formes d’organisation visant à subvertir la colonisation – les insurrections populaires, les sociétés secrètes, les messianismes afro-chrétiens, les luttes syndicales et politiques – font partie d’un long processus qui a conduit à l’indépendance. Loin d’avoir été gagnées par les seuls leaders politiques, les indépendances africaines ont été avant tout le fruit des luttes populaires (jeunes, paysans, femmes, dockers, cheminots, mineurs, etc.). Comme le rappelle très justement l’historien Elikia M’bokolo,  » que ce soit au Sénégal – la grève des ouvriers des chemins de fer -, en Guinée – les syndicats des fonctionnaires -, au Togo – les femmes commerçantes -, à Madagascar… ce sont les peuples africains qui ont été le moteur des processus de décolonisation et non la classe politique.  » (7)
Genèse du système franco-africain
 » À partir de juillet 1954, le problème que se sont posé les peuples coloniaux a été le suivant : Que faut-il faire pour réaliser un Dien bien phû ? (…) C’est pourquoi une véritable panique va s’emparer des gouvernements colonialistes. Leur propos est de prendre les devants, de tourner à droite le mouvement de libération, de désarmer le peuple : vite, décolonisons. Décolonisons le Congo avant qu’il ne se transforme en Algérie. (…) À la stratégie du Dien bien phû, définie par le colonisé, le colonialiste répond par la stratégie de l’encadrement… dans le respect de la souveraineté des États.  » Dans cet extrait des Damnés de la terre, Frantz Fanon saisit le cœur de la stratégie néo-coloniale française : afin de court-circuiter les mouvements populaires qui lui sont hostiles, la France va accorder à certains leaders africains (souvent d’anciens députés français comme Houphouët-Boigny) le libre usage de tous les symboles de la souveraineté : le choix du drapeau et du nouveau nom du territoire, les discours sur la nécessité de l' » unité nationale  » et donc du  » Parti unique « , la construction de somptueux palais présidentiels et de monuments à la gloire des  » Pères de la Nation « , etc. Mais en retour, Paris fixera les conditions réelles d’exercice – les conditions économiques, financières et militaires – de la souveraineté des nouveaux États africains. Aussi, de toutes les anciennes puissances coloniales, la France est-elle celle qui a su le mieux perpétuer son hégémonie en Afrique subsaharienne. La politique post-coloniale française représente un cas d’école ; elle illustre comment on peut perpétuer le rapport colonial, par-delà les drapeaux africains, en encadrant les indépendances grâce à des  » accords spéciaux  » (lire plus bas, en annexe, les extraits de ces accords) : des accords qui ont réservé à la France le quasi-monopole de l’exploitation des ressources stratégiques et qui, en retour, ont fourni une assurance-vie – le soutien de l’armée française (8) – aux dictatures en place.
