#6 De la question raciale à la formulation de la politique africaine : L’influence des mouvements noirs sur la politique étrangère brésilienne

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Fenêtre n°6 - Relations Afrique/Brésil, volet n° 2 : vers de nouveaux liens ?
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De 2003 à 2008, le Brésil est devenu le septième partenaire commercial de l’Afrique. En 2010, l’Afrique représentait presque 5 % des exportations du pays. Notre « fenêtre lusophone » du mois de juin, intitulée « Relations Afrique/Brésil : vers de nouveaux liens ? » explore les réalités politiques et culturelles des nouvelles relations entre le géant brésilien et le continent africain.

Longtemps occultée par les différents gouvernements brésiliens, la politique africaine du Brésil a connu un véritable tournant avec l’arrivée au pouvoir de Lula da Silva en 2003. Désormais au cœur des préoccupations diplomatiques, les relations avec l’Afrique sont étroitement corrélées aux luttes des mouvements noires brésiliens et aux questions raciales qui traversent l’identité brésilienne depuis plusieurs décennies. (1)

Histoire de la politique africaine du Brésil
Les 76 millions d’Afro-descendants brésiliens témoignent d’une histoire particulière unissant le Brésil et le continent africain. Le colonialisme et le commerce triangulaire ont lié indéfectiblement les deux rives de l’Atlantique Sud. Depuis l’indépendance du Brésil jusqu’aujourd’hui, les relations qu’entretient le Brésil avec l’Afrique sont liées à la situation des Afro-brésiliens dans la société. Un récapitulatif historique des relations Brésil-Afrique permet de mettre en exergue les dimensions identitaires de la politique étrangère brésilienne et le rapport indéfectible qu’elle entretient avec la question sociale et raciale.
Jusqu’à la fin des années 1950, le regard des dirigeants brésiliens se tourne soit vers les États-Unis face auquel il fallait trouver son autonomie, soit vers l’Europe, source des modèles politiques et principale influence de l’identité du pays. En outre, des années 1930 au rétablissement d’un état démocratique, les discours et les pratiques diplomatiques sont imprégnés de lusotropicalisme.
Le lusotropicalisme explique en grande partie l’oubli du passé esclavagiste du Brésil dans les discours de politique africaine jusqu’aux années 1990. Cette idéologie ou conception du monde se résume par l’idée que « non seulement le colonisateur aurait transmis les éléments de sa culture au colonisé, mais l’esclave et l’indigène, loin d’être des éléments passifs dans le système d’exploration, auraient aussi influencé ce dominateur » (2). Le « génie » portugais et la capacité du colonisateur à créer une société originale et pacifiée passent sous silence le poids de l’esclavage et de la traite dans la construction de la nation.
L’historiographie officielle de la dictature de Getúlio Vargas de 1930 à 1945 est d’ailleurs caractérisée par un mouvement de réhabilitation du passé portugais de la nation brésilienne. Le lusotropicalisme engendre une certaine loyauté diplomatique envers l’ancienne métropole portugaise. Regardant d’abord Lisbonne avant de s’engager dans des discussions avec les anciennes colonies portugaises, les diplomates brésiliens ont, selon l’expression d’Anani Didizienyo, un regard dévié par le Triangular mirror (3). La réaction hostile puis hésitante de l’exécutif brésilien par rapport aux processus de démantèlement de l’Empire portugais témoigne du maintien d’une sympathie lusotropicale.
Cependant, la fin des empires et l’élévation du développement comme matrice politique absolue des pays du Tiers-monde combinés à l’arrivée d’une nouvelle génération politique contribuent à un changement dans la vision internationale de la diplomatie brésilienne. L’heure est à la volonté de développer les exportations, de suivre de près l’évolution des nouveaux États indépendants et d’accorder la pratique démocratique et la politique étrangère.
Deux camps s’opposent au début des années 1960. D’une part les tenants d’un conservatisme diplomatique et d’un soutien au Portugal, de l’autre une nouvelle garde favorable à un rapprochement avec les pays africains nouvellement indépendants. À l’ONU, la schizophrénie de la politique étrangère brésilienne est notable. Alors qu’il participe des réunions des non-alignés, le Brésil continue jusqu’en 1974 de s’abstenir lors des votes de résolutions qui sanctionnent les guerres coloniales portugaises. De même, le mutisme brésilien sur l’apartheid sud-africain ou namibien trahissait un malaise du corps politique. Douloureuse était la décision de tourner la page du luso-tropicalisme.
La fin de la République avec les présidences de Jânio Quadros et João Goulart représente un tournant en direction du politique africaine nouvelle, détachée du tropisme lusotropical. Le coup d’État de 1964 déstabilise cette action extérieure, mais les généraux ne mettent pas pour autant fin à la politique africaine précédente.
La politique africaine des années 1960 s’appuie sur deux atouts de la mythologie nationale, favorable à un rapprochement avec l’autre rive de l’Atlantique Sud : la « démocratie raciale » et les origines africaines de la nation.
L’utilisation de la démocratie raciale pour asseoir de bonnes relations diplomatiques avec les pays nouvellement indépendants suscite la réaction des militants noirs, qui débutaient alors leur croisade contre le mythe d’une société sans heurts raciaux. Les diplomates exploitaient l’image d’un brésil métis pour gagner un capital sympathie auprès des pays africains, particulièrement les pays lusophones et les principaux pays d’origine des esclaves (Nigeria, Ghana, Bénin…). À ce propos, Paulina Alberto dans un article dans la revue Afro-Ásia relate la venue au Brésil en 1963 de, Romana da Conceição. En tant qu’Agudá – descendant d’Africain ayant vécu au Brésil et retourné ensuite en Afrique -, Romana incarnait un symbole et permit au gouvernement d’exhiber ses liens forts avec l’Afrique et son image de tolérance raciale (4). Le mouvement culturel noir de Bahia redoute l’utilisation du côté folklorique de ses activités à des fins de politique extérieure. L’utilisation de la négritude est aussi dénoncée par Kwame N’Krumah lorsque le président J. Quadros décide de nommer un Noir à la tête de l’ambassade du Brésil au Ghana. À l’arrivée de l’ambassadeur Souza Dantas à Accra, le président ghanéen estima qu’un véritable geste en faveur de l’égalité raciale aurait été d’envoyer un Noir en poste en Europe (5).
