Abbar el Hamada

Aziza Brahim

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Un troisième album où court l’élégance d’une des plus belles voix du Sahara. Avec Abbar el Hamada, la poète Aziza Brahim chante les émotions d’un exil de toute une vie, depuis les confins du Sahara Occidental. Un chant de prière aussi, pour que des murs ne s’érigent plus en frontières.

Une voix du Sahara dont la grâce est des plus tendres, des plus inspirantes. Le timbre profond d’Aziza Brahim compose une nouvelle poésie musicale entre son Sahara natal, ses influences d’Afrique de l’Ouest, mais aussi Cuba et l’Espagne, terres d’exil.
Abbar el Hamada, ou « au-delà de Hamada », appelle le nom de cette région du Sahara occidental, frontalière avec l’Algérie, où Aziza est née, dans un camp de réfugiés. La musique Haul, les poèmes de sa grand-mère, dite « poétesse au fusil », et les battements du tabal comme berceuses. Les empreintes musicales et poétiques de ce berceau sahraoui croisent alors les influences d’un autre exil hispanique. Car, à l’âge de 11 ans, la jeune Aziza part à Cuba via une bourse d’études, et c’est à Barcelone que la chanteuse s’est ensuite installée. La guitare espagnole égraine ainsi ses accords tout au long de l’album, l’inaugurant même sur « Buscando la paz », sublime croisé entre le timbre d’Aziza et les cœurs de Badra Abdallahi. S’élèvent des accords inspirant un long voyage, un souffle d’espérance. Car les chants d’Aziza transportent aussi en métaphores le message d’une militante. A la manière de « Los Muros », conte d’un soir où un étoile filante, bravant un mur érigé dans le désert, échappe au regard du garde, à la vigilance du radar. Ce mur n’est autre que la frontière dessinée par le gouvernement marocain le long du Sahara Occidental, forçant le déplacement de nombreux réfugiés sahraouis hors de leur terre natale.
Avec langueur et grâce, en espagnol ou en arabe, la voix d’Aziza traduit une nouvelle fois la grande qualité artistique de la chanteuse. Parts importantes de ses influences, les rythmiques maliennes et sénégalaises s’introduisent aussi au fil des titres, la guitare de Kalilou Sangaré, celle, aussi, de Samba Touré, et les percussions de Sengane Ngom en invitées.

Abbar el Hamada, mars 2016, Glitterbeats Records///Article N° : 13492

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