Rodrigue Kaboré : Le cinéma c’est du business

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Dates clef de Rodrigue Kaboré
1976 1er avril : Naissance au Burkina Faso
2000: devient gérant du cinéma Neerwaya
2010 : Production du premier long métrage, Docteur Folie (Michel Kamuanga)
2011 : Fonde sa société de distribution Africa Distribution
Principaux films produits
Long métrage
Docteur Folie (Michel Kamuanga, 2010)
Faso furie (Michael Kamuanga, 2012)

Gérant de salles de cinéma et distributeur de films, responsable du syndicat qui rassemble les exploitants du pays, Rodrigue Kaboré occupe une place centrale dans la filière audiovisuelle au Burkina Faso. Venu à la production après le constat que les – rares – films nationaux attiraient le public dans ses salles, il a tout naturellement investi dans la distribution et la commercialisation des films dans son pays.

Votre père était déjà exploitant de salles de cinéma.
Je suis d’une famille royale, de chasseurs, issue des crocodiles sacrés de Sabo, un village à environ 100km de Ouagadougou. Mon grand père était chef coutumier et fut l’un des premiers à être instruit par les colons. Il était devenu infirmier d’Etat et lisait beaucoup de livres français, dont l’un qui racontait l’histoire de Rodrigue et de son père, qui l’avait ému. Il m’a donné le prénom Rodrigue et ma grand mère qui tenait à la tradition a rajouté Rakisïoba – abrégé aujourd’hui en Rakis-, qui veut dire : « quel que soit ton succès, quel que soit l’endroit où dieu va t’amener, il ne faudra jamais oublier d’où tu viens ».
Dans mon enfance on nous appelait « les petits sankaristes aux pieds nus », parce que dès l’âge de sept ans nous devions aller nous former à la révolution, apprendre à vivre en communauté, dans ce Burkina Faso, « le pays des hommes intègres ». Mon père était, et est toujours, un entrepreneur de construction immobilière. Thomas Sankara puis l’ex président Blaise Compaoré sont venus le voir lui, Frank-Alain Kaboré, PDG, pour lui demander au nom de la nation de construire une salle de cinéma en un an, par ce que sinon le Fespaco allait être envoyé à Dakar. Or Thomas Sankara exigeait que le Fespaco se tienne au Burkina Faso.
Frank-Alain a donc construit la salle en 1986, après avoir pris des prêts à la banque. Quand il a fini de construire il a envoyé sa facture au chef de l’Etat qui lui a dit : « c’est très bien ce que vous avez fait pour la nation, mais nous n’avons pas d’argent à vous donner, alors vous gardez la salle, vous l’exploitez, et vous récupèrerez votre argent». C’est comme cela que notre famille s’est retrouvée dans le cinéma ; elle n’y connaissait absolument rien mais a été obligée de l’exploiter. Mon père s’est auto formé, a appris le métier d’exploitant et a essayé de rentabiliser la salle. Il a eu un succès financier et a été riche assez jeune, mais c’est quelqu’un qui a su toujours faire la différence entre l’argent et le travail. Selon lui, il faut toujours se former.
Pour passer les films, à l’époque, il avait les bras liés, parce que la SONACIB [Société nationale de cinéma et de distribution cinématographique burkinabé], une société d’état, avait le monopole de la distribution et dominait  l’exploitation. Il était obligé d’attendre que cette société commande les films et les lui loue. Ca faisait une concurrence déloyale parce que la société ne nous donnait pas ses films en premier. Pour Titanic (James Cameron, 1997) le fournisseur avait envoyé deux copies, mais on a eu du mal à en avoir une, alors même qu’on la louait à la SONACIB. C’est l’un des rares films qui est passé trois semaines chez nous en raison de son succès.