Dans l’élaboration d’une politique africaine nouvelle, il faut souligner le rôle-clé d’Afonso Arinos qui, déjà au plan intérieur, s’est fait remarquer pour sa proposition de loi en faveur de lutte contre le racisme et qui en tant que ministre des Affaires étrangères va développer la politique étrangère indépendante (PEI). Se joignent à lui dans la conception de ce nouveau paradigme, un responsable politique de la gauche modérée favorable à l’articulation démocratie-développement-justice sociale, San Thiago Dantas, et un diplomate partisan de l’autonomie du corps diplomatique par rapport à la société et au monde politique, Araújo Castro.
La nouvelle politique internationale du Brésil s’articule autour « d’un idéal de politique étrangère solidaire des pays pauvres et, en même temps, critique de toute tentative de domination coloniale de la part des grandes puissances » (6). Pour les décideurs politiques, le Brésil en tant qu’ancienne colonie et civilisation issue de la miscégénation se doit de formuler une politique étrangère antiraciste et anticoloniale. Il s’agit pour cette génération politique de l’identité même du Brésil, la projection de son identité nationale à un niveau mondial.
Dès 1961, le Brésil sous la conduite d’Arinos défendra donc les processus de décolonisation en Afrique et en Asie. Pour la première fois, la politique étrangère est pensée comme le reflet des considérations sociales et politiques internes : « La politique étrangère est conçue comme une projection dans le monde de ce que le pays est intrinsèquement : un pays de dimensions continentales, de base ethnique multiraciale, avec des racines culturelles indigènes, européennes et africaines et fortement engagé avec la démocratie représentative et dans le processus de développement accéléré » (7)
L’anticolonialisme est aussi alimenté par l’idée d’un brésil comme « autre Occident », et de ce fait, à la fois membre du Tiers-monde et de l’Occident. Le discours tiers-mondiste devient une des marques de l’identité brésilienne et nourrit une politique africaine axée sur le développement, jusqu’à aujourd’hui.

Le dernier gouvernement de la dictature militaire, celui João Baptista Figueiredo (1979-1985), est une période ambiguë des relations avec l’Afrique. En 1983, le président Figueiredo est le premier président brésilien à partir en tournée africaine. Il y défend une vision pragmatique, fondée sur les idées de stabilisation des échanges de matières premières et de maintien de la sécurité dans l’Atlantique sud. Mais, cette visite n’est pas beaucoup plus qu’un geste symbolique. Les relations avec l’Afrique sont devenues essentiellement mercantiles. Les crises énergétiques conduisent à l’ouverture de relations avec l’Angola et le Nigeria qui deviennent les « chemins faciles de l’océan » (8). Le reste de l’Afrique est délaissé et le poids du continent dans la balance extérieure baisse drastiquement.
La crise économique des années 1980 et l’instabilité politique causée par le desserrement progressif de l’étau autoritaire relèguent la politique africaine à des considérations secondaires. La nécessité d’assurer la viabilité économique et la légitimité internationale traverse toutes les décisions politiques du gouvernement Sarney, premier gouvernement de l’ère démocratique. Il n’existe plus de politique africaine véritable dans le gouvernement. Se maintiennent des relations bilatérales avec des pays importants comme l’Afrique du Sud et le Nigéria, mais il n’existe pas de vision stratégique
d’ensemble pour le continent. Seules fleurissent les relations avec les pays lusophones d’Afrique, reposant exclusivement sur la dimension culturelle. Le président José Sarney organisa le premier sommet des pays lusophones en 1989, menant à la création de la Communauté des Pays de langue portugaise (CPLP) sept ans plus tard.
Les gouvernements suivants concentrent leurs actions extérieures sur l’économie. C’est particulièrement le cas après l’élection de Fernando Collor de Mello (1989), qui conduit à un développement de la diplomatie économique, la politique extérieure devenant le moyen de créer l’image d’un « nouveau Brésil », libéral et tourné vers les pays industrialisés (9). Les années 1980 et 1990 représentent aussi un changement idéologique global avec l’avènement du néolibéralisme et l’instauration du consensus de Washington.
En outre, la politique africaine du Brésil pâtit de l’image catastrophiste véhiculée par les médias internationaux au cours des années 1990. Les descriptions larmoyantes des guerres civiles et des famines circulent dans les journaux et les magazines à grand tirage au Brésil et façonnent la représentation de l’Afrique subsaharienne comme ingérable, inutile à la politique extérieure du pays (10). Seules les relations avec la nouvelle démocratie multiraciale sud-Africaine se sont
renforcées pendant cette période (11).
L’identité nationale et internationale du Brésil dans l’action extérieure du gouvernement Lula da Silva
La fin du mandat présidentiel de F. Cardoso augurait déjà de retrouvailles avec une Afrique considérée aussi bien pour son potentiel économique, pour sa position stratégique en matière de sécurité que pour les liens particuliers entretenus avec l’histoire nationale brésilienne. La libéralisation du programme du Parti des Travailleurs (PT) (12) à la fin des années 1990, n’a laissé au parti que peu de marge d’innovation sur le plan social et économique. La politique étrangère est donc devenue le champ d’innovation du gouvernement de gauche de Lula da Silva, arrivé au pouvoir en 2002. Elle est parmi, les politiques publiques, l’espace où le président a le plus de marge de manœuvre et où il se rapproche le plus des considérations de son parti. Il n’est pas étonnant d’entendre dès lors des discours à tendance universaliste, solidaire et défendant la contre-hégémonie (13). Ces thèmes font partie intégrante du programme international du PT depuis sa création.
