La poésie anthropologique de Ruy Duarte de Carvalho

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On dit fréquemment que pour un artiste, l’œuvre tient lieu de biographie. Ce qui signifie que les évènements vécus n’interfèrent pas directement dans la genèse de sa création. Ce n’est pas le cas de Ruy Duarte de Carvalho qui fait de son expérience la matière même de sa production car chez lui, les années d’enfance et d’adolescence ont été déterminantes dans sa création. De son père, chasseur d’éléphants dans la savane du sud de l’Angola, il a gardé l’amour des grands espaces ; il sera donc administrateur agricole et poète.
La passion pour ces terres et les hommes qui y vivent est sans doute à l’origine de ses recherches en anthropologie (il est l’auteur d’une thèse sur les pêcheurs de l’île de Luanda présentée en Sorbonne -Université Paris II) et de sa publications poétiques.
1 – Première remarque : nous sommes aux antipodes d’un artiste au lyrisme personnel car Ruy Duarte n’élucide pas vraiment sa position propre face aux réalités africaines. Il est un Européen totalement et parfaitement assimilé à l’aire culturelle du sud angolais. Que ce soit dans ses films (1) comme O balança de Tempo, O Ilha da Secura Menor ou dans ses livres, on ne trouve que peu de notations véritablement confidentielles :  » J’ai mal de mon enfance et j’ai seulement déchiffré mon nom il y a peu  » (2) mais le poète ne creuse pas plus avant dans cette voie. Même si Como se o mundo nao tivesse leste (3), seul livre de fiction de l’écrivain, présente une composante personnelle évidente, il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’un texte ethnographique exprimant la ruralité d’une région méridionale de l’Angola. C’est dire que, totalement assimilé à l’éthique et au vécu des autochtones, sa poésie se démarque clairement de celle de ses congénères blancs vivant dans le pays comme c’est la cas pour J. Candido Furtado ou Ernesto Mareco. (4)
Chez Ruy Duarte, la nature extérieure n’est l’objet d’aucune émotion débouchant sur une esthétique particulière ou un panthéisme :  » tranquillement j’atteins des paysages où l’âge ne compte pas  » (5). Dans cette optique, le beau est un écran qui voile l’être du monde. S’il connaît de bout à l’autre les zones occupées par les bergers mucabais et une grande partie du désert de Namibie, il n’insiste jamais sur les éléments naturels qu’un œil occidental jugerait extraordinaires. Ce qui importe pour lui, ce n’est pas de décrire de paysage à l’aide d’une langue euphorique véhiculant images et métaphores grandioses mais de se fondre dans la relation que les natifs entretiennent avec ce dernier depuis des temps immémoriaux. Le poème intitulé Noçao geografica est à cet égard explicite : il résulte d’une réflexion visant à dévoiler les valeurs et les traditions qui règlent la vie communautaire à partir de l’observation de comportement individuels.
Depuis son premier livre de poésie, l’auteur est entré en communion avec les gens vivant dans le sud angolais :  » Dans la superficie blanche du désert, dans l’atmosphère ocre des distances sous le vert rapide de la pluie de novembre j’ai posé mon visage grave dans la main / mon vouloir et mon sperme  » (6).
Il existe un rapport intime entre l’homme et le milieu naturel car ce dernier induit chez l’individu certaines conduites, certaines valeurs comportementales et intellectuelles, une certaine manière de sentir ce qui est autour de lui et par voie de conséquence, il permet à celui-ci de se découvrir à lui-même :  » La voix qui nous appelle / parcourt les chemins / qui inscrivent l’homme dans l’espace  » (7). Le paysage naturel (faune et flore, éléments atmosphériques) ouvre l’être à une voix dépourvue d’origine qui dépersonnalise le corps et la pensée et le fait accéder à un au-delà subjectif. Le voici privé de son moi étriqué et réuni à un savoir extra-personnel et intemporel, réceptacle des grands mythes de l’humanité et détenteur des formes canoniques des genres majeurs de toute littérature (8).