Comment êtes-vous arrivé à ces responsabilités dans l’exploitation de salles ?
En vacances, je partais au village sur ses chantiers travailler, et progressivement je suis rentré dans le cinéma. J’ai commencé à balayer la salle comme n’importe quel employé, ensuite je suis passé responsable du service de nettoyage. C’était extraordinaire parce que là je pouvais toucher 5000F par mois, et petit à petit on m’a nommé adjoint au gérant, puis gérant du Cinéma Royal, et par la suite on m’a nommé coordinateur du groupe entier qui était diversifié en plusieurs sociétés[1].
Je suis resté dans l’exploitation une vingtaine d’années, au Ciné Royal, qu’on a renommé Neerwaya, « la beauté ». A l’époque c’était la plus grande salle de cinéma du Burkina si ce n’est d’Afrique de l’Ouest avec 1160 places. Le groupe possède aussi le Ciné Burkina de 550 places, également à Ouagadougou. J’ai appris à gérer, et au bout d’une quinzaine d’années d’exploitation, j’ai rencontré les limites de cette activité, et j’ai demandé la permission, – parce que chez nous on est très famille et éducation à l’ancienne-, la bénédiction du père avant d’aller faire une autre activité. Il a accepté et j’ai ouvert la structure Pub Neeré  qui régit la publicité, et j’ai aussi fait de l’importation de vin de France, à partir de 2002, avec un vigneron français, Philippe Marchais.

C’était le début d’une diversification ?
Dans l’exploitation on a connu un problème d’accès aux films. Je pouvais attendre trois mois avant d’avoir un titre, donc j’étais tout le temps avec des films américains, un peu de films indiens qui marchaient forts, et des films de karaté, style Shaolin à l’époque qui marchaient bien aussi. Mais nous n’avions guère de films burkinabè. Un jour on a passé un film de Gaston Kaboré, Buud Yam (1997), et on a eu une queue de près de 2km. C’était du jamais vu ! C’était la première fois qu’on avait autant de monde et on s’est dit qu’on allait donner des films burkinabè aux Burkinabè. Je me suis retrouvé à être distributeur[2], et j’ai cherché des films burkinabè, mais il n’y en avait pas donc je suis parti en Côte d’Ivoire : je cherchais du film ivoirien, je cherchais le film béninois, j’ai même eu un film togolais et finalement j’ai eu aussi un film nigérien. J’ai pu ramener des films et j’avais au moins deux semaines de projection de films africains par mois, et je faisais plus d’entrées sur les films africains que sur les films américains. En bons commerçants nous avons décidé d’aller beaucoup plus sur les films africains, et de favoriser la production burkinabè. On a convaincu notre PDG qu’il était temps de financer lui-même le cinéma, de faire des avances de trésorerie aux producteurs pour qu’ils nous ramènent des films à exploiter en salle.
J’ai commencé timidement avec deux productions tous les trois mois, ensuite avec deux productions par mois, et on est monté à pratiquement six productions par mois. La production tournait parce que dans nos salles de cinéma nous voyions les demandes des spectateurs, et nous voyions beaucoup de jeunes qui tournent des films et qui les amènent. Maintenant la qualité laisse à désirer, mais c’est un autre débat.

