Dubmatique (Québec/Cameroun)

Musique rap
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Rencontre avec Di Soul de Dubmatique, le groupe de rap le plus célèbre de Montréal. Leur recette : faire le tri pour conserver le meilleur de chaque culture.

 » Ousmane et moi nous sommes rencontrés au Sénégal, au lycée. Lui arrivait de France et venait découvrir pendant un an sa propre culture. Dans les années 80, à Dakar, nous les ados étions tournés vers les États-Unis. On écoutait les premiers rappeurs, on les voyait faire du break dance et ça nous faisait rêver. Et pour nous, l’avenir se dessinait : nous voulions faire de la musique et particulièrement du hip hop.
Malgré le succès actuel, il nous a fallu cinq ans pour sortir de l’anonymat. Ici au Québec, il y a trois ou quatre ans, le hip hop n’était pas considéré comme de la musique : c’était surtout de l’échantillonnage. (1) Les compagnies de disques ne savaient pas qu’en faire ; elles ne voyaient aucun futur pour ces produits et l’associaient automatiquement à la violence et à la drogue. Bref, ce n’était pas encore considéré comme un marché éventuel. Ce qui ne nous a pas empêché d’envoyer une trentaine de démos un peu partout. On nous répondait que notre français était trop châtié ! En France, on nous répondait que nous étions trop éloignés pour devenir rentables. Alors, nous avons attendu.
À nous trois, nous vivons chacun une dualité culturelle et, sans trop le vouloir, des influences multiples transparaissent dans notre musique. Nos textes parlent de la réalité à Montréal autant que de nos souvenirs africains. Pour moi, l’Amérique c’est la débrouillardise des jeunes qui très vite sont plongés dans la vraie vie. Mais cet Occident est aussi l’endroit où ces mêmes jeunes n’ont aucun respect pour les aînés. Quand on possède deux cultures, on apprend à conserver le meilleur de chacune. C’est une grande force.
Actuellement, nous sommes plus médiatisés que les autres mais depuis l’an passé, plusieurs groupes de rap émergent : LMDS, La Constellation, Royal Hill, RayMan, La Gamick. Et puis, du côté Haïtien, les tendances musicales évoluent aussi. D’un rap très dur directement influencé par celui des américains, on observe une transition vers le francophone plus tranquille. Les temps changent et nous avons même aujourd’hui un prix officiel qui couronne le meilleur groupe de l’année. C’était inimaginable il y a cinq ans. Cela dit, c’est Carole Laure qui l’a remporté ! « 

(1) Extraits (échantillons) de musiques déjà enregistrées mixés ensemble.Dubmatique. Couronné groupe de l’année lors de la dernière cérémonie des Félix (équivalent Victoires de la musique), Dubmatique repose sur la rencontre de trois musiciens : Disoul, DJ Choice et O TMC. Leur premier album La Force de comprendre s’est vendu à plus de 125 000 exemplaires. Leur second album éponyme est sorti en novembre 1998 ; les rappeurs Shurik’n et Akhénaton (IAM) y ont participé.///Article N° : 731

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