Manuel Ferreira note pertinemment que :  » la conscience régionale est la première condition pour penser une conscience nationale « . Quand un critique demande à Ruy Duarte si ses séjours prolongés dans le désert du sud de l’Angola peuvent déboucher sur de nouveaux travaux poétiques, ce dernier répond qu’ils sont l’occasion de nouvelles recherches en matière d’anthropologie et qu’elles mènent invariablement sur la problématique identitaire. Comment une société se pense-t-elle ? A travers quelles catégories, quelles conduites de groupe l’individu se perçoit-il comme membre à part entière de cette société ? Voilà la question essentielle. L’Angola est vaste, il s’agit de capter toute sa diversité sans méconnaître aucune des micro-cultures qui la constituent. Dans la même optique, Albert Gérard remarque :  » la projection actuelle littéraire ne projette qu’une image très partielle de l’Angola ; on pourrait estimer que la société Kongo au nord et la société Ovimbundu au sud ne reçoivent pas ici la représentation auxquelles elles pourraient légitimement prétendre  » (9). Faisant écho à cette opinion, Ruy Duarte confesse :  » Je me sens très près de l’Angola hors du contexte de Luanda  » (10). Le cœur de la notion angolaise n’est pas géographiquement situé dans la capitale politique ; c’est parmi les campements des bergers nomades que notre homme intuitionne l’Afrique profonde : cette manière d’être des animaux sauvages quand la nuit approche (11), cette ritualité des gestes les plus banals chez les natifs au travail, ce regard de l’homme porté sur la femme dont le génie est d’être en harmonie avec la chair, lieu de gestation, la terre et l’espace où elle loge (12), les tâches agricoles qui sont le lot de ces populations, voilà les caractéristiques identitaires de ces ethnies dont les assises et l’histoire sont encore largement méconnues.
Et c’est au fin fond du désert – un désert habité par des hommes que le cours de l’histoire n’a altéré qu’en surface (la colonisation n’a pas détruit les bases de leur culture car ils se sont violemment opposés à toute acculturation, qu’elle soit religieuse ou administrative) – que Ruy Duarte comprend le mieux la marque du temps sur l’homme africain en général.
2 – Sur ce point, le poète anthropologue croise le poète engagé. On sait que ce dernier a longtemps milité au côté du M.P.L.A. Cependant il ne s’est jamais voulu un écrivain militant au sens habituel du terme ; contrairement à ses congénères (A. Jacinto, Joffre Joffra, A. Neto, Henrique Abranches), son art poétique ne vient pas doubler un discours politique au service d’une idéologie subversive qui ferait de la lutte anti-coloniale sa priorité. Alors que la majorité des écrivains angolais dénoncent les exactions commises par l’occupant avec leur cortèges d’inégalités, de massacres ou d’humiliations de toutes sortes, Ruy Duarte se tient à distance des choix des leaders révolutionnaires dans ses écrits, même s’il soutient les idées d’indépendance et de libération en tant qu’intellectuel et que citoyen évoluant dans la tourmente des années 60-75. Ce refus d’inféoder sa création à un parti ou à des slogans politiques se marque clairement dans certaines publications, tel cet article intitulé Angola : le passé vécu et le présent en présence (13) dans lequel il dénonce les carences de l’état angolais désormais souverain qui n’assure pas équitablement la distribution des biens de consommation courante entre la ville et les zones rurales. Il se montre d’ailleurs très critique à l’égard des autorités puisqu’il dénonce l’émergence d’un système bureaucratique qui réserve la meilleure part à l’équipe au pouvoir au détriment des masses paysannes qui n’exercent pas directement de responsabilités politiques. Quelles que soient les circonstances, Ruy Duarte reste un anthropologue et un artiste chez lequel le phénomène culturel dans sa globalité reste le pôle d’attraction essentiel. Sa pratique du terrain lui a permis d’en saisir toute la complexité : si la colonisation a mis à mal certaines façons de faire chez les autochtones, elle en a réactualisé d’autres. Plus particulièrement, la lutte des indigènes contre le pouvoir portugais a fait renaître le souvenir toujours vivace d’anciennes guerres contre l’envahisseur dans les consciences africaines, et l’engagement actuel dans la guérilla a présentifié les chefs locaux que le temps a transformé en figures de légende comme la reine Nganga. Mieux, il a été le prétexte à la renaissance de conduites ancestrales qui étaient tombées en désuétude :  » On observe la réapparition des pratiques des cultes liés à la maîtrise du pouvoir du Quimbanda durant la guerre  » (14) note Ruy Duarte. Cette remarque (qui demanderait d’amples commentaires) souligne le côté spécifiquement culturel de l’engagement défendu par cet auteur : il s’agit moins de mettre sa plume (ou sa caméra) au service d’un courant d’idées véhiculé par une organisation qui aspire à la maîtrise du pouvoir politique (ou qui l’assure au terme d’un long combat) que de faire connaître des groupes humains dont l’organisation n’a pas encore fait l’objet de recherches approfondies.  » Et le courage politique consiste à ne pas perdre de vue et surtout à ne pas tenter d’évacuer la diversité culturelle, sociale ou ethnique pour appeler les choses par leur nom…dont est faite notre réalité (15). L’auteur veut cueillir  » cet héritage tellement sacré  » au plus près de ses manifestations.