Comment avez-vous conçu vos premières productions ?
Nous avons débuté le soutien à la production en 2007 – 2008, et en 2010 je me suis rendu compte que la production était toujours faible, alors j’ai pris la casquette de producteur, sans formation particulière. Je voulais faire un film ambitieux, d’action et tout le monde me le déconseillait, me disant que je ne pourrai jamais faire aussi bien que les Américains.  Seul Gaston Kaboré m’a encouragé. J’ai alors commencé avec un budget de 22 millions un premier film tourné en trois semaines qui s’appelle Docteur Folie (Michel Kamuanga, 2010) avec Meiway, une jeune actrice ivoirienne talentueuse et très connue de certains films d’action. Mais il a été mal reçu par les critiques comme par le public au Burkina.
J’ai attendu six mois et ai retravaillé sur un deuxième scénario, avec Malcolm, un ami franco-congolais, et deux autres scénaristes aussi. Cette fois-ci on a tourné sur six semaines et j’ai changé de stratégie pour la promotion du film. Au lieu de le sortir immédiatement en salle pour rapidement avoir de l’argent, j’ai gardé le film six mois et j’ai signé un contrat avec la RTB, la télévision nationale du Burkina. Chaque semaine je mettais le making off du film comme publicité. Je filmais le tournage, et je faisais un petit avec toujours à la fin : « Le 30 novembre sortie du premier film d’action burkinabè ». Au début les gens ne comprenaient pas parce que je montrais du matériel qui était financé par l’Union Européenne, qui m’avait coûté à l’époque près de 7 millions, et j’ai fait une promotion sur le matériel utilisé. Ensuite on a fait une promotion sur les techniciens qu’on avait sélectionnés, une autre sur les comédiens, une dernière promotion sur les partenaires qui nous avaient accompagnés. Donc chaque semaine il y avait des nouveautés et ça instruisait les gens. A deux mois de la sortie du film, j’ai passé un accord avec un Maquis : le DJ faisait régulièrement de la publicité pour mon film, et moi j’amenais tous les techniciens qui faisaient leur show pour animer la piste.
Le premier jour d’exploitation de Faso furie (Michael Kamuanga, 2012) nous avons enregistré 2000 personnes, du jamais vu, et nous avons été premier au box-office de Succès cinéma, l’association de Gaston Kaboré, devant Boubakar Diallo, qui avait pourtant plus d’expérience et de notoriété que nous. Au total nous l’avons exploité sur trois mois, et fait 7000 entrées.
Dans mon film Faso furie j’ai une partie un peu hard avec un inspecteur aime les femmes, il aime les bonnes choses comme on dit chez nous. Quand j’avais fait  visionner le film préalablement, les gens avaient été réticents et j’avais dit à Malcolm d’enlever cette partie. Il avait refusé et en salles le film a été interdit aux moins de 18 ans ; j’avais un peu peur parce que je ne savais pas du tout comment le public allait réagir. A ma surprise c’est la partie que les gens ont aimé le plus, les bisous, les caresses … Tout le monde critique les scènes avec des bisous, mais tout le monde est concentré dans la salle à ce moment-là.

Et vous êtes passé aussi à la distribution des films ?
J’ai transporté ce film dans chaque province et je voyais le maire à chaque fois en lui disant « Je t’amène mon film, je le passe dans la salle, je gère l’entrée mais toi tu t’occupes d’arranger la salle, de faire la publicité, la promotion locale». Ca m’a permis de faire le tour du Burkina, et ainsi est née ma troisième activité, de distributeur, en passant des contrats un peu partout, avec ma société Africa distribution. J’ai des films que je fais passer à Ouagadougou uniquement au Neerwaya, puis à Bobo Dioulasso, Koudougou, Dédougou, Gaoua de telle sorte que toutes ces villes diffusent maintenant tous mes films.
Je suis aussi devenu acteur par hasard, en en remplaçant un pour faire les cascades, et j’ai eu le premier prix à l’époque du meilleur acteur parce que les gens ont trouvé que je m’en sortais assez bien dans le jeu d’acteur.