Le retour de l’Afrique au centre des priorités de la diplomatie brésilienne est annoncé dès le discours d’investiture de Lula da Silva : « nous réaffirmons les liens profonds qui nous unissent à tout le continent africain et notre disposition à contribuer activement à ce qu’il développe ses énormes capacités » (14).
Dans les discours et dans les pratiques, le gouvernement de centre gauche défend une continuité entre la politique intérieure de lutte contre les inégalités et une politique africaine où la solidarité, la coopération technique et le développement sont des pierres angulaires. André Cicaló dans un rapport d’expertise pour le centre de recherche sur les inégalités en Amérique latine, desiguALdades. net, rapproche la politique africaine de la politique de lutte contre les discriminations raciales, toutes deux plus ambitieuses : « Cette nouvelle phase, à laquelle la nouvelle présidente Dilma Roussef reste engagée, a coïncidé avec deux phénomènes liés aux niveaux international et national : la croissance des intérêts économiques et politiques du Brésil en Afrique et ses efforts intérieurs de lutte contre les inégalités » (15).
La planification de ces politiques sociales est indissociable de la montée en puissance des mouvements sociaux et des organisations de la société civile qui peuvent désormais peser sur les politiques publiques de développement. La formulation de la politique étrangère brésilienne a évolué au cours du gouvernement Lula en direction d’un rapprochement entre l’agenda social et diplomatique (16).
La présence de l’opposition à toute forme de racisme est l’un des points caractéristiques de la politique étrangère du Brésil. Il permet de comprendre la trajectoire historique de l’utilisation de la lutte contre le racisme comme étendard de la politique africaine par le gouvernement Lula. L’association entre réduction des injustices sociales, multilatéralisme (par le haut ou par le bas) et lutte contre le racisme s’inscrit pareillement au centre de l’identité internationale du Brésil. Le récit de la tolérance raciale et de la solidarité entre les peuples sert un dessein d’augmentation du prestige et de l’influence du Brésil sur la scène internationale.
Pour Andrew Hurrell, ces récits ont un héritage tiers-mondiste fort, la fin de la Guerre Froide n’ayant pas sonné le glas du désir de reconnaissance et d’acquisition de statut international pour les sociétés postcoloniales : « Le Tiers-monde peut aussi être appréhendé comme un projet de politique étrangère, qui plaçait l’indépendance et l’autonomie en tête des objectifs nationaux et voyait dans une pratique de solidarité et de cohésion entre sous-développés le meilleur moyen de les atteindre » (17). La solidarité et la volonté de prestige international qui agitent les pays émergents traduiraient pour A. Hurrell, une révision de la pensée tiers-mondiste, comprise comme un projet politique. Les relations Sud-Sud seraient la conséquence d’une cohésion nationale effective, d’une envie commune de développement mais aussi une entreprise diplomatique (18).
Ces relations Sud-Sud sont dichotomiques avec d’une part, des relations horizontales avec les autres
émergents, de l’autre, des relations verticales avec pays les pauvres. Elles se divisent en deux blocs : des relations entre concurrence et coopération avec les autres puissances montantes et des rapports entre solidarité et prédation avec les pays pauvres (19).
L’ethos de solidarité ne se résume pas à une série de discours, il est aussi d’ordre pratique. L’exportation des politiques sociales brésiliennes en Afrique, en est une première preuve. Le gouvernement Lula a ainsi exporté des politiques publiques de lutte contre la pauvreté, dont les programmes phares au niveau national sont le Bolsa Família (allocation familiale) et Fome Zero (lutte contre la faim), dans des pays africains en voie de développement, comme le Ghana ou le Mozambique.
Grâce à ces transferts d’instruments d’action publique, le Brésil soigne son image de champion de développement, de pont entre les pays développés et sous-développés, image, on l’a vu, constitutive de son identité internationale.
La solidarité permet de répondre aux demandes des alliés du PT, de se démarquer des autres pays émergents présents en Afrique grâce à une image valorisante et tout en assurant une domination douce. Lorsque le Brésil coopère dans le domaine de la santé et de l’agriculture avec les pays africains, surtout les membres de la CPLP, c’est justement dans une logique de domination douce.
Le principe de non-indifférence, pilier de la politique africaine du Brésil sous Lula, érode le respect catégorique de la souveraineté des États, longtemps au cœur de l’identité internationale du pays. L’adoption du principe de non-indifférence traduit un changement de positionnement quant aux débats internationaux autour de la souveraineté et du droit ou devoir d’intervenir. Ce principe politique émane notamment des discussions de l’Union Africaine à propos du conflit au Darfour, pour finalement être réapproprié par le corps diplomatique brésilien. Le passage à la non-indifférence suit le changement de statut international du pays ; le Brésil est désormais reconnu et se représente comme puissance internationale, non plus moyenne mais émergente, capable d’intervenir sur des sujets internationaux sensibles avec crédibilité.

Relations entre mouvements noirs et renouvellement des politiques africaines au Brésil
Le mouvement noir, fort de son action transnationale et de sa volonté d’inscrire le Brésil dans « l’Atlantique Noir » participe de la définition de la politique étrangère du pays. Loin d’être une simple décision bureaucratique, le rapprochement du Brésil avec l’Afrique est un indicateur des tendances en mouvement au sein du pays. Pour comprendre ces tendances, il faut remonter à l’histoire des mouvements noirs brésiliens et des luttes raciales dans le pays depuis les années 1960 C’est en effet au cours des années soixante que prend corps la première véritable politique africaine du Brésil, s’intéressant aux pays récemment libérés du joug colonial.