De Gaulle résumera par un bel oxymore la nouvelle politique de la France à l’égard de son ancien empire africain :  » partir pour mieux rester « … Loin en effet de constituer une rupture, les indépendances ont donné lieu à un renforcement des liens entre la France et le sous-continent africain.  » Le plus fort tour de passe-passe de la Ve République, grâce auquel l’État français parvint à se métamorphoser en grande puissance, consista à le démultiplier en autant d’États (africains) voués à soutenir sa politique étrangère et sa diplomatie au sein des organisations internationales, notamment au sein de l’ONU « , nous explique Jean-Pierre Dozon dans Frères et sujets. Pour comprendre la genèse de la  » Françafrique  » (Verschave), il faut donc inverser le regard : ce n’est pas la France qui accorde l’indépendance à ses colonies, mais plutôt l’inverse. Les nouvelles nations issues de l’Afrique française, en soutenant les positions de Paris à l’international, ont permis en effet à la France d’obtenir une indépendance relative vis-à-vis des blocs de l’Est (Soviétiques) et de l’Ouest (Américains). Par le marché immense qu’elle représente, par les ressources stratégiques qu’elles lui procurent (pétrole, uranium, minerais divers), par l’ampleur du réseau de bases militaires qu’elle lui offre, par ses millions de locuteurs qui donnent consistance à la  » Francophonie « , par le système monétaire du Franc CFA qui oblige les États africains à confier la majorité de leurs avoirs en devises étrangères au Trésor français, l’Afrique francophone a permis à la France d’acquérir un statut de quasi-grande puissance et de disposer d’une sphère d’influence sans commune mesure avec celle de ses partenaires européens. Désormais, des bourgeoisies africaines dévouées aux intérêts français et des régimes  » clients  » de l’Élysée à l’image de celui d’Houphouët Boigny (qui fut le principal pilier de la Françafrique) reprendront à leur compte la politique coloniale d’extraction et de prédation ; pour le plus grand bénéfice de l’ancienne métropole…
Cependant, depuis la fin des années 1980, l’influence de la France en Afrique subsaharienne décline. La fin de la guerre froide et la suspicion qui pèse sur l’implication de l’armée française dans le génocide rwandais (1994) ont retiré toute légitimité au rôle de  » gendarme de l’Afrique  » que l’Hexagone s’est longtemps octroyé. Par ailleurs, la dévaluation brutale du Franc CFA en 1994 a souvent été ressentie en Afrique francophone comme un abandon. Depuis, de nouveaux acteurs ont fait leur apparition : des puissances émergentes comme l’Inde, le Brésil et surtout la Chine. Et en Afrique même, des pays comme le Nigeria, l’Angola ou l’Afrique du Sud s’imposent à présent comme des puissances politiques et économiques d’envergure. Quant aux États-Unis, leur influence ne cesse de gagner du terrain, l’Afrique étant devenu pour eux un enjeu stratégique, tant sur plan des ressources que sur le plan de la  » lutte contre le terrorisme « .
La  » mise en concession  » de l’Afrique subsaharienne : le cas Bolloré
En ce début de 21ème siècle, la Françafrique est entrée dans une nouvelle ère : l’État français intervient de moins en moins directement en Afrique, il a cédé la place à de grands groupes français tels que Total ou Bolloré. Dans le cas de Bolloré (9), la multinationale a profité – comme d’autres groupes occidentaux – des vagues de privatisation, imposées par les Institutions Financières Internationales (IFI) aux États africains, pour obtenir la concession d’infrastructures stratégiques : compagnies ferroviaires, installations portuaires, terminaux à conteneurs. Cette multinationale constitue désormais le premier réseau intégré de logistique en Afrique. Pour remporter des marchés, Bolloré fait jouer ses réseaux : les filiales du groupe comptent toujours parmi leurs administrateurs de nombreux anciens ministres africains voire des enfants de président ; ainsi, Pascaline Bongo préside une de ces filiales, Gabon Mining Logistics (cf. Monde Diplomatique, avril 2009, « Les guerres africaines de Vincent Bolloré », par Thomas Delthombe). Et si d’aventure, un régime africain complaisant a besoin de redorer son blason à l’international, les médias et agences de communication du groupe Bolloré – Direct soir, Direct 8, Havas, etc. – peuvent se charger de dresser un bilan élogieux de son gouvernement.