Quels problèmes rencontrent aujourd’hui les salles au Burkina?
L’exploitation rencontre des difficultés réelles parce que nous, les privés, nous n’arrivons pas à investir, à mettre beaucoup d’argent dans les salles pour de nombreuses raisons. Parfois les banques refusent de financer, parfois aussi l’opérateur pense que si il met un investissement de 50 millions il faudra attendre peut-être un, deux, voire trois ans pour récupérer son investissement. Mais il y a aussi un manque de volonté politique ; il faut que les politiques comprennent qu’on ne peut pas sortir 500 millions ou un milliard pour financer la production cinématographique et laisser les salles nues, au prétexte que c’est une salle privée. Le partenariat public privé est un cadre pour permettre justement au privé et au public de travailler ensemble.
Si vous prenez la salle de cinéma Neerwaya qui a 27 ans aujourd’hui, c’est un bâtiment national. Elle a connu des générations de spectateurs, mais comment avons-nous fait pour vivre ? Nous faisions à perte des projections pour enfants, parce que la location nous coûtait plus que les recettes, mais on a gagné parce que les enfants ont grandi, ils sont revenus avec leur maitresse en primaire, et au collège on a instauré des séances de 15h pour eux, donc ça augmente l’offre. Quand ils sont au lycée, ils savent faire des bisous maintenant, et on leur fait 18h ce qu’on appelle des matinées spéciales, donc à partir de 18h et à l’université des séances à 20h. On était arrivé à un moment à faire de telle sorte que dans chaque établissement, une projection cinématographique soit jointe à une activité culturelle obligatoire. Donc au bout de 20 ans vous avez une génération qui se renouvelle au fur et à mesure, et ça fait qu’on a effectivement des Burkinabè qui aiment le cinéma.
Mais le gros problème des exploitants de salles de cinéma c’est l’investissement, notamment avec le passage au numérique. Et pour refaire le Neerwaya, le devis est à 150 millions ! Quelle banque va nous financer 150 millions qui seront amortis en cinq ou dix ans ? La banque n’a pas d’expertise sur cela et il y a trop de risque à ses yeux dans le cinéma, même en hypothéquant ma maison. Finalement sans financement de la banque, ni aide de l’Etat, ni de qui que ce soit, il est logique que les salles commencent à dépérir.
Le second problème des exploitants, c’est la billetterie. Avec la fermeture de la SONACIB (Société Nationale du Cinéma au Burkina Faso), la billetterie nationale a disparu, ce qui fait qu’on a des problèmes de répartition de la recette, et ça devient compliqué entre l’exploitant et le producteur ; le producteur accuse l’exploitant de fraude, l’exploitant dit que le producteur n’a pas été clair, etc. Deuxièmement sur un billet d’entrée de 1000F CFA vous avez 390F de taxes, ce qui veut dire qu’il me reste 610F, que je reverse à moitié au producteur, et je dois utiliser le reste pour payer les charges d’électricité, d’eau, de personnel, d’investissement, avant même de penser à  un profit pour payer un vélo ou une moto pour mes ouvriers. Jusqu’à présent l’Etat burkinabè n’a pas pu se décider à financer une salle de cinéma, même s’ils disent qu’ils vont réaliser 15 salles. J’espère que cette fois ci ils penseront aux privés qui existent déjà, qui ont des difficultés et qu’il faut renforcer pour que les trois dernières salles de la capitale ne ferment pas. Au Ciné Neerwaya en un an on peut faire 30 000 entrées avec un prix d’entrée faible de 500fr – parce qu’il n’y a pas toutes les commodités, c’est une salle ouverte, sans climatisation.
Le cinéma Burkina a fermé mais rouvre pour le Fespaco ; il appartient à la Caisse de sécurité sociale donc à l’Etat, qui a fait des travaux et la met à la disposition des professionnels par un appel à candidature avec un cahier des charges. Aux trois salles qui restent, il faut rajouter Canal Olympia qui vient d’ouvrir, malheureusement elle est petite (300 places), mais ça va peut-être permettre de faire réfléchir les opérateurs économiques pour aussi investir dedans.

Comment dynamiser la production de films?
J’ai pris l’initiative d’associer le ministère de la culture avec d’autres partenaires privés économiques, pour tenter de faire les Césars du Burkina, car malgré le Fespaco qui est le plus grand festival d’Afrique, nous n’avons pas un festival pour uniquement récompenser les films, réalisateurs, techniciens et comédiens burkinabè. Une compétition nationale permettrait de rehausser le niveau, c’est notre projet en cours.
Mais moi-même depuis 2012 je n’ai plus produit de film. J’ai arrêté parce que le Burkina a traversé des moments un peu difficiles et quand il n’y a pas une stabilité politique, il est difficile de tourner, surtout que je fais des films policiers et utilise des vraies armes. J’espère qu’en 2017, 2018 au plus tard nous allons retourner.
On va élever le niveau d’exigence, et par exemple devoir utiliser une caméra sophistiquée mais qu’on n’a pas ici. Ensuite, sur le prochain budget on est pratiquement à 45 millions, mais c’est normal parce qu’on ne peut plus refaire la même chose, les gens attendent de la nouveauté, donc il faut aussi pouvoir mobiliser ces finances alors que les guichets se ferment au niveau national ou international – même si j’attends beaucoup du fonds mis en place par le ministère de la culture cette année. Ce sera une petite subvention mais surtout un crédit possible jusqu’à 50 millions, garantis bien sûr sur les recettes ; quand le film sortira je ne toucherai rien jusqu’à ce que l’Etat burkinabè récupère son argent, qu’il pourra réinjecter dans le cinéma.
Mais un problème se pose toujours au niveau de la distribution. Les producteurs ne veulent pas baisser leur rémunération sur les recettes en salles si les exploitants ne font pas pareil, or aujourd’hui c’est 50% de la recette nette chacun. On négocie encore  pour faire  40% pour le producteur, 20% pour le distributeur, et 40% pour l’exploitation, et en attendant chacun va voir un distributeur. Moi-même avec ma structure j’ai rencontré cette difficulté en interne, étant donné que j’ai les trois casquettes : c’est du business et chacun défend ses intérêts, mais c’est vrai que l’intérêt de la famille est quand même supérieur et à un moment on s’arrange entre nous, mais le problème se pose avec les autres exploitants.

