Ketukuba

D'Africando

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Tout d’abord, il faut accorder une mention spéciale à Fatalikou, avec un morceau tout en douceur, mi-guajira, mi-boléro. Le groupe dédie son titre aux femmes qui aiment les enfants sans pouvoir en avoir. Pour le reste de l’album, il faut croire que le feu est toujours là. Au menu : salsa mandingue, rumba ou même guaguanco. On ne change pas une formule qui gagne. La référence incontournable de la salsa africaine n’est pas prête de s’éteindre. Ibrahima Sylla, le producteur, a bien saisi quel était le sens du vent, en misant sur une production complexe, éclatée entre l’Afrique, l’Europe et les Amériques. Pour cet opus, il a fait appel à Nelson Hernandez, dont on a déjà pu apprécier les prouesses sur Martina (sorti en 2003). Célébré pour avoir contribué au succès de Celia Cruz, de La India, d’Oscar de Leon ou encore de Kékélé sur Kinavana, il est celui qui apporte la nouvelle touche new-yorkaise du disque, avec des sections rythmiques, des cordes et des cuivres fichtrement plus jazzy, à l’image d’un certain son latino des années 1940. À sa suite, Miguel Gomez règne en chef prodige à la direction d’orchestre. Il est issu, lui, de la parisian connection. Boncana Maïga, l’arrangeur historique du groupe, ne signe que trois titres sur douze dans ce bal afro-salsa, bien qu’il soit toujours présent sur les programmations.
L’esprit des morts veille en puissance sur cette septième galette. Alberto Rodriguez, pianiste cubain, et Gnonnas Pedro, ténor béninois, tous deux partis avant d’avoir pu apprécier le mix final, seraient, sans doute, ravis d’apprendre qu’Africando leur rend, ici, les honneurs dus aux plus chers. Décomposé en deux temps, Ketukuba (en langue fon) donne à entendre Ketu, le nom d’un des berceaux de la culture yoruba au Bénin, et Cuba, clin d’œil appuyé aux origines du genre et aux deux musiciens disparus. Enregistré comme une sorte de descarga soignée par-delà les eaux, l’album ne fait que réaffirmer un savoir-faire, même si les Anciens s’y montrent de plus en plus obligés de compter avec la jeune génération. L’arrivée de Basse Sarr, de Pascal Dieng et de Lodia Mansour, le fils de Medoune Diallo au chant ne laisse pas de doute. La relève se prépare à enfiler les gants. La réapparition (Niña Niña) du portoricain José Reyes, alias Joe King déjà présent en soliste sur Martina, confirme cette nouvelle tendance de l' » African All Stars « .

Ketukuba, d’Africando (Syllart productions/ Discograph)///Article N° : 5839

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