L’intérêt que suscitent les soubresauts politiques dans les anciennes colonies est tel que la présidence de la République ouvre en 1961, l’Institut brésilien d’études afro-asiatiques (IBEAA), pour servir sa nouvelle politique étrangère. Il sera fermé en 1964 après le coup d’État. Mais d’autres centres de recherche rattachés à des universités voient le jour. Ces centres sont en dialogue intensif avec les mouvements noirs, désireux de voir apparaître, à l’instar du champ universitaire états-unien, une convergence des travaux théoriques et des engagements politiques. Le centre d’Études afro-orientales de Salvador de Bahia (1959) est la première institution universitaire à militer en faveur d’une redécouverte de l’Afrique, mais aussi des anciennes colonies asiatiques. Ce premier centre est soutenu par le ministère des Affaires étrangères qui organise les échanges universitaires avec les facultés africaines. Dans la foulée, l‘Université Cândido Mendes à Rio de Janeiro, l’Université de São Paulo ou encore l’Université de Brasilia créèrent des centres africanistes. Le Centre d’études afro-asiatiques (CEAA), de l’université Cândido Mendes, fondé en 1974, devient un point de ralliement des militants noirs, dont la grande majorité des dirigeants sont titulaires d’un doctorat en sciences sociales. Autant lieu de formation et d’échanges de connaissances sur l’Afrique que plateforme militante, le CEEA se rapproche des centres d’études afro-américaines qui aux États-Unis s’engagent directement dans le débat politique national.
L’intérêt des universitaires pour la question postcoloniale s’insère dans une période de circulation intensive de références et de valorisation du caractère africain de la culture noire brésilienne, en particulier au sein des associations culturelles de Bahia. L’africanisation des pratiques culturelles des Noirs du Brésil ne signifie pas qu’une ethnie noire ou afro-brésilienne prenne forme. Si « l’ethnicisation » du discours est patente au cours de ces années et si le caractère « afro » est valorisé, en réalité la communauté noire demeure simplement noire, non africaine. La présence d’une communauté noire, d’un sentiment d’appartenance partagé ne signifie pas qu’il existe une ethnie car il n’y a pas d’imaginaire stabilisé et distinct du reste de la population brésilienne (20).
Le sentiment identitaire et les représentations sociales des groupes noirs engagés s’expriment à travers diverses pratiques culturelles qui adoptent pour matrice une prétendue esthétique africaine, matrice qui les singularise. Cette africanisation correspond à une restructuration du mouvement noir et coïncide avec une politisation du mouvement (21). Le carnaval de Bahia, dont le retour « aux racines africaines », a lieu dans les années 1960-1970, endosse le rôle, selon Michel Agier, de « mise en scène des identités sociales […] exhibition de la complémentarité phénotype-hiérarchie sociale » (22). Les pratiques cultuelles et culturelles deviennent les armes politiques des Noirs (23) qui s’imprègnent des pensées d’autres mouvements d’affirmation de la spécificité culturelle noire. Le monde culturel noir s’africanisant se singularise et jette les bases du mouvement politique afro-brésilien contemporain qui émergera quelques années plus tard à la faveur d’un contexte politique plus ouvert.
Avec l’ouverture limitée mais graduelle du système politique au cours des années 1970, le mouvement noir retourne vers une esthétique africaine, s’intéresse à la production littéraire et universitaire étrangère et trouve un léger écho dans une politique étrangère qui rallie progressivement le camp de la décolonisation. La répression de la part de la dictature rapproche les militants des autres exilés politiques, favorisant une radicalisation du mouvement et une convergence des causes démocratiques. Les conditions d’une montée en puissance et de la constitution d’un réseau politique dense sont réunies.
La trajectoire d’autonomisation culturelle et politique du mouvement social noir passe par l’appropriation de la littérature de la négritude, qu’elle soit nationale ou étrangère. Dans les années 1970 se diffuse à grande échelle la littérature afro-brésilienne, de la négritude et les écrits d’intellectuels engagés, en bref une « littérature engagée, ancrée dans une communauté et qui vise à déconstruire le monde écrit et décrit par le blanc » (24). Au sein de l’intelligentsia noire de Rio de Janeiro, le Teatro Experimental do Negro (Théâtre expérimental du Noir – TEN) s’approprie et propose des écrits engagés au service de l’intégration du Noir dans le monde culturel brésilien. L’insertion de l’Afro-Brésilien dans le monde du théâtre s’accompagne d’une volonté d’inventer une autre forme de théâtre, une modalité dramaturgique singulière dans une société qui par l’assimilation des pratiques culturelles au folklore annihile de telles inventions (25). La création d’une telle formule théâtrale s’accompagne de campagne d’alphabétisation et de conscientisation des acteurs noirs. Le journal Quilombo, publié par les membres du TEN diffuse les écrits de la négritude, traduit certains poèmes 120.
Abdias do Nascimento, fondateur du TEN, résume les objectifs du mouvement, qui au-delà de la sphère culturelle, ambitionne de : « Sauver, au Brésil, les valeurs de la personne humaine et de la culture négro-africaine, dégradés et niés par une société dominante qui, depuis les temps de la colonie, portait le bagage mental de sa formation métropolitaine européenne, imbue de concepts pseudo-scientifiques sur l’infériorité de la race noire » (26).
Le Mouvement Noir Unifié (MNU) est créé le 7 juillet 1978 à São Paulo. Il devient rapidement la plus grande organisation de la mouvance noire contemporaine et le point de départ à la profusion d’organisations de lutte contre le racisme et de valorisation de l’Afro-descendant au Brésil. D’abord appelé Mouvement Unifié Contre la Discrimination Raciale (MUCDR), c’est Abdias do Nascimento et Lélia González, deux figures tutélaires du mouvement, qui proposent d’en changer le nom, et d’assumer le caractère racial de l’organisation (27).
