Georges Washington

De David Gordon Green

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Le réalisateur a 26 ans, il est blanc et texan. Le tournage de ce premier long métrage a duré 19 jours, avec des morceaux de pellicule récupérée, sur un script de 60 pages. Autant dire que l’impro est de mise, et c’est sans doute pourquoi ce pari un peu fou est tenu : évoquer de façon seulement suggestive et parfaitement irréelle l’imaginaire d’adolescents essentiellement noirs de Caroline du Sud. L’intention est clairement de brouiller les pistes de la représentation : un scénario volontairement improbable et louvoyant, un héros qui ne peut l’être (par malformité congénitale d’une fontanelle qui ne veut pas se refermer) mais qui le sera quand même après que le destin l’en empêche (il sauve un enfant après avoir tué par inadvertance son meilleur copain), un environnement fin de siècle dans des ruines industrielles, des rapports tronqués où les questions restent sans réponses, des références forcées aux films de Terence Malick (voix-off monotone et métaphysique d’une Amérique rurale), des ralentis et une dominante ocre induisant une fascination ambiguë, des entrejambes entre le bien, le mal et l’ennui… Au poids de l’environnement répond en écho une musique se résolvant parfois à une simple tonique tendue. Le climat second qui s’instaure laisse pantois, force à l’interrogation des évocations dont est bourré ce film déroutant. On en revient finalement à ce héros dérisoire qui se déguise en superman pour régler la circulation : à l’encontre de l’image du héros de western, il incarne le jeu des possibles une fois mis de côté le poids du modèle. C’est en cela, et pas seulement dans la forme, que ce film est un intéressant produit du cinéma indépendant américain.


1 h 40, image : Tim Orr, scope, avec Candace Evanofski, Donald Holden, Curtis Cotton III, www.youandwhatarmy.net/georgeswashington.html.///Article N° : 69

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