D’une brousse à l’autre

De Jacques Kébadian

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 » Tant que les lions n’auront pas d’écrivain, les histoires continueront de glorifier le chasseur « , dit le proverbe. C’est bien de cela qu’il s’agit dans le film de Kébadian : un regard sans complaisance mais attentif sur les sans-papiers de St Bernard, et notamment sur Dodo Wagué et sa famille. La caméra les suit en s’attachant aux détails qui surgissent même hors-champ, déviant parfois de son sujet, tant cette famille est soudée au groupe en lutte et que le souci du réalisateur est de documenter cette cohésion. Bien qu’attaché à un destin singulier illustrant le vécu de tous, le film explore ainsi cette solidarité qui permit au groupe de réussir. L’intervention de la police à St Bernard apparaît dès lors comme un coup au cœur contre un mouvement qui savait faire corps. Le documentaire n’est plus observation distanciée : il fait partager l’émotion ressentie ; il ouvre à l’indignation. Mais la démonstration gagne en profondeur dans la deuxième partie, lorsque Dodo Wagué se rend dans son village de Diangouté au Mali. Kébadian le suit :  » Qui est ce Blanc ?  » Explication.  » Qu’il soit le bienvenu : vous êtes chez vous ! « . La parole suffit, et l’on comprend à quel point on est loin de ce pays où les sans-papiers ne sont que des dossiers. Là encore, la caméra capte des explications, saisit les détails, et partant un autre rythme. Kébadian, plutôt que de simplement regarder les lions, filme en disant  » ça me regarde « .

France, 103′, image et son : Jacques Kébadian, montage : Franssou Prenant, production : Ognon Pictures, Productions de la lanterne, INA, distribution : Avanti films. En salles depuis le 2 septembre. ///Article N° : 502

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