3- Ici intervient l’expérience professionnelle :  » Tu as parlé de ta formation d’anthropologue, mais il me semble que c’est plutôt ma première activité de technicien agricole qu’il faut retenir ici. C’est elle qui subsiste au long de toute ma production littéraire. Être technicien agricole implique une certaine attitude par rapport au monde, implique l’action, et cette action a déterminé de nombreuses pratiques de ma vie  » (16). Compris dans sa sphère la plus vaste c’est à dire, quand il intègre la gestuelle des hommes et des bêtes en action dans le labourage, le portage d’une récolte, la chasse etc. et l’interférence des éléments climatiques dans le labeur des populations installées au sud du pays, le travail de la terre permet d’observer la parfaite adéquation entre l’intelligence et les capacités intellectuelles de l’individu, l’harmonie des formes corporelles parfaitement adaptées à la maîtrise de la matière, la faune locale qui donne  » la viande et le lait sacré  » (17). La transcription scripturale ou filmique de cette plénitude d’harmonies était le prolongement obligé de l’observation de l’activité agricole appréhendée d’un point de vue strictement visuel (et non plus statistique ou  » scientifique « ) :  » C’est au moment où j’ai vécu ma condition de technicien agricole que je me suis mis à écrire de la poésie  » (18). L’activité professionnelle de Ruy Duarte est ainsi le terreau qui a permis l’éclosion de son oeuvre poétique et cinématographique en ce qu’elle conditionne sa visée anthropologique. Et ceci corrobore ce qui a été dit plus haut concernant le rejet de tout élément affectif personnel pour ne s’en tenir qu’aux autochtones.
Le regard qu’il porte sur la femme est ici particulièrement significatif : celle-ci est perçut essentiellement comme force de travail. Soit qu’elle participe aux travaux des champs, soit qu’elle permette la continuation de la lignée par son aptitude à la reproduire, elle est vue par l’homme africain comme un pouvoir de créer de la richesse (matérielle ou humaine). Sa beauté est d’origine fonctionnelle ; elle est tout entière circonscrite dans sa dimension femelle. Un Occidental lirait dans ce point de vue le signe d’une mentalité rétrograde – les potentialités érotiques comme l’esthétique de la femme (son aptitude à faire naître le sentiment du beau) sont des catégories ignorées des natifs pour lesquels seul compte le pouvoir de génitrice chez la femme. Ruy Duarte, parfaitement intégré à ces sociétés, écarte cette objection (équivalant à un cliché pur et simple). Adaptant l’être-au-monde de l’autochtone, il donne à lire la femme comme objet de désir dans sa poussée la plus élémentaire, dénué de toute sentimentalité. Plus qu’une série de lignes, la femme est alors perçue comme un ensemble de volumes n’éveillant autre chose que des pulsions sexuelles. Le texte de la page 31 de Habito da terra trace un portrait monolithique de la femme africaine :  » structure monumentale érigée du sujet  » dont le centre de gravité est l’organe génital, lequel opère la symbiose entre le corps féminin et le milieu naturel environnant puisqu’il est un  » bourbier « . Le poète est très explicite sur la rudesse de la possession amoureuse ; l’acte y est montré comme déploiement d’une énergie aveugle et sans limite d’où la tendresse ou les préliminaires érotiques sont totalement absents. Seul le coït brutal compris comme condition incontournable pour obtenir une main d’œuvre indispensable à la survie du groupe revêt ici de l’importance : (je recherche)  » une femme quelconque / pleine de grâce / capable de labourer / de commander la maison / de bien l’organiser / de concevoir le fruit / béni de son ventre / qui soit à mes côtés / pour veiller sur le bétail / sur le lait et la viande/ assurer le ravitaillement / prendre soin du feu / rénover mon sang / et accueillir la vigueur de ma semence  » (19). 