Au Cameroun, les plantations de palmiers à huile du groupe Bolloré ne cessent de s’étendre au détriment des cultures vivrières et des communautés locales expulsées de leurs territoires forestiers, notamment les pygmées. La  » mise en concession  » de pans entiers du patrimoine industriel et naturel du Cameroun suscite actuellement dans la population le sentiment d’une dépossession, d’une nouvelle colonisation du pays, d’un retour à l’époque terrible des  » compagnies concessionnaires  » (voir « Une soif d’indépendance » 1ère partie*). Dans les années 1940, sur ordre des administrateurs coloniaux, des villageois étaient déportés, les cous encordés, vers les plantations. Séquestrés dans des baraquements, sous la surveillance constante des milices des compagnies, bien des villageois ne sont jamais repartis de ces exploitations. Selon un article publié dans Le Monde Diplomatique en avril 2009 (« Port, rail, plantations : le triste bilan de Bolloré au Cameroun », par Thomas Delthombe), l’accaparement des terres auquel se livre actuellement le conglomérat Bolloré et les conditions de vie et de travail qu’il fait régner dans ses plantations  » incite une partie des Camerounais à considérer l’intrusion de Bolloré comme une forme de néo-colonialisme « . Mais les groupes français ne sont pas les seuls à profiter de la mise en concession des terres et des économies de certains pays africains. Des groupes chinois, canadiens, arabes, européens se livrent une rude concurrence pour obtenir les meilleures concessions :  » une part de ce magnifique gâteau africain  » (expression célèbre de Léopold II). Sous couvert de libre-échange et de privatisations, on peut se demander si les IFI (Institutions Financières Internationales) ne sont pas en train d’organiser une forme de re-colonisation de l’Afrique par le biais cette fois-ci des multinationales, des fonds de pension, des banques, des holdings, de prédateurs de toutes sortes…
États fantômes, état d’anarchie
Depuis les premières indépendances africaines, cinquante années se sont donc écoulées : c’est dérisoire sur l’échelle de l’histoire mais déjà suffisant pour scruter le rétroviseur et évaluer le chemin parcouru. Que reste-t-il aujourd’hui de la flamboyance des jeunes nations africaines ? Que reste-t-il des formidables espoirs qui entouraient leur naissance ? Espoir d’une construction nationale, espoir d’un développement économique et sociale répondant enfin aux intérêts des peuples, espoir d’une Afrique une et solidaire, espoir d’une Afrique qui parvienne à l’autosuffisance alimentaire… ; autant d’espoirs obscurcis par le cours des événements. Au point kilométrique 2010, sur la route des indépendances, dans maintes régions d’Afrique les soleils ont cédé la place à un paysage tourmenté : enchaînement des coups d’État et des mutineries, guerres de sécession (Katanga, Biafra, Erythrée, Somalie, etc.), généralisation du recrutement d’enfants soldats, génocide rwandais, ethnicisation générale des conflits, prolifération des sectes évangéliques et des rumeurs de  » sorcellerie « , dissémination des camps de réfugiés (près de la moitié d’entre eux sont en Afrique), multipartisme fictif, présidences à vie et successions héréditaires…
Certes, on constate aujourd’hui la montée de la société civile en Afrique et l’apparition de nouveaux espaces de liberté : développement des médias, des forums sociaux, des festivals culturels, des syndicats et organisations paysannes, etc. Mais ces acquis sont extrêmement fragiles dans le contexte de raréfaction des ressources – et donc d’intensification des compétitions autour de celles-ci -, de violence sociale généralisée, de criminalisation de l’État que connaissent nombre de pays africains. On n’est jamais complètement à l’abri d’un coup d’État, de pogroms liés à l’instrumentalisation politique du religieux ou de l’ethnie, de razzias perpétrées par des armées clochardisées. Quant aux mouvements religieux, évangéliques ou islamiques, ils jouent un rôle croissant dans le domaine social, occupant la place laissée vacante par des pouvoirs publics exsangues. Cependant, les populations africaines demeurent attachées à des États incarnant l’unité nationale. L’artificialité des frontières héritées de la colonisation est un faux débat : qu’on le veuille ou non, les frontières coloniales ont été le creuset d’une histoire commune et d’une conscience nationale. Voilà pourquoi des pays comme le Congo (RDC) ou la Côte d’ivoire résistent envers et contre tout à leur démembrement programmé.
