Vues d’Afrique

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Un festival, c’est un choix : on montre un maximum de films mais on risque de lasser par des films moyens ou bien on ne sélectionne que quelques films à la qualité assurée et on met l’accent sur la rencontre. Les 15èmes journées africaines et créoles de Montréal, festival annuel remarquablement organisé et convivial, montraient cette année quelque 170 films, faisant clairement le premier choix. Ce genre de rendez-vous a son importance : elles étaient l’occasion de voir des films invisibles comme les productions créoles, anglophones, canadiennes ou autres, et une série de films de télévision du monde entier. Tout cela est à retrouver sur www.vuesdafrique.org, un site particulièrement bien fait. Un salon africain et créole organisé par le cinéaste burundais Léonce Ngabo a en outre permis de lancer Africultures au Québec.
Nombre de longs métrages étaient déjà présents au Fespaco, hormis un météore qui en fut injustement rejetté : Bye bye Africa du Tchadien Mahamat Saleh Haroun, remarquable méditation sur le cinéma (cf. critique). Du côté marocain, une intéressante comparaison pouvait être faite entre deux films : alors que Destin de femme de Hakim Noury se fait volontariste et verbieux pour dénoncer la condition des femmes, Les Casablancais d’Abdelkader Lagtaâ aborde avec humour et légèreté l’angoisse que génère chez les citoyens marocains un régime autoritaire (cf. critique et entretien). Nous reviendrons par ailleurs lors de sa sortie en septembre sur l’admirable Sueur des palmiers de l’Egyptien Radwan El-Kashef, une fable sur l’autodestruction par la perte de mémoire située dans le Sud égyptien.
C’est d’ailleurs ce film qui a obtenu le deuxième des principaux prix du festival, le premier étant attribué à Chikin Biznis du Sud-Africain Ntshaveni Wa Luruli (cf critique dans Africultures n°18). Le prix du court métrage a été attribué à un film passionnant sur lequel nous nous promettons bien de revenir : Mathias, le procès des gangs de Gahité Fofana (Guinée). Palmarès complet en pages murmures et sur notre site internet.
Côté Canadien, le premier long métrage réalisé par une femme noire, Another Planet de Christene Brown, déçoit : pour traiter un thème récurrent – la recherche identitaire et des racines africaines – la réalisatrice aligne face à un personnage principal traité avec sincérité des interlocuteurs trop caricaturaux pour être honnêtes. Black, bold and beautiful, un documentaire de Nadine Valcin (43′) offre une vision intéressante de la relation qu’entretiennent six femmes noires urbaines avec leurs cheveux mais n’échappe pas à la classique alternance interview/mise en situation du documentaire nord-américain. The Return de Marcia Donalds (USA, 57′) plonge par contre dans le système caméra cachée pour suivre le voyage à Cuba de deux femmes après une longue absence : l’importance donnée aux détails comme le poids des bagages ou les retrouvailles donne force humaine aux remarques faites par les jeunes en passant, qui rêvent de quitter un pays trop durement touché par l’embargo américain.
Parmi les choses vues, des films issus de l’Algérie (cf. encadré) et un colloque sur l’art africain et les nouvelles technologies (cf article dans la rubrique Arts)… Bref, un festival tous azimuts d’une étonnante richesse : les Québécois ne chôment pas… et permettent à chacun de remplir son panier !

///Article N° : 900

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Les images de l'article
Another Planet, un film de Christine Brown





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