Wendemi, l’enfant du Bon Dieu

De Pierre Yaméogo

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Un enfant sans père part à la recherche de son identité à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso. Wendemi est l’histoire d’un enfant dont personne ne veut puisque, faute de nom, il existe à peine. C’est aussi le procès de l’église catholique africaine car finalement il est révélé que Wendemi est fils d’une église pas si catholique que ça…
Réalisé en moré (l’une des principales langues du Burkina), le film débute par un scandale familial. Cécile avoue qu’elle est enceinte mais refuse d’avouer l’identité du père. Furieux, son père Zacharie l’expulse du village. Condamnée à l’exil, elle met l’enfant au monde et l’abandonne dans les broussailles. Le bébé est recueilli par un couple qui l’appelle Wendemi, qui signifie en langage moré « Dieu seul sait ». Après une enfance difficile dans sa famille adoptive, Wendemi, adolescent, s’éprend de Pogbi qu’il veut épouser mais la tradition exige que l’on connaisse ses origines familiales. Sur les conseils d’un sage, Wendemi part alors à Ouagadougou, la capitale babylonienne, à la recherche de sa mère. Dans l’univers cruel de la grande ville où règnent la combine et l’arrivisme, la prostitution et la perte des liens communautaires, il réussit à la retrouver. Elle lui révèle que son père n’est autre que le curé de la ville.
Après Dunia en 1987, sur les femmes burkinabées, et Laafi en 1991, sur les tracasseries administratives et la fuite des cerveaux, Pierre Yaméogo dénonce avec Wendemi « une situation réelle dont personne ne veut parler en Afrique », mais s’attaque aussi à la corruption, la prostitution, l’individualisme et la situation des enfants africains, dans une société burkinabée empêtrée entre archaïsme et modernité dévergondée. Favorablement accueilli au Fespaco en 1993, le film fut sélectionné au festival de Cannes dans la section «  »Un certain regard ». Avec Tourbillon (Silmandé) en 1998, Yaméogo reprend avec le même humour sa dénonciation des corruptions à travers une peinture sans concession des commerçants libanais et de leurs appuis africains.

1992, moré, 35 mm, coul. 93 min. avec Sylvain Minoungou, Abdoulaye Komboudri, Sylvie Yaméogo, Moussognouma Kouyaté, Alassane Dakissage, Sotigui Kouyaté.///Article N° : 2177

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