Réactiver la part d’utopie des  » Indépendances « 
Bien sûr, on ne saurait regretter les partis uniques et les dictatures ubuesques de Mobutu, d’Idi Amin Dada ou de Bokassa qui, au lendemain des indépendances, s’abattirent sur le sous-continent tels des nuées de sauterelles voraces. Mais on ne peut se satisfaire non plus des États fantômes nés des décombres des guerres civiles et de l’échec des  » Plans d’Ajustement Structurel  » imposés par le FMI et la Banque Mondiale. Depuis la fin des années 1980, le poids écrasant de la dette conjugué aux dérégulations néolibérales, qui se traduisent par des privatisations et des coupes sombres dans les dépenses publiques, ont conduit à la banqueroute bien des États africains. Ils ont perdu de la sorte une grande partie de leurs anciennes prérogatives dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’agriculture, des mines, au profit du secteur privé – en particulier des multinationales et de myriades d’ONG.
Ce crépuscule des États africains est lourd de menaces pour l’avenir, il ne peut que favoriser la prédation des multinationales occidentales ou des puissances émergentes comme la Chine sur les ressources des peuples africains.  » À l’encontre de l’éclatement annoncé des États africains en de nouvelles et plus petites entités qui ne seraient guère en mesure d’acquérir le moindre poids sur la scène internationale, c’est bien plutôt la mise en place de réseaux de communication, d’échanges commerciaux et de domaines de mutualisation qu’il conviendrait de promouvoir afin qu’un développement plus ample et plus volontaire se traduise par de réelles capacités politiques  » (10). Il faut retrouver la part d’utopie que recelait le magnifique levé de soleil des indépendances africaines : le rêve formulé, sous la forme du panafricanisme, d’une synergie politique et économique d’un ensemble de pays africains. Depuis quelques années, on assiste à un renforcement sensible de l’Afrique politique. C’est ainsi que le projet USAfricom – Commandement militaire américain pour l’Afrique – d’implantation d’une base militaire américaine en Afrique s’est heurté en 2008 à un refus général des États membres de l’Union africaine (11) qui y voyaient le bras armé d’une volonté de recolonisation du sous-continent. Quelques mois plus tard, à Charm el-Cheikh, en Égypte, dix-neuf pays africains ont décidé de constituer le gouvernement de l’Union africaine, dans le but d’atteindre l’objectif des  » États-Unis d’Afrique « …
Thomas Sankara, un précurseur de l’altermondialisme
 » Il y en a qui demande mais où se trouve l’impérialisme ? Regardez dans vos assiettes, quand vous mangez les grains de riz, les grains de maïs importés. C’est ça l’impérialisme, n’allez pas plus loin… (…) Il faut produire, produire plus parce qu’il est normal que celui qui vous donne à manger vous dicte également ses volontés.  » A l’heure de la crise alimentaire mondiale et des émeutes de la faim, ces mots prononcés en 1986 par le Capitaine Thomas Sankara n’ont rien perdu de leur actualité. Avec le sens de la formule qui le caractérise, le leader révolutionnaire du Burkina Faso a pointé du doigt l’un des instruments privilégiés du néo-colonialisme : l’arme alimentaire. A quelle indépendance politique peut donc prétendre une nation incapable de nourrir sa population ? Sankara avait placé au cœur de son projet d’émancipation africaine l’impératif de la souveraineté alimentaire ; une revendication reprise aujourd’hui par l’ensemble des organisations paysannes africaines.