L’acte sexuel n’occupe pas un espace particulier dans l’univers mental de ces bergers. Il se situe sur le même plan de compréhension que la chasse ou tout autre activité agricole en tant qu’il permet de poser la vie communautaire dans la durée. Il est clair que un tel point de vue ne peut être que le résultat d’un contact prolongé et positif avec ces populations. On comprend la pertinence de la remarque de l’auteur citée plus haut : l’expérience de technicien agricole a bien été la condition sine qua none qui a permis l’éclosion de l’œuvre en mots ou en images de Ruy Duarte. La problématique est clairement énoncée : le texte définitif doit être estampillé par l’emploi de vocables ou de formes discursives (proverbes, dictons) puisés dans l’idiome de l’ethnie afin d’en transmettre les valeurs, les modes de vie communautaire ; ce qui corrobore l’idée selon laquelle la littérature en général un dialogue permanent avec le milieu naturel et culturel qu’elle prétend représenter (19 bis)
4 – Il faut prendre garde cependant à ne pas déduire mécaniquement la création du travail professionnel sur le terrain :  » La poésie a son monde propre, un monde auquel elle a seule accès…Il y a des choses que je ne peux dire qu’en filmant, d’autres que je ne peux exprimer que par la poésie  » (20). Comme la plupart de ses contemporains en matière de création, Ruy Duarte mène une réflexion sur sa propre production artistique, non seulement en tant que texte ancré dans un sol langagier et émotif très localisé géographiquement (là encore, il ne quitte pas la visée anthropologique) mais aussi et simultanément, en tant que résultat d’un traitement spécifique de la langue (il pense alors sa propre poétique).  » Lorsque l’écrivain travaille sur une langue et que certaines formes d’expériences lui sont transmises par une expérience sociale qui est antérieure à la langue, lorsque ensuite la langue s’articule sur cette expérience, je pense qu’on aboutit à quelque chose d’angolais  » (21). La problématique (dans sa première phase) est clairement énoncée : le texte définitif doit être estampillé par l’emploi de vocables ou de formes discursives (proverbes, dictons) puisés dans l’idiome dont il s’agit de transmettre les valeurs, les modes de vie et l’environnement ; ce travail lexical s’appuyant sur une solide expérience du milieu pourra alors décrire le vécu du sujet autochtone. L’Art poétique qui ouvre le recueil Habito da Terra précise :  » Un texte est comme une force qui tend à exister. D’un côté une intention une proposition vague, une morale héritée. De l’autre, le cours des mots, premier dans son écho, avec les sons et les gestes qui se suivent les uns les autres. On ne peut écrire que depuis une connexion intime avec le monde « . Mais par ailleurs on ne saurait concevoir la langue comme pur instrument informant un matériau qui lui serait préexistant : » Un son qui demande un son, cette réponse est déjà un bulbe émotionnel autonome de force qui tend vers une floraison à maturité, en rébellion envers l’intention première  » (22) ; si l’émotion est toujours première,  » le son que l’image commande, induit, anime. La langue (est) affectée par les intentions  » (23). 
La langue est donc source d’émotions par elle-même (Claudel disait :  » le mot est une espèce de condensé de l’énergie intrinsèque du sentiment…C’est une espèce de pile qui garde l’intensité du sentiment dont il est l’expression et qui dégage à son tour une énergie  » (24). C’est exactement la position de Ruy Duarte :  » Partir d’un mot. Partir dans un mot  » (25). Le mot n’est pas la mesure abstraite d’une émotion au contact de laquelle elle serait comme corrompue ; il est au contraire son pendant exact car c’est lui qui est le siège de sensations fortes, d’où cette observation :  » texte, lieu de rencontre « . En mettant en question le primat traditionnel de l’intention (la pensée) par rapport au matériau (la langue) – ceci est vrai dans la production de l’œuvre en général, quel qu’en soit le support matériel : langue, sons, matière à sculpter… – Ruy Duarte reconnaît le sémantisme de ce dernier : tel mot, telle tournure de phrase engage la dynamique du poème dans une voie que la conscience du poète ne pouvait prévoir
Sans faire référence à ce phénomène, Ruy Duarte prend place dans ce mouvement de la poésie moderne qui, de Rimbaud à Francis Ponge (pour nous en tenir à la seule poésie d’expression française) accorde une grande attention aux rapports joignant la conscience poétique à la matière sensible du monde comme à la matérialité de la langue. C’est du moins dans cette perspective que nous comprenons le texte (pp 32 à 38) de Habito da Terra : partant d’un poème, l’auteur le transcrit en lui donnant différentes spatialisations sur la page. Le jeu consiste à sélectionner dans le discours primitif un certain nombre de syntagmes et à les réinscrire en les isolant par des blancs afin de les séparer des autres groupes de mots. Une pareille typographie développe des effets visuels dont la finalité est d’insister sur le sémantisme des composantes syntagmatiques de l’ensemble et par là même sur la chair (la forme sensible) des mots. On serait tenté de lire ici une simple activité ludique sur la langue. Activité néanmoins sérieuse qui permet d’appréhender le poème comme résultant d’une certaine spatialisation de la langue. La mise en page du poème, sa spatialisation originale chère à Apollinaire ou à André Du Bouchet oblige à  » un certain sur-lire puisqu’il faut lire ce qui ne se lit d’ordinaire pas  » (25 bis).
