Festival international de Jazz d’Abidjan

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Entre le Masa et les élections municipales, c’est dans une ambiance de feu que se déroula la troisième édition du festival de jazz d’Abidjan, le 23 et le 24 mars 2001.

Le taximan qui nous emmène de l’hôtel au centre ville semble stressé. Et pour cause, les barrages autour de Cocody ont été levés juste avant le Masa. Cependant, il y a encore quelques rackets et la police est trop présente. Ce qui n’empêche pas la plèbe de vivre, à l’image de la rue Princesse où les bars se distinguent par la puissance des baffles. Les Garagistes, groupe de zouglou, sont sur toutes les ondes. Dans les rues, des chars où des jeunes s’agglutinent scandent des noms. Renseignements pris, c’est aussi les élections municipales. La campagne bat son plein, dimanche, il faudra voter.
Loin de cette ambiance populaire, le festival de jazz a lieu au Palais des Congrès. On est accueilli par des hôtesses vêtues des couleurs du festival. Koné Dramane, le ministre de la Culture et de la Francophonie honore les lieux de sa présence. Alors que le public se faisait une joie de recevoir Manu Dibango et Dianne Reeves, leurs deux concerts furent annulés, l’un invoquant la maladie et l’autre des raisons personnelles. Face à ce dilemme, la première réaction des organisateurs fut d’annuler la manifestation. De réunion en réunion, grâce à la ténacité de Balliet Bleziri Camille, initiateur du festival, la manifestation est maintenue, mais il faut trouver des solutions de rechange. Le festival s’ouvre avec Awana, un groupe local dont la musique oscille dans la fusion. L’ensemble, composé d’un Congolais, d’un Camerounais, d’un Sénégalais et de quatre Ivoiriens, donne le ton et la fête est lancée. Paco Séry, tête d’affiche de la soirée, offre une prestation mémorable : c’est accompagné d’une troupe de danse de sa région (Bassam) qu’il apparaît sur scène. Après quelques démonstrations de haute voltige, l’artiste déploie son jeu. Du funk au jazz, en passant par le zouglou ou le mapouka, le batteur et son continuum livrent au public toute une palette de sons et de rythmes. Dimitri Evans, la chanteuse du groupe séduit, joue de sa voix et de son corps, on est sous le charme, l’auditoire en redemande. C’est au tour de Meiwey de soutenir son compatriote. Leur éloge de Bassam, la première capitale de la Côte d’Ivoire, soulève l’émotion. En l’espace d’une soirée, les organisateurs baignent dans le bonheur.
Le lendemain, c’est de nouveau l’angoisse. L’incommensurable Archie Shepp, appelé à la rescousse n’est pas encore arrivé. Son avion a du retard, il ne fera pas de balance. Le groupe cubain Sabor A Son entre en scène. Changement de décor. Le vent de Cuba souffle sur Abidjan. La salle se transforme en piste de danse. Entre temps, Archie Shepp et son groupe débarquent dans la ville. Ils ont à peine le temps de poser leurs affaires et de dîner que l’animateur de la soirée les annonce. Le saxophoniste relève le défi, monte sur scène accompagné de ses musiciens, fait sa balance face au public qui a du mal à suivre, et rappelle l’animateur qui le présente. Le groupe se lance, l’ingénieur du son règle les niveaux de son au fil des chansons. Le public est attentif à la musique d’Archie, qui raconte l’histoire de Mama Rose, sa grand-mère qui a connu l’esclavage. Une heure durant, il transmet son blues. En clôture du festival, suit Allan Adoté, créateur du Soul Connection. Adepte de James Brown et autres Wilson Picket, il remet au goût du jour le répertoire des idoles des années 60-70. Le rideau du festival tombe sous les notes de « sex machine ». Plus de peur que de mal, opération réussie. Applaudissements ! Et à l’année prochaine.

///Article N° : 1970

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