Bienvenue chez toi, des cours de français pour tisser des liens

Print Friendly, PDF & Email

Le BAAM, Bureau d’accueil et d’accompagnement des migrants, est une association créée en novembre 2015, lors de l’occupation du lycée Jean Quarré (Paris 19e). Un collectif de citoyens s’était alors assemblé, en solidarité avec les migrants. Parmi leurs initiatives, le projet Bienvenue chez toi : plus de 500 personnes bénéficient aujourd’hui de cours de français dispensés dans différents lieux.

« Répétez après moi ! Je suis venue, tu es venu, il est venu, elle est venue, nous sommes venus« .
Une jeune fille d’une vingtaine d’années s’agite face à un groupe d’une trentaine de personnes, assises sur les marches de la rotonde de Stalingrad. Elle écrit sur un grand tableau blanc et ses élèves suivent avec application. À côté d’elle se tiennent deux autres groupes, concentrés et qui travaillent aussi. Il fait humide, froid et nuit, mais ce lundi 7 novembre, comme tous les jours à 18 h, se tient le cours de français du BAAM. Des riverains s’approchent, discutent avec une femme âgée qui distribue des photocopies. « Est-ce que vous pouvez me le rendre après l’avoir regardé ? On a peu de moyens. »
Faire classe dans l’espace public et les campements s’est imposé dès l’occupation du lycée Jean Quarré, explique Baptiste, membre du BAAM. Les exilés manifestaient leur envie d’apprendre la langue et, naturellement, des cours se sont organisés.
Les professeurs ont suivi leurs apprenants au gré des différentes évacuations : Austerlitz, la Chapelle, Éole, Stalingrad, Flandres, Jaurès.

Echanger vs apprendre

Sur le site de l’association, on peut se renseigner sur la façon de rejoindre le groupe de bénévoles.
De nombreuses documentations y sont également accessibles : du matériel pédagogique, des conseils pour faire cours, ou encore comment intervenir dans les campements de façon efficace et respectueuse.
« Essayer de ne pas vous limiter à une seule catégorie de public et de mixer », peut-on lire. Baptiste insiste sur la dimension d’échange présente au sein de ces moments d’apprentissage : « Cela permet de tisser des liens entre les différentes communautés présentes, entre les professeurs et les apprenants. Il s’agit d’enseigner le français, mais aussi de regarder le futur ensemble, de penser à demain. Ces cours sont un moyen et un outil, on leur apprend la langue tout en les accompagnant. » C’est également une façon d’entrer sur les différents lieux d’hébergement, d’être au plus proche de leurs conditions d’accueil.
Afin d’approfondir les notions abordées en cours, des tandems linguistiques entre francophones et non francophones ont été créés. « Des liens d’amitiés naissent des relations humaines fortes« , continue Baptiste. Mais « depuis l’évacuation du 4 novembre les bénévoles sont déboussolés. Les personnes sont déplacées, parfois loin de Paris, comment continuer ? La politique de non-accueil du gouvernement entraine une situation complexe et inquiétante« .
Certains soirs, l’été passé, la Rotonde était remplie de plus 300 personnes. Malgré l’évacuation des campements de Stalingrad, et les grilles qui empêchent désormais quiconque de se réinstaller, les cours continuent ici et au chaud. Il faut aujourd’hui assurer le suivi de ceux qui sont en centres d’hébergement. Baptiste commente : « On a une centaine de personnes sur liste d’attente qui veulent donner des cours. On ne lâche pas.« 

///Article N° : 13831

  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Laisser un commentaire