Makibefo

D'Alexander Abela

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Macbeth de Shakespeare sous le bras, Abela débarque chez les Antandroy, un peuple pauvre et isolé de Madagascar. Il lui fallait un terrain pur, innocent : ces pêcheurs n’ont jamais vu un film. Appâtés par l’argent à gagner, ils jouent, avec une impressionnante dignité, ce qu’ils ont compris de l’histoire qui leur est imposée. Ils n’ont pas grand chose à dire : un récitant se charge des explications, les images fixes en noir et blanc parlent d’elles-mêmes, orchestrant essentiellement des déplacements. Le dépouillement est général : la région est désertique, la mer le seul horizon, les costumes ramenés au plus simple appareil. Certains plans rappellent Pasolini, mais lui avait su représenter le mystère et le désir… Jouant un Macbeth que l’ambition pousse à tuer, les villageois sont eux parfaitement désincarnés : ils ne sont que décor d’images répondant aux canons de l’esthétisme photographique et d’une histoire qui n’est pas la leur. C’est leur supposée ingénuité qui intéressait le réalisateur, comme s’il fallait aller chercher des « primitifs » au bout du monde pour mieux illustrer l’universalité d’un mythe. Le résultat est désolant comme la pluie.

Royaume Uni, 2000, 73 min., noir et blanc, prod. Blue Eye Films, distr. Epicentre (01 42 40 00 01).///Article N° : 1862

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