1700 kg par hectare, telle était (12) dans l’Afrique sahélienne des années 1980 la moyenne de la production céréalière. En 1986, moins de trois ans après le début de la réforme agraire initiée par Sankara (redistribution des terres, plans d’irrigation, accès aux engrais et semences de qualité, limitation des importations), le Burkina Faso produisait 3800 kg par hectare et parvenait à l’autosuffisance alimentaire. Une des raisons de l’efficacité de la réforme agraire burkinabaise résidait dans le fait qu’elle se doublait d’une politique de défense de l’environnement. Les hommes ont une responsabilité dans l’avancée du désert, Sankara en tira les conséquences : campagnes massives de reboisement, lutte contre les feux de brousse et la coupe abusive de bois, etc. L’émancipation des femmes était aussi une priorité politique de la révolution burkinabé : cela se traduisit par l’admission de femmes à de hauts postes gouvernementaux (autres que ministre de la condition féminine…) et par des mesures symboliques mais efficaces telles que l’opération  » les hommes au marché et à la cuisine « . Lors de la journée de la femme, le 8 mars, les hommes étaient obligés de faire le marché et de préparer le repas afin de se rendre compte du prix des aliments et des difficultés quotidiennes rencontrées par leurs épouses dans la gestion du foyer. Comme en témoignent les concerts de marmites de mars 2008 au Sénégal – des manifestations contre la cherté des denrées de base -, en temps de pénurie alimentaire, les femmes sont toujours en première ligne…
Comment expliquer qu’après avoir été exportatrice nette de produits alimentaires dans les années 1970, l’Afrique dépende aujourd’hui autant des importations et de l’aide alimentaire internationale d’urgence ? Certes, il y a des facteurs conjoncturels comme les sécheresses chroniques ou les conflits armés que connaissent certaines régions ; sur le plan international, l’explosion de la demande en matière d’agro-carburant, la forte hausse de la consommation céréalière chinoise, la spéculation financière sur les denrées de base (le riz en particulier), etc. La conjugaison de tous ces éléments explique la hausse vertigineuse des cours mondiaux des denrées alimentaires, mais cela n’explique pas comment l’Afrique est arrivée à une telle vulnérabilité vis-à-vis de ces cours.
Le diktat criminel des bailleurs de fond
Pour comprendre la situation générale d’insécurité alimentaire qui règne désormais dans la plupart des pays africains, il faut tenir compte de facteurs structurels tels que le poids de la dette. C’est en effet au nom du recouvrement de la dette, que les bailleurs de fonds (FMI, Banque Mondiale, Club de Paris, etc.) ont contraint les États africains débiteurs à réorienter davantage leur production agricole vers l’exportation ; et cela au détriment des cultures vivrières. C’est ainsi que s’est accrue la dépendance de l’Afrique subsaharienne vis-à-vis des marchés internationaux. D’où une situation absurde et scandaleuse : nombre de pays africains détiennent actuellement des records de production en matière de cultures de rente (cacao, café, oléagineux, etc.), mais se retrouvent incapables, du fait de la détérioration des termes de l’échange, d’assurer un approvisionnement en denrées de première nécessité à des prix abordables pour leurs populations. En outre, le démantèlement, imposé par l’OMC, des politiques agricoles et des protections douanières des États africains a abouti à une situation profondément inéquitable : l’agriculture familiale africaine a été livrée en pâture à l’agrobusiness des pays du nord. C’est ainsi que sur le plus grand marché d’Afrique de l’Ouest, la Sandaga de Dakar, on peut désormais acheter des légumes et des fruits venus de toute l’Europe, au tiers voire à la moitié du prix des produits locaux équivalents. De sorte que les petits paysans n’arrivent plus à vivre du produit de leurs récoltes et sont souvent contraints à l’exode. Même en effectuant des journées de 15 heures, ces cultivateurs n’ont aucune chance de rivaliser avec des productions agricoles industrielles et subventionnées.
 » La dette, c’est encore le néo-colonialisme où les colonisateurs se sont transformés en assistants techniques ; en fait, nous devrions dire qu’ils se sont transformés en assassins techniques (…)  » (Thomas Sankara, 1987). La dette est l’instrument privilégié d’une reconquête de l’Afrique – et en général des pays du sud. C’est pourquoi, le capitaine Sankara appela en 1987, à la tribune de l’OUA, l’ensemble des pays africains à boycotter la dette. L’épée de Damoclès de la dette a fourni le moyen à l’Occident de soumettre le développement de l’Afrique à des normes et des intérêts qui lui sont étrangers :
– normes libérales reposant sur le libre-échange, la privatisation des secteurs publics, le rejet de toute intervention de l’État, la marchandisation des territoires coutumiers et l’expulsion consécutive des autochtones qui les occupaient jusqu’alors sans titres de propriété.
