Bringing Down the House

De Adam Shankman

Dans la famille raciste, je voudrais le petit rigolo
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Ce n’est pas la peine d’essayer de décortiquer le film pour lui trouver des excuses, Bringing Down the House part de tous les principes racistes que Hollywood a pu banaliser. Peter Sanderson, avocat, s’apprête à dîner avec une charmante jeune avocate blonde. Il voit débarquer sur le seuil de son pavillon une grosse femme noire fraîchement échappée de prison. Il la met bien sûr à la porte, mais Charlene sait merveilleusement créer le scandale, et Peter se voit obligé de l’accueillir chez lui et de travailler sur son cas pour la faire taire. En échange Charlene s’occupe des enfants, joue la bonne quand Peter invite une importante cliente parfaitement raciste à dîner, contribue à réconcilier Peter avec sa femme, et l’aide à démissionner de son travail pour monter son propre cabinet d’avocat.
Il est impressionnant de voir à quel point, bien que le scénario soit fondamentalement différent au départ, on retrouve tous les éléments principaux de 48 Heures, avec Queen Latifah à la place de Eddie Murphy et Steve Martin à la place de Nick Nolte. Dans 48 Heures, Nick Nolte récupère Eddie Murphy en prison pour qu’il l’aide à attraper un malfaiteur. Au passage, le Noir, tellement plus cool que le Blanc très coincé, lui donne quelques conseils matrimoniaux, invite 200 personnes à des fêtes en pleine journée (les Noirs ne travaillent pas, c’est bien connu), et n’a lui-même aucune famille ni relation amoureuse sérieuse malgré son expertise en la matière. Vingt ans plus tard, c’est la même dynamique qui revient, il faut bien l’avouer avec le même humour, et malgré l’énormité de la situation, on ne peut s’empêcher de rire avec le reste de la salle qui ne semble pas si offensée que ça. (NB : J’ai vu le film dans une salle américaine bien remplie et  » multiculturelle « , comme on dit en politiquement correct…)
En effet, dans la tradition des comédies des années 80 avec Eddie Murphy ou Richard Pryor, les blagues sur les différences culturelles entre les Blancs et les Noirs ne se font pas toujours au dépend des Noirs, bien au contraire. On rit largement autant de Steve Martin qui ne comprend rien à l’Ebonics que de Charlene qui elle, sait se mettre à l’aise au Country Club. Quand elle décide de se venger de la vieille bique Mrs. Arness en empoisonnant sa nourriture, Charlene, cuisinière d’un soir, adopte une tactique digne de ses ancêtres dont les actes de révolte meurtrière n’étaient pas si rares qu’on le croit. Bringing Down The House est loin d’être aussi niais qu’il y paraît, même s’il n’est pas aussi frais qu’il le prétend. Si le film a eu du succès, c’est avant tout grâce au duo d’acteurs principaux, encore une formule héritée des années 80. Et encore une fois, bien que la critique n’ait de cesse d’assassiner le film, il fait un tabac au box office.

Bringing Down the House (2003). Réalisé par Adam Shankman. Avec Steve Martin (Peter Sanderson), Queen Latifah (Charlene Morton), Eugene Levy (Howie Rottman), Joan Plowright (Mrs. Arness). Une Touchstone Pictures (Disney).///Article N° : 2889

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