Les atouts et limites du FESPAM de Brazzaville

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Un regard critique sur le Festival Panafricain de Musique qui s’est tenu à Brazzaville du 4 au 11 août 2001 par Stéphanie Suffren, responsable projet musique à la Halle de la Gombe, le CCF de Kinshasa.

Impressions
Voyage vers Brazza le 6 août au matin. Une arrivée calme dans une ville chaleureuse qui s’est parée aux couleurs de la fête. Quatre jours pour découvrir, rencontrer des professionnels, mesurer les potentialités d’une telle manifestation au coeur de l’Afrique centrale dans un pays qui garde encore les stigmates d’un lourd conflit.
La précédente édition du ‘Fespam’ avait pour objectif presqu’avoué de conjurer le mauvais sort, une façon de montrer que la vie continue et que la culture peut être un moyen de se retrouver… Les erreurs d’organisation et de programmation étaient alors pardonnées, tant les conditions de préparation furent délicates. Deux années plus tard, il semble que les mêmes vertus et les mêmes défauts se font encore voir.
Les atouts d’une réussite, une belle énergie
-Une idée de programmation intelligente qui ne vise pas à remplir le « chaudron » de la world music mais qui préfère souligner la diversité et la rugosité des expressions musicales sur tout le continent.
-Une presse africaine et européenne qui a répondu à l’appel avec une curiosité et un intérêt étonnants.
-Une équipe de coordination aimable qui tente de répondre aux questions « philosophiques » comme aux doléances d’hébergement et de catering.
-Une ville à taille humaine qui permet un déplacement aisé, une facilité de rencontrer tous les festivaliers (artistes, professionnels, organisation…).
Des limites
– La volonté d’être exhaustif et de ne pas gommer les esthétiques divergentes qui habitent l’Afrique, une qualité… qui peut devenir un défaut. Lorsque l’on parcoure la programmation, l’on a bien du mal à discerner le ‘fil rouge’. Il y a peut être un lien cette année : les musiques populaires et les formations vocales.
– Comme les genres sont différents, la qualité était elle aussi très inégale. Sur un même plateau, l’on pouvait entendre un magnifique groupe de balafonistes au travail technique et scénique achevé puis une chorale que l’on pourrait croire en répétition ‘à la maison’.
– Chaque pays d’Afrique qui le souhaite est participant au Fespam via un correspondant qui est en relation directe avec le Secrétariat général du festival. Ce correspondant est chargé de proposer des groupes musicaux qui sont ensuite examinés par une commission. Le correspondant pour la RDC est l’illustre Professeur Yoka qui ne fit aucune économie d’énergie pour que le festival vive sur ‘l’autre rive’ du fleuve.
– En revanche, la sélection des artistes de RDC fut pour le moins incongrue et surtout pas représentative de la diversité et du dynamisme de la musique et des cultures urbaines à Kin. Ont été invitées des chorales de la périphérie kinoise qui n’ont guère d’aura internationale, un star de l’époque mythique de la rumba, Tabou Ley, ainsi que le Roi de la forêt, Werrason, afin d’assurer une salle comble au moins une fois au cours du festival. On cherchait la jeune scène typique, le foisonnant vivier hip-hop… mais ils restaient introuvables, sauf quelques artistes courageux qui avaient décidé de traverser le fleuve pour prendre « des contacts ».

///Article N° : 30

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