Peintres du Niger à Lyon

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Devant un de ces paysages superbes dont Lyon a le secret, cinq peintres nigériens exposent au Fort de Vaise : quatre hommes, Lawson Attikpasso, Ali Garba, Boubakar Boureima, Alichina Allakaye, et une femme, Akili Adama. Le format homogène et les couleurs en harmonie assurent une belle réussite à l’exposition. C’est le Centre culturel français de Niamey qui a encouragé les artistes. L’architecte Giovanni Cappaï en mission au Niger pour la Coopération hospitalière a organisé l’exposition.
Un peintre zaïrois, Mukalenge, avait dès 1980 préconisé le  » sabléïsme « . Ce n’était pas une invention : Masson avait utilisé ce procédé vers 1930. Mais Mukalenga y incluait une philosophie : il voulait éviter des importations coûteuses à son pays. L’amour de la terre africaine et la joie de travailler avec les matériaux de chez lui éveillaient sa créativité. Bien d’autres artistes africains se révèlent  » matiéristes  » : magie du terroir ancestral, plaisir de la recherche d’éléments nouveaux, recours aux forces prisées dans la nature. L’Ivoirien Kra Nguessan emploie comme support des tapas préparés par son père. Le Sénégalais Ousseynou Sarr pense que l’Afrique est assez vaste et assez mystérieuse pour receler des éléments inconnus de fibres, colorants, colles ou siccatifs. Il travaille dans un esprit alchimique, comme les Flamands découvrant la peinture à l’huile. Ces Nigériens sont tous matiéristes, ce qui assure l’unité de leur exposition et alimente leur plaisir de peindre.
Dans cette équipe, la seule femme tranche sur l’ensemble. Elle utilise des tonalités bleues et vertes, et ses graphismes sont souvent arrondis, en cercles ou en spirales.
Abstraits, les thèmes sont presque toujours géométriques et inspirés de l’architecture haoussa ou songhaï et des bas-reliefs qui ornent les murs et que l’on retrouve dans beaucoup de bijoux et broderies. Boubacar Boureima se classe à part. Coloriste exalté, ses motifs évoquent la rigueur des tissages ou du lettrisme.
Lettrisme et matiérisme seraient-ils les tendances profondes de la peinture africaine ?

///Article N° : 641

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Les images de l'article
Couple et l'enfantde Lawson Attikpasso (Niger)Un accouplement assuré, la fidelité pendant les bons et les mauvais jours.Cette toile marque l'expressionnisme.
Troublede Ali Garba"C'est un moment où l'artiste se sent troublé et qu'il a envie de changer sa façon de travailler."





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