Afrika Mandela

De Jean-Jacques Abel Greneau. Mise en scène : Katy Grandi

ZOOM Avignon 2015 : Question de peau, question de politique !
Print Friendly, PDF & Email

Le nom de Mandela résonne comme un monument, un roc de volonté, de résistance et de patience dont la détermination a résisté au temps et a eu raison d’un ordre injuste que beaucoup avaient renoncé à changer. Pourtant Mandela a été un homme avant d’être un symbole, et c’est cette dimension humaine pleine de force et de faiblesse que le théâtre permet d’atteindre et que la pièce de Jean-Jacques Abel Greneau, mise en scène par Katy Grandi dans la Chapelle Notre Dame de Conversion, lors du festival d’Avignon, nous a donné à partager.

C’est en effet la profondeur humaine d’une figure qui aura marqué la fin du XXe siècle qui prend corps sur le plateau. Portée par la voix de Paulin Foualem Fodouop, la parole de Mandela n’est pas celle de l’homme politique ou de l’orateur, mais la parole d’un homme qui se rappelle l’enfant qu’il a été, une parole qui s’élève sous les voûtes de la Chapelle Notre Dame de la Conversion comme une confidence précieuse, une prière pour les générations futures. La partition du plateau scénique coupé en deux exprime la ségrégation, mais aussi l’enfermement de la prison, la cellule, la frontière. La jeune journaliste fougueuse qui n’a que faire du vieil homme et veut bien entendre à la rigueur son témoignage, mais plus tard quand elle aura fait ce qu’elle est venue faire… sera finalement saisie par la parole de celui qui a été un enfant de Soweto. Le plateau se meut en une sorte de parloir et la jeune journaliste recueille enfin son histoire, se met à son écoute et c’est une mémoire de l’Afrique qui se déploie sous nos yeux et par la force du rêve, celui d’une Afrique restée profondément enracinée sous le bitume et qui a fini par le soulever pour prendre son envol et nous emporter. Mandela devient l’allégorie de l’Afrique tout entière et les acteurs portent ce parti-pris poétique avec enthousiasme et finesse, sans craindre de regarder violence et racisme dans les yeux. Un spectacle d’une extrême justesse tout en simplicité, où l’amour pénètre les mots et redonne foi en l’humanité.

<small »>Afrika Mandela
de Jean-Jacques Abel Greneau
Mise en scène : Katy Grandi
Avec Paulin Foualem, Dana Mikhail et Jean-Jacques Abel Greneau
Chapelle Notre Dame de Conversion, Avignon Off 2015///Article N° : 13358

  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
Les images de l'article





Plus d'informations

Laisser un commentaire