Quelles sont vos relations avec les techniciens et les autres producteurs ?
Il y a aussi les difficultés de formation, il faut le reconnaître parce que s’il faut un matériel supérieur, il faut forcément former les techniciens et les comédiens aussi pour qu’on ne soit plus dans l’amateurisme. On commence à être exigeants parce que les cinéphiles deviennent exigeants, puisque les supports se diversifient. Les chaines de télévision internationales et l’Internet nous mettent maintenant dans un village planétaire, où tout le monde a accès à tout et peut comparer la qualité, donc devenir plus exigeant.
On s’entraide un peu entre producteurs pour essayer d’amoindrir les charges : tel producteur peut me prêter sa lumière, tel autre sa caméra, etc., et eux aussi viennent me voir quand ils ont besoin. On fait des échanges de marchandises, on essaye toujours de trouver une solution parce que sinon le budget va grimper à 80 millions !

Quels sont vos souhaits pour l’avenir ?
Je vais peut-être surprendre, mais le cinéma est rentable. Il ne faut pas se tromper : c’est du business. Il faut en faire du business parce que le cinéma calebasse c’est terminé, et on ne peut pas continuer à s’asseoir et attendre qu’on nous finance le film de 100% pour plaire aux festivals du Nord. Donc pour ceux qui vont mettre de l’argent dans un film, il faut qu’il soit rentable, il faut qu’ils puissent récupérer au moins ce qu’ils ont mis. Aujourd’hui il est rentable et c’est à l’Etat de mettre les conditions pour que les taxes ne nous étouffent pas. Les taxes doivent être là pour permettre aux producteurs ou aux distributeurs d’avancer. Si la France taxe à 7% pendant que nous avons une TVA de 18%, vous ne pouvez pas comparer les cinémas. Certains pays exonèrent même pendant les cinq premières années d’existence d’une société qui exerce dans le cinéma.
Les relations avec les politiques sont compliquées et je reste prudent, mais nous faisons des demandes d’aide à notre ministère de tutelle pour qu’il nous accompagne sur tel ou tel point. On espère qu’il y aura une meilleure organisation au niveau des subventions, et aussi un élargissement des fonds pour pouvoir transformer note activité en une industrie culturelle. Et j’attire vraiment l’attention du gouvernement pour qu’il joue son rôle en accompagnant les exploitants, parce qu’il ne sert à rien de mobiliser deux milliards pour financer les producteurs s’ils ont ensuite des difficultés pour passer les films dans les salles de cinéma.
Je voudrai aussi inviter tous les jeunes à se former. C’est bien d’avoir la passion du cinéma mais il faut se former : aller à l’université, faire des stages à l’étranger, acquérir puis garder le niveau et évoluer, s’intéresser aussi à l’exploitation, à la diffusion, à l’exportation, pas seulement se limiter à la réalisation. Mais partout on manque de formation en ces domaines.

Propos recueillis par Mariam Aït Belhoucine, Claude Forest et Juliette Akouvi Founou ; entretien réalisé par Claude Forest à Ouagadougou en février 2017.

 [1] Sur son activité d’exploitant, voir Léo Lochmann et Justine Bertheau, Entretien  avec Rodrigue Kaboré, site d’Africultures, 17 avril 2014.

[2] Sur les problèmes de la distribution, voir Africultures, Le cinéma au Burkina Faso (9), Entretien de Léo Lochmann et Justine Bertheau avec Rodrigue Kaboré, publié le 17 avril 2014.

 

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