Le rapprochement de l’analyse de classe et de race est la grande innovation de ce mouvement. Alors que les anciennes organisations favorisaient la compréhension de l’exclusion du Noir par la classe sociale, le MNU rompt avec cette tradition et intègre la race dans son cadre d’analyse. Ce choix idéologique va à l’encontre de l’idée d’un paradis racial brésilien, défendue par la dictature en place. La déconstruction du mythe de la démocratie raciale vient d’abord du monde universitaire nord-américain, relayé plus tard par les universitaires brésiliens et les mouvements sociaux noirs (28). L’inspiration des mouvements des droits civiques américains, qui adoptent un discours où la tonalité raciale est prédominante, irrigue de plus en plus les productions de programmes d’action du mouvement brésilien. L’afrocentrisme, c’est-à-dire le sentiment d’affiliation à une communauté
d’ascendance africaine internationalisée, devient alors une matrice cognitive et idéologique forte du mouvement social noir brésilien (29).
À partir du début des années 1980, les organisations du mouvement noir ont été de plus en plus intégrées au processus politique à divers échelons. Les ministères, commissions de politiques publiques ou les secrétariats de lutte contre le racisme se sont développés simultanément à la structuration d’une mouvance noire puissante, qui s’institutionnalise. Les organisations afro-brésiliennes deviennent quelque part des instances satellites de ces institutions publiques, dirigées par des membres du mouvement social.
Ce processus de convergence entre institutions politiques et revendicatives est indissociable de l’ascension du PT et de la création de forums participatifs au niveau municipal, faisant que « les mouvements sociaux ont commencé à inclure la lutte « au sein de l’État » parmi les composantes importantes de leur répertoire d’action » (30).
Dans un contexte international de polarisation idéologique, le MNU est fortement influencé par les mouvements politiques de la gauche radicale, notamment le mouvement trotskyste Convergência socialista et marxiste-léniniste Democracia Socialista (31). De même, le mouvement syndical ouvrier et étudiant, ainsi que le PT naissant sont en dialogue constant avec le mouvement politique noir (32).
Cette convergence, qui a lieu en plein cycle de protestation permettra au mouvement de trouver dans les années 1990 et 2000 de nombreux relais politiques et institutionnels.

L’année 1985 est marquée par l’adoption de la loi Caó, qui renforce la loi Alfonso Arinos de 1951, première loi de pénalisation du racisme. La loi Caó (n° 7716) fait de la discrimination raciale un crime, passible d’une peine de prison allant d’un à cinq ans. Cette nouvelle législation acte un passage d’une orientation politique à une autre : « Avant 1988, le racisme n’était pas légalement considéré comme un crime. En en faisant un crime cette année-là, le gouvernement passa du paradigme de la discrimination raciale à celui des droits humains » (33). La loi Caó est surtout symbolique. Son application se révèle assez inefficace, car il est très difficile de condamner un individu pour racisme.
Cependant, une telle législation suscite des espoirs au sein des organisations de lutte contre le racisme. Surtout qu’au sein de l’assemblée constituante, une sénatrice porte leur voix : Benedita da Silva. Le 20 novembre 1985, alors qu’à l’extérieur de l’Assemblée, sur l’esplanade des trois pouvoirs à Brasilia, le mouvement noir manifestait, la sénatrice exprime une parole forte à la tribune : « Nous voulons que ce Brésil montre son visage noir » (34).
En 1992 est créée la fondation culturelle Palmares qui aborde encore la question raciale sous l’angle culturel, mais qui représente une avancée considérable pour le mouvement noir. En effet, la culture afro-brésilienne est intégrée au patrimoine, l’apport des Noirs à la construction de la nation étant officiellement reconnu. En 2012, l’appel à projets Conexão Brasil-África, a permis de sélectionner
des projets de développement, de transferts de politiques publiques et de coopération technique ayant pour public les communautés africaines ou afro-descendantes. Il est le fruit d’une coopération entre la fondation Palmares, l’Agence brésilienne de coopération (ABC) et le ministère des Affaires étrangères. Le président de la fondation résume l’idée principale de ce plan dépassant le cadre national : « Il ne fait pas de doute que nous avons besoin d’approfondir nos relations culturelles avec le continent africain, avec en perspective des politiques structurantes et la valorisation de l’identité nationale. Cette demande confirme l’ambition [de la fondation]de devenir un pont culturel entre le Brésil et le continent africain et de produire des effets positifs pour le peuple brésilien et africain » (35).
Cette déclaration est révélatrice de la connexion faite entre la défense de la communauté afro-brésilienne, le développement de l’Afrique et la valorisation de l’identité nationale. Ce triptyque discursif indique à quel point la discussion et l’action coordonnée entre organes officiels et mouvement noir se sont élargies, jusqu’à irriguer les préoccupations d’action extérieure.
Outre l’apport nouveau de la fondation Palmares, la question de la teneur de l’identité et de l’histoire nationales avance au-devant de la scène après une mobilisation massive des organisations noires à la fin de l’année 1995. Le 20 novembre 1995, 300 ans après la mort de Zumbi dos Palmares (36), les différentes organisations noires, unies sous la même bannière, ont organisé une marche à Brasilia qui réunissait environ 30.000 personnes. Appelée « Marche Zumbi contre le racisme, pour la citoyenneté et pour la vie », cette action avait pour objectifs d’une part, valoriser l’histoire propre aux Afro-descendants et de l’autre, pointer l’absence de législation et de politiques publiques visant à réduire les discriminations envers la population noire.
La marche Zumbi est une étape décisive dans la trajectoire du mouvement noir et dans son rapprochement avec les autorités publiques. En effet, la présentation d’un programme de lutte contre le racisme auprès du gouvernement fédéral a renforcé la crédibilité institutionnelle du mouvement. La proposition d’un programme effectif a confirmé le passage à une logique de partenariat, plutôt que de confrontation. La réponse du gouvernement à cette action médiatisée fut de créer le Groupe de travail interministériel (GTI) dont la mission consistait en « l’élaboration de diagnostic et la formulation de proposition/ projets tournés vers la valorisation et l’amélioration de la vie de la population afro-descendante brésilienne » (37).
