Regard croisé : Compagnie des Dialogues – Ballet Tieri – Yela-Wa

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Après la pluie le beau temps ! Cette vérité colle merveilleusement au Congo culturel d’après guerres. Elles ont mis en hibernation la vie culturelle mais n’ont pas tué le génie culturel. Il a suffit d’une larve de paix fin 1999 pour que tout reparte et reluise. Le 5e Marché des arts et des spectacles africains (MASA) d’Abidjan a donné le déclic décisif à cet éveil : la Compagnie des Dialogues au théâtre ; le Ballet Tieri à la danse et le Yela-Wa à la musique. Trois groupes, trois genres culturels, le Congo a retrouvé sa place dans le concert des grandes nations culturelles.

Théâtre : la Compagnie des Dialogues
Créée en 1995 à Brazzaville, la Compagnie des Dialogues est, dans cette période d’après guerres, le porte étendard du théâtre congolais, présente au MASA, puis au FIA de Kinshasa et aux RETIC de Yaoundé. Le succès de La Cérémonie a permis la signature de divers contrats : tournée des CCF d’Afrique Centrale en février/mars 2002 ; périple européen fin 2002, notamment à Limoges, Bordeaux et Angers.
Extrait du recueil de Nouvelles Jazz et vin de palme du Congolais Emmanuel Boundzeki Dongala, La Cérémonie c’est « un pauvre gardien d’usine qui rapporte, avec foi et non sans humour, son parcours, ses déboires, sa perception de militant révolutionnaire. C’est le parcours d’un homme que la révolution a fait rêver de promotion, de richesse… et qui est pris au piège d’une idéologie sans issue. »
Mise en scène par Nicolas Bissi, cette pièce profite d’un décor sobre mais expressif : un tonneau vide, ouvert en haut, faisant office de poubelle. Une façon poétique de dire ce que sont les régimes totalitaires qui règnent sur l’Afrique. L’acteur, Guy Stan Matingou, est maître de la scène : il incarne seul pendant une heure tous les personnages de la pièce. La thématique, le despotisme, est encore très actuel, hélas ! sur le continent africain, malgré plus de quarante ans d’indépendance, et un snobisme démocratique ces dernières années.
Danse : le Ballet Tieri
Le tieri est une petite abeille de la forêt tropicale. Prix Découverte-RFI 2001, le Ballet Tieri est fondé le 15 août 1994 par Durand Boundzimbou. Il se veut un centre d’expression corporelle où devront être formés des professionnels de la danse et de la chorégraphie.
Au 5e MASA, le Ballet Tieri a joué Lhoe (l’homme). Tournée des CCF d’Afrique Centrale en janvier-février 2002, et à partir du mois de mai une tournée européenne, notamment à Strasbourg et Bruxelles.
Lhoe, c’est l’histoire de la création. Les tam-tams crépitent dans l’ombre du chaos originel. Se meut en s’épanouissant, comme les pétales d’une fleur, une âme, un esprit, puis un corps d’homme… Une gestuelle fluide dessine l’être primordial, à l’origine de l’homme.
11 artistes : 7 danseurs et 4 percussionnistes.
Musique : Yela-Wa
L’Afrique est sonorités. Yela-Wa est un groupe de recherche musicale fondé le 22 mai 1996 par Parfait Ludovic Goma Pasteur Goma Ya Ntsona. Le groupe œuvre pour la mise en valeur des instruments traditionnels du Congo et d’Afrique : Yéla-Wa signifie grandir et comprendre.
La musique de Yela-Wa est le Wasa qui signifie « viens te guérir », une symbiose de musique sacrée. Ce style musical « thérapeutique » est composé de sonorités débusquées dans la nature.
Présenté au MASA, Yela-Wa reçut au Festival panafricain de musique (FESPAM) de Brazzaville le Prix Paul Kamba pour la recherche. Ils ont présenté Le Caméléon, un répertoire de 18 titres sur 60 minutes avec 58 instruments dont 18 sont des créations des artistes eux-mêmes.
Le Caméléon est un ensemble de sonorités frustes renvoyant à divers petits bruits de l’univers domestique rural, car produits par des objets familiers hétéroclites (balais agités selon une certaine cohérence rythmique, boîtes de conserve de récupération alignées en batterie percussives , pilons de maïs etc.).
A cette ambiance se mêlent les bruits de certains éléments tirés de l’environnement (courges séchées et évidées remplies de grenailles, cornes de cervidés ou de bovidés, guimbardes, rhombes de fabrication végétale…) relayés par un frottement bi-tonal des claves. Entre syncopes et silence.
Le Yéla-Wa tourne dans les CCF d’Afrique en février–mars 2002 puis en Italie.

///Article N° : 2119

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