– intérêts qui sont d’abord ceux de la grande finance et des multinationales qui, à la faveur des privatisations et du libre-échange imposés, peuvent s’approprier à bon compte des portions considérables des économies et des terres africaines.
La crise alimentaire qu’a connue récemment l’Afrique subsaharienne révèle pleinement le caractère criminel du diktat imposé par les bailleurs de fond aux sociétés africaines. Les organisations paysannes africaines en ont bien conscience puisqu’elles ont manifesté, à l’occasion de la réunion du G8 d’avril 2009, une grande défiance vis-à-vis du FMI et de la Banque mondiale ; des institutions qu’elles tiennent pour responsables, en grande partie, de la situation catastrophique de l’agriculture vivrière africaine. Tandis que les gouvernements des pays riches versaient annuellement des centaines de milliards de dollars à leurs agriculteurs, les programmes d’ajustement structurel des bailleurs internationaux exigeaient la fin des subventions gouvernementales aux cultivateurs africains, ce qui a conduit à la situation désastreuse que l’on sait.
Organisations paysannes et États africains à la reconquête de la souveraineté alimentaire
Dans une certaine mesure, la crise alimentaire a eu des effets positifs : elle a permis de replacer les cultures vivrières et la sécurité alimentaire au cœur des politiques économiques africaines. En 2006, contre l’avis des Institutions financières internationales, le Malawi a lancé un programme de subvention de l’agriculture familiale. Il s’agissait de démocratiser l’accès aux semences de haute qualité et aux engrais. Ce programme a été une réussite puisqu’après avoir évité de peu, en 2005, une situation de famine, le Malawi est parvenu à l’autosuffisance alimentaire et exporte désormais des denrées de base. Depuis les émeutes de la faim de 2008, un nombre croissant de pays, dont la Zambie, le Ghana, le Sénégal et le Kenya, ont annoncé des programmes de subventions similaires, et d’autres gouvernements devraient s’engager dans cette voie. On assiste également à des regroupements d’organisations paysannes africaines dans des réseaux de mieux en mieux structurés, tels que le ROPPA (Réseau des Organisations Paysannes et des Producteurs d’Afrique de l’Ouest) : des réseaux transnationaux qui leur permettent d’avoir plus de poids dans leurs pays respectifs et sur la scène internationale. Ces plates-formes associatives constituent aussi des espaces de solidarité, de mobilisation, d’échange, de circulation des idées et savoir-faire. Le 15 avril 2009, elles ont formulé auprès du G8 des exigences claires :
? la reconnaissance du droit de chaque pays de se doter de politiques agricoles orientées vers la souveraineté alimentaire sur la base de productions locales,
? la reconnaissance de la place prépondérante de l’agriculture familiale comme voie privilégiée pour assurer la sécurité alimentaire,
? l’adoption de lois foncières protégeant explicitement les petits cultivateurs et les groupes vulnérables contre les accaparements de terres,
? le développement de technologies respectant la gestion durable des ressources naturelles.
Depuis peu, entre les organisations paysannes et certains États se dessine une convergence d’intérêts et d’objectifs. Cette convergence ouvre l’espoir d’une reconquête, à long terme, de la souveraineté alimentaire en Afrique : une base indispensable pour accéder à une souveraineté politique réelle. Quelque part, les grands réseaux paysans transnationaux et les forums sociaux africains constituent une nouvelle forme de panafricanisme : un panafricanisme connecté à l’ensemble des luttes planétaires contre la globalisation ultra-libérale. De ce point de vue, les mouvements de résistance sud-américains (mouvements des sans-terre, mouvements indigènes, zapatistes, piqueteros, etc.) représentent une source d’inspiration majeure pour les sociétés civiles africaines.