Cette manifestation médiatisée et relayée par le pouvoir politique a pour conséquence l’ouverture d’une discussion sur l’histoire de l’esclavage et le récit national. Déjà entamé par la constitution de 1988 qui inclut l’obligation d’enseigner l’histoire de l’Afrique, l’échange conceptuel autour du récit commun est particulièrement vif alors même qu’est célébré le tricentenaire de la mort d’un héros de la cause noire, longtemps oubliée de l’histoire officielle.
Le 20 novembre est déjà célébrée comme journée de la conscience noire, de manière non officielle, depuis la fin des années 1960. La marche de 1995 milite en faveur d’une reconnaissance officielle de cette commémoration, qui sera finalement légiférée quinze ans plus tard, avec la loi n° 10. 639 sur l’enseignement et la valorisation de l’histoire de l’Afrique et de l’Afro-brésilien. C’est la première loi votée par le gouvernement Lula da Silva en 2003. La mise en application de la loi a mis en lumière deux problématiques importantes : de quelle histoire de l’Afrique parle-t-on ? Quelles implications véritables cet apport didactique peut-il avoir sur l’image de l’Afro-Brésilien, la lecture de l’histoire nationale et même les rapports avec le continent africain ? Ce texte est un premier pas-de-géant, selon ses instigateurs, en direction de la fin de la représentation dépréciative de l’Afrique et des Afro-brésiliens.
Dans les années 2000, des figures du mouvement noir ont accédé à des postes ministériels ou sont devenues députées pour les partis de gauche. Ces acteurs politiques de premier plan ont participé au déplacement du président Lula en Afrique. Quel était leur légitimé ou leur statut lors de ces voyages ? La réponse apportée par les discours diplomatiques est claire : réparer les torts causés aux Afro-Brésiliens, c’est renouer avec l’Afrique mythifiée de la cosmogonie brésilienne, mais aussi avec la « véritable », située de l’autre côté de l’Atlantique sud.
La lutte contre le racisme et ses conséquences sur l’agencement identitaire font partie intégrante de la rhétorique politique des responsables politiques du Brésil en déplacement en Afrique : « Ce qui nous sépara, ce ne fut pas l’Océan Atlantique, ce qui nous sépara ce furent les esprits colonisés qui dirigèrent notre pays pendant si longtemps, qui préférèrent se dédier et regarder vers l’Europe et vers les États-Unis, oubliant leurs frères plus proches, que ce soit en Amérique du Sud, ou en Afrique. Nous allons néanmoins réparer cette dette, pour que nos enfants, demain, soient fiers de notre intégration. Et qu’ils n’aient jamais honte de dire : « Il n’y a rien de pire, dans l’humanité que la discrimination, quel que soit le type, mais surtout raciale » » (38).
La politique africaine du Brésil est un miroir qui reflète l’image que le Brésil veut se donner, que le Brésil a de lui. Acteur institutionnel durable, le mouvement noir participe à la constitution de cette définition de soi. Liées à l’Afrique par diverses matrices identitaires, les organisations de défense de l’identité noire prennent part à ce rapprochement, en tant qu’instances de conseil et sources de légitimité. Le mouvement noir s’est d’abord saisi d’une conjoncture mondiale favorable aux droits de l’homme et aux revendications des minorités pour, dans un premier temps peser sur le jeu politique interne et, dans un second temps, exprimer son opinion et participer à la politique extérieure du pays. La présence des dirigeants du mouvement social noir dans le gouvernement brésilien, participant directement ou indirectement aux décisions extérieures, est source de crédibilité pour l’État sur la scène internationale.
Le député du PT et activiste de la cause noire, Luiz Alberto, publie en 2003 une tribune intitulée Le président et les Noirs, qui traduit l’engouement des militants pour la nouvelle politique africaine : « Le voyage du président Luiz Inácio Lula da Silva sur le continent africain – dont j’ai l’honneur d’intégrer la délégation – apporte une nouvelle perspective pour la communauté noire, brésilienne et africaine » (39). Dans un texte enjoué, qui défend une politique « qui n’est pas seulement rhétorique », le député de l’État de Bahia estime que « l’action de Lula en Afrique est aussi une réaffirmation du mouvement noir brésilien » (40). Au sein de la mouvance noire et des cadres du PT, le lien entre politique africaine et action sociale contre les discriminations est donc clair, les deux faisant partie d’une même ambition de réparation des torts passés.
Si l’engouement du mouvement noir envers la politique africaine depuis 2003 est fort, celui-ci n’a pas hésité à critiquer les erreurs stratégiques du président, et notamment sa « gaffe » lors de son passage à Windhoek, où il déclara : « Je suis surpris parce qu’en arrivant à Windhoek, je n’avais pas l’impression d’être dans un pays africain. Peu de villes au monde sont si propres, si belles architecturalement et ont un peuple aussi extraordinaire que cette ville. […] La vision que l’on a de l’Afrique est aussi que c’est un continent où il n’y a que des pauvres ». Par voie de presse, les militants ont réagi, dénonçant un propos « lamentable », un manque d’humilité et de connaissance sur l’Afrique.
Le mouvement noir milite en faveur d’une politique africaine encore plus solidaire : « La visite de Lula en Afrique c’était ça : on aurait dit un nouveau colonisateur. Il n’était pas partenaire, c’est-à-dire une personne qui lutte pour la construction de marchés plus solidaires » (41). Les lignes du programme du MNU illustrent ce désir de solidarité entre le Brésil et l’Afrique, ou plus précisément entre Brésiliens et Africains : lutte pour mettre fin à la violence contre les immigrés africains ; garantir l’interaction entre Noirs du Brésil, d’Afrique ou de quelconque partie du monde.
