De magazines en revues

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Cette année, le Masa a produit beaucoup d’écrits ! Un journal quotidien de 8 pages format tabloïd et la une en couleurs, et un nouveau magazine de 100 pages, N’Goni, en quadrichromie intégrale et papier glacé.

Les deux sont placés sous la direction éditoriale du journaliste congolais Manda Tchebwa, secondé de la journaliste ivoirienne Agnès Kreidy (qui ont respectivement assuré la direction artistique du Masa pour les sélections de musique et de danse).
On ne peut qu’applaudir à la volonté d’accompagner le travail du Masa de moyens éditoriaux qui offrent, comme l’indiquait le directeur du Masa, Thomas Manou Yablaih, « un lieu d’échange entre les partenaires des arts de la scène » et pour que « les troupes qui sont passées au Masa aient un écho dans un magazine où on les suit à la trace ».
Deux questions cependant :
1) La vocation du Journal du Masa ne serait-il pas – outre d’informer au quotidien – de documenter davantage les troupes et compagnies sélectionnées en reproduisant des textes qu’elles lui fourniraient ou en réalisant des interviews ? Au lieu de cela, on retrouve ici l’ambiguïté du Fespaco News à Ouaga : des critiques parfois assassines sur des spectacles sélectionnés. Le journal officiel du Marché est-il le lieu de la critique plutôt que du soutien ? N’est-ce pas le rôle des médias et des journalistes présents ? On sélectionne pour proposer aux acheteurs et on casse du sucre en même temps…
2) Il manque clairement une revue critique culturelle panafricaine d’envergure. Africultures serait la première à soutenir son émergence et en serait volontiers le partenaire privilégié (le projet Africultures était même au départ une double rédaction France-Afrique et deux revues séparées agissant en étroit partenariat). Mais une telle naissance (ô combien difficile mais que la structuration des réseaux et la reconnaissance de critiques africains rend aujourd’hui envisageable) pourra-t-elle se faire si des magazines sous perfusion institutionnelle occupent le terrain ? N’Goni n’a aucun prix en couverture ni en abonnement : c’est offert. C’était l’ambiguïté d’Afrique en scènes, la revue d’Afrique en créations. Issues des Institutions, de telles revues peuvent-elles échapper à la complaisance et oser la distance critique dont ont besoin aujourd’hui les créateurs pour réfléchir leur art ? Et ne tuent-elles pas dans l’œuf à coup de papier glacé les initiatives (comme Africultures) qui peinent à se développer sans aucun soutien ?
Par contre, un espace d’informations professionnelles, de documentation et d’échange d’expériences tel que le définit Manou Yablaih serait un grand progrès (comme le tente par exemple le Film africain), mais cela demande une ligne éditorial claire : non pas dirigée vers le grand public mais vers les professionnels, avec les contenus correspondants. Et là, point besoin de quadri et de papier glacé.

///Article N° : 1967

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