En fait, il s’agit de tout autre chose. Dans un autre recueil poétique Ordem de esquecimento, les textes sont fréquemment éparpillés sur la page ; certains termes sont isolés par des points de suspension, par des phrases renvoyées en fin de ligne ou encore par des parenthèses. Une pareille stratégie renvoie aux procédés stylistiques de la tradition orale – en particulier à la répétions de certains mots comme on peut le constater dans les récits recueillis auprès des griots défenseurs de l’oralité chez les populations du Niger ou du Fouta Djalon. Ce travail sur la forme opéré par Ruy Duarte s’inscrit donc dans une savante connaissance de la structure formelle des récits authentiquement africains et a pour but d’angolaniser le portugais standard. Qui plus est, le poète incorpore un grand nombre de vocables provenant des langues locales comme on peut le voir dans le texte Como se o mundo nao tivesse leste justement sous-titré Versoes, derivaçoes, reconversoes. En ce point, poésie et anthropologie se rejoignent (26) ; chacune d’elles étant au service d’un seul but : cerner l’identité culturelle des ethnies parmi lesquelles il a vécu en enseignant les bases matérielles et les assises valorielles par lesquelles elles pensent leur milieu de vie et assurent leur propre cohésion socio-religieuse. N’est-ce pas la meilleure manière d’habiter le monde ?

(1) A ce jour, Ruy Duarte de Carvalho a réalisé dix courts-métrages représentant une durée totale de six heures.
(2) Habito da Terra – Union des Écrivains Angolais Edit 1988, p 16
(3) U.E.A 1977.
(4) Manuel Ferreira : No Reino de Caliban – Tome 2 – Seara Nova Edit- 1976.
(5) Habito da Terra op. cit. p 42.
(6) Préface au recueil poétique A decisao da Idade – U.E.A Edit 1976.
(7) A Grava çoa do resto in Chao de offerte – U.E.A 1972, p 20.
(8) Noçao Geografica in Decisao da Idade, op cit p 94.
(9) Albert Gérard : Identité nationale et image littéraire en Afrique lusophone in Les littératures nationales de langue portugaise – Fondation Calouste Gulbenkian – Paris, 1985, p 490.
(10) Voir l’interview de l’auteur par José Agualusa in Revue Ler n°35 – 1996.
(11) Habito da Terra op cit p 19.
(12) Ibid. p 25.
(13) Revue Africa – Sao Paulo 1994, n °16-17, pp. 125-134.
(14) Revue Ler op cit.
(15) Revue Africa op cit.
(16) Interview de Ruy Duarte de Carvalho in Notre librairie n°115 octobre-décembre 1993, p 60.
(17) Habito da Terra p 57.
(18) Revue Notre Librairie op cit p 60.
(19) Ordem de esquecimento – Quetzal editores, 1977 p 50.
(19 bis) Voir Todorov : Michaïl Backhtine : Le principe dialogique – Seuil 1981, p 98.
(20) Revue Notre Librairie op cit p 60.
(21) Ibid p 62.
(22) Habito da Terra op cit p 10.
(23) Ibid p 11.
(24) Paul Claudel : Mémoires improvisées – Gallimard -Idées 1969 p 240-241.
(25) Habito da Terra p 11.
(25 bis) Daniel Delas : Pratique du poème in Le français aujourd’hui n° 114.
(26) Le dernier livre de Ruy Duarte Vou là visitar pastores (Ediçoes Cotovia – Lisboa 1999) est fait de notes prises lors d’un séjour parmi les bergers Kuvale entre 1992 et 1997 ; il se conclut par un glossaire de certains termes de leur langue qui n’ont pas d’équivalent en portugais.
///Article N° : 3867

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