Cuba à Paris

Entretien d' Imma Calvente avec Marita Mesa, Association El Batey, Paris

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Marita Mesa, présidente de l’association franco-cubaine  » El Batey  » est un des moteurs de la communauté cubaine de Paris. Parisienne depuis 1967, elle organise des manifestations régulières, les guateques, cercle de rencontre des Cubains et des amoureux de l’île et de sa culture.

Le  » Guateque de Marita  » est aujourd’hui l’activité la plus connue de l’association  » El Batey « . De quoi s’agit-il ?
Traditionnellement, le guateque était une fête paysanne qui se déroulait au  » batey « , lieu réservé dans les grandes exploitations sucrières aux esclaves puis aux coupeurs de canne. Par la suite, les paysans ont pris l’habitude de se réunir tous les dimanches, entre midi et minuit chez les uns et les autres pour passer un bon moment. Douze heures pour manger, boire, rire, parler, chanter et danser sur les rythmes du son, de la rumba, du guaguanco…
C’est ce que tu as réussi à recréer les dimanches à Paris. Comment ce projet a-t-il vu le jour ?
Lorsque je suis arrivée à Paris, j’ai ressenti un froid et une détresse terribles. Tout ce que j’avais laissé à Cuba me manquait énormément. La chaleur humaine surtout. Et les guateques qu’organisait ma mère tous les dimanches à la maison. Alors pourquoi ne pas reprendre cette idée et la transposer à Paris ? Avec ma fille, quelques amis cubains et les moyens du bord, nous avons tenté l’expérience. C’est ainsi qu’est née l’association  » El Batey « .
Quels ont été les débuts du  » Guateque de Marita  » ?
Les trois premiers guateques ont eu lieu dans un petit restaurant colombien du 9ème arrondissement,  » Mi Ranchito « . Puis, le guateque a connu des hauts et des bas, parce qu’il n’était pas toujours facile de trouver un local. Enfin, le projet a rencontré une oreille attentive et se déroule maintenant de façon régulière. Mais je tiens à préciser que rien ne nous est acquis et que nous mobilisons tous nos efforts dans le but de poursuivre nos activités.
Le guateque n’est qu’un échantillon des traditions et cultures cubaines. L’association  » El Batey  » élargit ses activités vers une plus ample connaissance de Cuba.
Certainernent, c’est d’ailleurs dans ce but qu’en 1995 nous avons créé l’association. Aujourd’hui, nous nous proposons de développer l’amitié franco-cubaine par l’intermédiaire de la promotion d’activités culturelles multiples. Nous avons poursuivi et amélioré l’organisation du  » Guateque de Marita  » en portant un intérêt tout particulier à la  » descarga « , instant où un musicien participe de façon spontanée à l’animation de la fête. Il arrive que des soneros cubains participent lorsqu’ils sont en tournée en Europe, comme ce fut le cas de la familia Valera Miranda qui nous avaient joué plusieurs de leurs plus grands succès ! Nous misons aussi sur la richesse des échanges culturels, et sur la participation de musiciens antillais, d’un groupe de flamenco… Nous restons ouverts à toute proposition.
Parmi les autres activités que nous développons,  » el sábado de la rumba  » est l’une de nos plus authentiques manifestations car elle reprend une tradition cubaine séculaire. C’est une véritable action de grâce rendue aux  » orishas « , les dieux de la santería, par l’intermédiaire des rythmes et de la danse (rumba).
Quels sont les autres projets de l’association ?
Nous avons mis en oeuvre des ateliers de danse (salsa cubaine) et de percussions afrocubaines, et un cycle de projections des meilleures oeuvres du cinéma cubain. Nous voudrions organiser des dégustations culinaires, des cycles de conférences sur les cultures cubaines, littérature, musique, peinture… et un espace d’exposition afin d’accueillir les oeuvres des peintres et autres artistes cubains… mais manquons toujours du local approprié.
Le guateque est né de la volonté d’offrir à tous un lieu de rencontre chaleureux où chacun pourrait se sentir chez soi, voyager à Cuba pour quelques heures…
J’insiste sur le fait que la dimension humaine est notre priorité. Nous voulons que lorsque les adhérents et leurs amis arrivent à l’association, ils se sentent chez eux. Il faut privilégier ces rapports chaleureux, amicaux et accueillants car Cuba c’est également cela !

Les illustrations de cet articles sont tirées de l’exposition du peintre Francisco Rivero (La Havane – Cuba)
« Nombreux sont ceux qui me demandent pourquoi je dessine un oeil dans les palmiers.
C’est que, quand j’avais neuf ans, ma grand-mère m’a dit:
« Vois-tu, mon petit, si le palmier est si grand, si droit, c’est qu’il regarde par-dessus l’île, tout ce que nous faisons, si nous faisons du bien ou du mal à la Nature. Lui, le palmier, qui a le don de la parole, il le dit à la Mer, à la Lune, au Soleil, au Vent, il le dit à l’Eclair. C’est de là que naît la richesse de l’île et de ceux qui l’habitent.
La Nature nous regarde, nous ne devons pas être arrogants envers elle. Le palmier est là, tout proche, malgré sa hauteur et sa beauté. »

J’ai toujours gardé en moi le regard chaleureux du palmier. Dans mes dessins, dans ma peinture, je retrouve ce trésor, qui est aussi celui de tous les habitants des Caraïbes. »
Association El Batey
Siège social : 8, rue d’Orsel 75018 Paris
tél. : 01 42 52 29 33///Article N° : 783

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