La tumultueuse histoire du Musée dynamique de Dakar

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Créé, inauguré et mis en service en 1966 par Senghor, assisté de l’ethnologue suisse Jean Gabus, pour les besoins du Premier festival mondial des Arts nègres, le Musée dynamique de Dakar a fonctionné pendant une décennie, de 1966-1976, comme centre de communication multiforme, proposant plusieurs activités et services.

Expositions temporaires et permanentes, activités culturelles comme la recherche, la collecte et l’étude du patrimoine culturel et artistique, la conservation et la diffusion des œuvres du patrimoine privé artistique de l’État… Après la première exposition d’art contemporain, Tendances et Confrontations (1966), le Musée dynamique de Dakar a accueilli de nombreuses activités jusqu’en 1976. Et parmi les prestigieuses expositions qu’il a abritées, figurent celles de Marc Chagall (1971), de Pablo Picasso (1972), de Fritz Hundertwasser (1973), de Pierre Soulages (1974), d’Alfred Mannessier (1976), de Iba Ndiaye (1977), etc., mais également les premiers salons nationaux des artistes plasticiens sénégalais. La tumultueuse histoire commence par la suppression, en 1976, du Musée dynamique par Senghor qui, par une décision spectaculaire, le transforme en école de danse qu’il appelle Mudra-Afrique et qu’il confie d’abord à Maurice Béjart puis à Germaine Acogny. Cette école fonctionne ainsi dans les locaux du Musée dynamique jusqu’en 1982 ; puis elle est supprimée cette même année par le successeur de Senghor, Abdou Diouf, qui restitue le Musée à sa vocation originelle jusqu’en 1988. En 1990, les locaux du Musée sont affectés par l’État à la Cour suprême1. Mais après les nombreuses critiques et l’indignation des professionnels des musées et des agents de la culture, le chef de l’État, Abdou Diouf, décide et annonce officiellement en 1996 le retour du Musée dynamique à son ministère de tutelle. Pourtant, jusqu’en 2006, donc une décennie après, la décision n’était toujours pas exécutée. Interpellant cette année-là un magistrat sur cette question, nous l’avons entendu répondre que la magistrature n’avait pas encore reçu attribution d’autres locaux ; il est vrai que le nouveau palais de justice, en construction lui également depuis plus d’une décennie, n’était pas encore achevé.

1. À l’époque, l’adaptation et la transformation des locaux du Musée en salles et bureaux fonctionnels pour cette institution judiciaire auraient nécessité d’importants investissements financiers. Auparavant, pour prendre possession des locaux, les autorités avaient dû recourir à un bataillon de l’armée pour déguerpir le conservateur (cf. témoignage de ce conservateur lors du Colloque Senghor et les Arts plastiques, Dakar, 26, 27 et 28 juin 2006) ; et pour vider les salles, il avait fallu un camion militaire chargé de déposer une cargaison d’œuvres d’art au Centre culturel Blaise Diagne de Dakar ; et là, l’étanchéité de la salle étant défectueuse, les œuvres d’art jetées pêle-mêle furent détériorées par les premières pluies de l’hivernage, qui inondèrent la salle.L’École future. Pour qui ? Dakar, Enda Tiers Monde, 1987, 122 p.
Création et imitation dans l’Art africain traditionnel. Dakar, IFAN-CAD, 1988, 269 p.
Arts plastiques et État au Sénégal. Dakar, IFAN-CAD, 1998, 167 p.
L’Architecture sénégalaise contemporaine. Paris, L’Harmattan, 2000, 126 p.
L’Artisanat sénégalais. Dakar, Presses universitaires de Dakar, 2004, 139 p.
Discours de la méthode de René Descartes. Dakar, Presses universitaires de Dakar, 2006, 98 p.
L’Esthétique de Senghor, Dakar, Éditions Feu de brousse, 2006, 263 p.
Biographie Abdou Sylla : voir p. 101///Article N° : 6746

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