Les relations avec l’Afrique au cœur des questions identitaires brésiliennes
La politique étrangère n’est pas étrangère à la société brésilienne. Elle n’est pas un îlot décisionnel, isolé des questions identitaires et de la politique contestataire. Longtemps, le travail de construction de l’identité de l’État-nation brésilien a occulté son côté africain. Sur la scène internationale, le Brésil en partie à cause de son complexe vis-à-vis de l’Occident a fermé les yeux au continent africain. Les relations avec l’Afrique ont toujours eu pour composante importante, une réflexion sur l’identité nationale du pays. L’analyse de l’histoire de ses rapports depuis le début la Première République permet de mettre en relief trois éléments centraux : l’Afrique est toujours envisagée par le filtre de l’afro-brésilianité ; la politique africaine est un indicateur pertinent de l’opération de formation de la nation brésilienne ; les rapports Brésil-Afrique servent un dessein d’émergence, elle-même dépendante d’un travail de renforcement de la cohésion
nationale, d’une consolidation du pacte politique et social.
Dans la description de l’originalité brésilienne, la race, tantôt fondue dans la classe, tantôt dispersée dans la culture et l’identité, est un invariable : « Il est vrai qu’au Brésil la race est à la fois un problème et une solution : l’identité nationale » (42). Mal et remède, la question raciale lisible à travers l’identité nationale, aiguille les actions collectives, les discours et les pratiques politiques. La politique étrangère, pont entre les dimensions interne et externe de l’identité de l’État-nation, sert d’indicateur privilégié des impasses de « cette construction perpétuelle d’identités nationales » (43). Identité, émergence de la société civile et imbrication entre politiques intérieure et extérieure sont des problématiques centrales dans la formulation de la politique étrangère du Brésil. Son émergence politique et économique, son discours valorisant les droits de l’homme et surtout sa politique africaine renouvelée ne sont pas seulement les fruits du développement et de la croissance du pays ; elles reflètent aussi des enjeux sociaux.
Sous Lula da Silva, l’injonction normative plus forte des discours diplomatiques et la diffusion des analyses par l’émergence ont engendré une série de publications ne soulignant que l’instrumentalisation de la politique africaine à des fins de prestige politique et de croissance économique. Cette lecture néglige la dimension intérieure de la politique étrangère, le fait qu’elle dialogue avec des acteurs sociaux et politiques nationaux. Lire les actions extérieures du Brésil en Afrique de la sorte, c’est omettre les parallèles effectués par les diplomates et les responsables politiques entre politique solidaire en Afrique et lutte contre le racisme au plan national et c’est perdre de vue la manifestation forte du mouvement noir en faveur d’une redécouverte de l’Afrique. La fabrique du nouveau régime d’altérité en cours au Brésil pénètre complètement les rapports Brésil-Afrique.

(1) Extraits du mémoire de recherche de Master 2 à Sciences-Po Bordeaux de Laurent Duarte en 2013, « De la lutte contre le racisme à la politique africaine : le rôle du mouvement noir dans le réagencement identitaire et la construction de l’identité internationale du Brésil », sous la direction de Michel Cahen. Extraits retravaillés et ré-agencés par Maud de la Chapelle.
(2) Juliana Santil, « Ce métis qui nous trouble » Les représentations du Brésil dans l’imaginaire politiqueangolais : l’empreinte de la colonialité sur le savoir, Thèse pour le doctorat en sciences politiques sous la direction de Dario Battistella, Université de Bordeaux, p. 49
(3) Jerry Dávila, Hotel Trópico : Brazil and the Challenge of African Decolonization, 1950-1980 Duke University Press, 2010, p.8
(4) Paulina Alberto A., « Para africano ver : intercâmbios africano-baianos na reinvenção da democracia racial, 1961-1963 », Afro-Ásia, 2011, no 44, p. 98.
(5) André Cicaló, « Brazil and its african mirror : discussing « black » approximations in the South Atlantic », Berlin, desiguALdades.net Research Network on Interdependent Inequalities in Latin America, 2012, p. 4 ; António Carlos Peixoto, « Le Brésil et l’Afrique : solidarités culturelles et stratégie commerciale », Politique africaine, 1983, no 10, p. 32.
(6) José Alexandre Altahyde Hage, « Caráter nacional e cultura na diplomacia brasileira », Estudos de Sociologia, [En ligne], 2013, vol. 2, no 17
(7) Alexandra de Mello Silva, « O Brasil no continente e no mundo : atores e imagens na política externa brasileira contemporânea « , Revista Estudos Históricos, 1995, vol. 8, no 15, p. 110.
(8) José Flávio Sombra Saraiva et Irene Vida Gala, « O Brasil e a África no Atlântico Sul : uma visão de paz e cooperação na história da construção da cooperação africano-brasileira no Atlântico Sul », [En ligne], p.10, consulté le 18 septembre 2008, URL : http://bibliotecavirtual.clacso.org.ar/ar/libros/aladaa/sombra.rtf
(9) Monica Hirst, « The Foreign Policy of Brazil : From the Democratic Transition to its Consolidation », in Heraldo Munoz and Joseph S. Tulchin. Latin American Nations in World Politics, Oxford, Boulder., Westview Pess, 1996, p. 202.
(10) Anderson Ribeiro Oliva, « Reflexos da África : ideias e representações sobre os africanos no imaginário ocidental, estudos no Brasil e Portugal », Goiânia, Puc Goiás, 2010, p. 159‐203.
(11) Gladys Lechini, « O Brasil na África ou a África no Brasil « , A construção da política africana pelo Itamaraty. Nueva Sociedad, outubro, 2008, p. 60
(12) PT : Parti des Travailleurs, fondé en février 1980 et au pouvoir au Brésil depuis 2003
(13) « L’anti-impérialisme occupe aujourd’hui une fonction rhétorique et électorale, mais ne se traduit plus par des nationalisations ou par un refus de collaborer avec la puissance nord-américaine. » in Camille Goirand, « De Vargas à Collor, visages du populisme brésilien », Vingtième Siècle, 1997, vol. 56, no 1, p. 156.