Reconnaître les traces du fait colonial au cœur de notre présent afin de s’en affranchir
La commémoration du cinquantenaire des indépendances africaines devrait être également l’occasion de revenir sur les rapports que l’Occident entretient avec son histoire coloniale. Dans cette démarche, l’apport des études postcoloniales doit être pris en compte. Si l’on veut réussir à s’en affranchir, il est temps d’admettre que le fait colonial s’inscrit dans l’histoire de notre présent. La France en l’occurrence, qui a détenu le second empire colonial du monde, doit assumer son passé colonial et reconnaître les traces qui en subsistent aujourd’hui dans les représentations, les discours, les pratiques. La criminalisation de l’immigration extra-européenne, la réhabilitation insidieuse du colonialisme, le traitement d’exception des quartiers populaires à forte population issue des anciennes colonies manifestent une certaine persistance de l’héritage colonial. L’imaginaire politique français reste à décoloniser, ce qui suppose une relecture critique de la tradition républicaine. Il faut se rappeler que c’est au nom de sa  » mission civilisatrice « , au nom de l’universalisme des Droits de l’homme – dont la République prétend être la réalisation politique la plus achevée -, que la France a justifié l’entreprise coloniale. Jules Ferry résumait ainsi la vocation universelle de la République française :  » Si nous avons le droit d’aller chez ces barbares, c’est parce que nous avons le devoir de les civiliser.  » Grâce à l’école publique, que Ferry rendra universelle et obligatoire, la diffusion du discours colonial, via les manuels scolaires, imprégnera des générations entières de Français.
Comme le remarque le chercheur Dino Costantini, l’histoire coloniale est une  » histoire dans laquelle ne se joue pas seulement le destin des peuples colonisés, mais où s’écrit aussi une page décisive de l’identité de la France républicaine et de l’Occident moderne  » (Mission civilisatrice : le rôle de l’histoire coloniale dans la construction de l’identité politique française). La colonisation s’est toujours présentée comme un devoir, comme une mission humanitaire, comme  » le fardeau de l’homme blanc  » vis-à-vis de  » peuples enfants  » incapables de se gouverner et de mettre en valeur leurs terres. Sans référence au discours colonial de la  » mission civilisatrice « , il est difficile de comprendre la force d’une certaine idéologie dans la politique contemporaine. Aujourd’hui comme hier, l’Occident reste convaincu de l’universalité et de la supériorité de sa civilisation, et persiste à vouloir exporter dans le monde entier, souvent par les armes, les bienfaits de la  » démocratie  » et du libéralisme. Notre perception de l’Afrique – et du  » Tiers-monde  » en général – reste imprégnée, à notre insu, de préjugés hérités de la période coloniale. Procéder à une critique postcoloniale de nos représentations, concepts et pratiques peut nous aider à établir une relation plus libre vis-à-vis de l’Afrique. Il nous faut nous affranchir, une fois pour toutes, de la posture du missionnaire, de celui qui croit pouvoir, en vertu de son appartenance au monde occidental, éclairer et guider les populations des pays du sud. C’est un travail aussi nécessaire que peut l’être, sur le plan de l’émancipation des femmes, la critique féministe de nos représentations et usages quotidiens.

* Lire la première partie de cet article : [article n°9554]

1. Nom donné par les Arabes aux Chrétiens.
2. Premier roman d’Ahmadou Kourouma, publié en 1968.
3. Sur les dix-sept pays qui commémorent en 2010 leur indépendance, quinze sont francophones…
4. Voir l’excellent documentaire de Jihan El-Tahri : Cuba, une odyssée africaine, Arte, 2006. En trente ans, au nom de l’idéal anticolonialiste – et contre l’avis des soviétiques -, ce sont près de cinq cent mille Cubains qui se sont engagés dans les guerres de libération africaines du Congo (le Che lui-même), de l’Angola, de Guinée Bissau, du Mozambique et de Namibie. Par leur soutien constant à l’ANC de Mandela, ils ont apporté une contribution décisive à la chute de l’Apartheid.
