Territoires de la création

Atelier Théâtre, 26-28 septembre 2000

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Ils étaient venus, ils étaient tous là, artistes et opérateurs culturels pour réfléchir à un avenir durable de la création théâtrale en Afrique.
Jacques Deck, modérateur des rencontres, décrivit en ouverture des débats la situation d’un paysage théâtral africain qui attend aujourd’hui une réelle collaboration Sud-Nord et se refuse à une coopération à sens unique, posant d’emblée la question de ces artistes européens partant se ressourcer en Afrique comme celle de ces « passeurs » qui par manque de moyens de fonctionnement suffisants ne parviennent pas à faire tourner les spectacles du Sud dans les structures du Nord.
Alougbine Dine qui dirige l’Atelier Nomade au Bénin a dressé à son tour un états des lieux, dénonçant les dysfonctionnements d’une création africaine curieusement confiée à des metteurs en scène européens sans envergure et souffrant de problèmes de visibilité dans leur propre pays. Livré à la médiocrité au lieu de bénéficier d’une vraie formation, le théâtre africain s’est peu à peu affaissé, d’autant que les créateurs africains de leur côté, indépendamment du manque de moyens financiers, souffrent de carences techniques criantes.
Alougbine Dine suggère d’encourager davantage la création théâtrale africaine en parcourant les festivals en Afrique et en attribuant des prix non pas en espèces mais qui financent les prochaines créations. Il propose aussi de porter une attention particulière à certaines initiatives en marge des pouvoirs publics, comme celle de Souleymane Koly ou de Were Were Liking en Côte d’Ivoire, ou encore L’Ecurie Maloba au Congo Démocratique, et l’Espace Linga Téré en Centrafrique…
Du côté du ministère de la Culture, Jean-Pierre Wurst, inquiet quant aux risques grandissants d’europeano-centrisme, a insisté sur le fait que les échanges Nord-Sud doivent se faire sur la base, non pas de la similitude mais de l’égalité et du partenariat. Il a réaffirmé la nécessité que ce soient les plus grands artistes, comédiens, pédagogues, metteurs en scène qui coopèrent avec les partenaires d’Afrique, et non pas des créateurs en perte de vitesse pour qui ce serait une remise à flots artistique ou financière.
François Campana, directeur de Kyrnéa international comme Vincent Mambachaka qui dirige l’Espace Linga Téré en Centrafrique ont insisté sur la nécessité de créer de vrais réseaux de diffusion en Afrique et en Europe et d’aider réellement à la création en amont. Une idée qui est revenue dans les déclarations d’Adama Traoré qui a créé le Festival des Réalités au Mali, car pour qu’il y ait diffusion, il faut qu’il y ait création.
Tous se sont accordés à dire que l’avenir de la création est du côté d’une mise en réseau, de jumelages à travers des coopérations décentralisées, et de vrais compagnonages sur la durée.

///Article N° : 2155

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