5. Cf. Madagascar 47, J-L. Raharimanana, éd. Vents d’ailleurs.
6. Cameroun : retour sur une décolonisation sanglante, Thomas Delthombe, http://www.afriscope.fr/spip.php?article182
7. Hors-série de l’Humanité :  » Afrique, le temps des indépendances « , avril 2010.
8. Voir Le  » dossier noir  » de l’armée française en Afrique : africultures.com/php/index.php?nav=article&no=9444
9. Cf. les excellents articles de Thomas Delthombe dans le Monde diplomatique : Les guerres africaines de Vincent Bolloré et Port, rail, plantations : le triste bilan de Bolloré au Cameroun.
10. L’Afrique à Dieu et à Diable. Etats, ethnies et religions, J-P. Dozon, éd. Ellipses, 2008.
11. L’Union africaine (UA) est une organisation d’États africains créée en 2002, à Durban en Afrique du Sud. Elle regroupe l’ensemble des pays africains, à l’exception du Maroc. Son ambition est de renforcer l’intégration politique et économique du continent. Institué en 2004, le Conseil de paix et de sécurité accroît les possibilités d’intervention de l’Union africaine en matière de prévention des conflits et de maintien de la paix. L’UA remplace l’Organisation de l’unité africaine (OUA) fondée en 1963, à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne.
12. Cf. Selon Jean Ziegler, dans le documentaire de Robin Shufflied, Thomas Sankara, l’homme intègre.
Annexe : les accords  » spéciaux  » dictés par l’Élysée
Extraits, in Hors-série de l’Humanité :  » Afrique, le temps des indépendances « .
Article 4 de l’accord du 24 avril 1961
 » La République de Côte d’Ivoire, la République du Dahomey (actuel Bénin) et la République du Niger reconnaissent à la République française la libre disposition des installations militaires nécessaires aux besoins de la défense. (…)  »
Annexe II de cet accord
Article 1 : les matières premières et produits classés stratégiques comprennent :
Les hydrocarbures liquides ou gazeux
L’uranium, le thorium, le lithium, le béryllium (…). Cette liste pourra être modifiée d’un commun accord, compte tenu des circonstances.
Article 2 : La république française informe régulièrement la République de Côte d’Ivoire, la République du Dahomey et la République du Niger de la politique qu’elle est appelée à suivre en ce qui concerne les matières premières et produits stratégiques, compte tenu des besoins généraux de la défense, de l’évolution des ressources et la situation du marché mondial.
Article 5 : la République française est tenue informée des programmes et projets concernant l’exportation hors du territoire de la République de Côte d’Ivoire, de la République du Dahomey et de la République du Niger des matières premières et produits stratégiques (…). En ce qui concerne ces mêmes matières et produits, la République de Côte d’Ivoire, la République du Dahomey et la République du Niger réservent par priorité leur vente à la République française (…) et s’approvisionnent par priorité auprès d’elle. « ///Article N° : 9569

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Les images de l'article
Béhanzin, le roi d'Abomey qui lutta, à partir de 1895, contre la conquête coloniale française. Alexandre L. d'Albéca
Frantz Fanon (Pacha J. Willka)
Personnes dansant le Gumboot. La danse en bottes de gomme s'est développée dans les mines d'or d'Afrique du Sud. C'est une forme de résistance culturelle au régime d'exploitation et de ségrégation raciale de l'Apartheid. Les mineurs noirs travaillaient dans l'obscurité quasi-totale, enchaînés à leurs postes de travail, avec l'interdiction de parler. Afin de communiquer entre eux, ils développèrent un langage rythmique avec leurs bottes et leurs chaînes.
Mada47 : Monument commémoratif de l'insurrection de 1947. Auteur : Robin Taylor
"pionniers de la Révolution" burkinabé
Fresque murale à la mémoire de la mutinerie de Thiaroye. Auteur Erica Kowal





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