(14) Discours d’investiture du ministre des Affaires étrangères, Celso Amorim, le 2 janvier 2003 à Brasilia.
(15) André Cicaló, « Brazil and its african mirror : discussing « black » approximations in the South Atlantic », Berlin, desiguALdades.net Research Network on Interdependent Inequalities in Latin America, 2012, p.7.
(16) Maurício Santoro, « Democracia e Política Externa no Brasil », Revista Estudos Políticos, 2012, no 4, p. 95.
(17) Andrew Hurrell, « Récits d’émergence : la fin du Tiers-monde ? », Critique internationale, 2012, N° 56, no 3, p. 20.
(18) Andrew Hurrell, « Récits d’émergence : la fin du Tiers-monde ? », Critique internationale, 2012, N° 56, no 3, p. 33
(19) Enrique Ventura, « La diplomatie Sud-Sud du Brésil : un discours solidaire au service d’une diplomatie d’influence » (Axe IX, Symposium 33), 2010.
(20) Sur la question de l’ethnie et son appropriation discursive et politique, voir « Ethnicité politique. Pour une lecture réaliste de l »identité », Paris, L’Harmattan, 1994.
(21) Armando Almeida, « A reafricanização recente da Bahia enquanto uma ação anti-racista », Salvador, UFBA, 2008, p. 3.
(22) Emmanuelle Kadya Tall, Le candomblé de Bahia : miroir baroque des mélancolies postcoloniales, Paris, les
Éd. du Cerf, 2012, p. 132.
(23) Michel Agier, « Ethnopolitique : racisme, statuts et mouvement noir à Bahia », Cahiers d’études africaines, 1992, vol. 32, no 125, p. 53‐81.
(24) Zilá Bernd, « Negritude e literatura na América Latina, Mercado Aberto », 1987, p. 17.
(25) Abdias do Nascimento, « Teatro experimental do negro : trajetória e reflexões », Estudos Avançados, 2004, vol. 18, no 50, p. 212.
(26) Abdias do Nascimento, « Teatro experimental do negro : trajetória e reflexões », Estudos Avançados, 2004, vol. 18, no 50, p. 220.
(27) Entretien avec Milton Barbosa in Centro de Pesquisa e Documentação de História Contemporânea do Brasil (Fundação Getúlio Vargas), Histórias do movimento negro no Brasil : depoimentos ao CPDOC, p. 156.
(28) Livio Sansone, « Negritude sem etnicidade : o local e o global nas relações raciais e na produção cultural negra do Brasil », Pallas Editora, 2004, p. 21.
(29) David Covin, « Afrocentricity in O movimento negro unificado », Journal of Black Studies, 1990, vol. 21, no 2, p. 126‐144 ; António S. Guimarães, « A questão racial na política brasileira : (os últimos quinze anos) », Tempo social, vol. 13, no 2, p. 134.
(30) Evelina Dagnino et Luciana Tatagiba, Mouvements sociaux et participation institutionnelle : répertoires d’action collective et dynamiques culturelles dans la difficile construction de la démocratie brésilienne, Revue internationale de politique comparée, 2010, vol. 17, no 2, p. 168.
(31) Entretien avec Yedo Ferreira Centro de Pesquisa e Documentação de História Contemporânea do Brasil (Fundação Getúlio Vargas), Histórias do movimento negro no Brasil : depoimentos ao CPDOC, op.cit, p. 157 ; Rafael Petry Trapp, « Memória discursiva e antirracismo : discursos sobre « movimento negro » no jornal Afro-Latino-América », Revista Memória em Rede, 2013, vol. 3, no 8, p. 5.
(32) Entretien avec Helena Machado in ibid, p. 167‐169.
(33) Françoise Saillant, Droits, citoyenneté et réparations des torts du passé de l’esclavage : Perspectives du Mouvement noir au Brésil , Anthropologie et Sociétés, 2009, vol. 33, no 2, p. 151.
(34) Flavia Rios, « O protesto negro no brasil Contemporâneo », Lua Nova, 2012, vol. 85, p. 57.
(35) Conexão Brasil-África : Edital recebe mais de 70 propostas, Palmares, http://www.palmares.gov.br/2012/12/conexao-brasil-africa-edital-recebe-mais-de-70-propostas/, consulté le 12
décembre 2012.
(36) Zumbi Dos Palmares, né en 1655 et mort le 20 novembre 1695, est un esclave insurgé qui a rejoint le royaume autonome des Palmares (Nord-Est du Brésil) dont il reste le plus célèbre chef de guerre.
(37) Luís G.. Santos Encarnação, O Estado brasileiro, o Movimento Negro Unificado e as Políticas Públicas para as populaçõesnegras brasileiras entre os anos de 1988 e 2008 : elementos para uma análise , Anais do XXVI Simpósio Nacional de História, São Paulo, ANPHU, 2011, p. 11.
(38) Lula da Silva, discours lors de l’Inauguration du Musée Afro-Brasil, São Paulo, le 23 octobre 2004. Ces propos ont été intégrés, et c’est illustratif, à Resenha de politica externa, n° 95, sem. 2, 2004, recueil des discours diplomatiques effectué par le ministère des Affaires étrangères.
(39) Luiz Alberto, O presidente e os negros , Epoca, 09/11/2003.
(40) Luiz Alberto, O presidente e os negros , Epoca, 09/11/2003.
(41) Témoignage de Lucia Xavier Centro de Pesquisa e Documentação de História Contemporânea do Brasil (Fundação Getúlio Vargas), Histórias do movimento negro no Brasil, p. 459.
(42) Lilia Katri Moritz Schwarcz, Le complexe de Zé Carioca : Notes sur une certaine identité Métisse et Malandra. , Lusotopie, 1997, p.264.
(43) Lilia Katri Moritz Schwarcz, « Le complexe de Zé Carioca: Notes sur une certaine identité Métisse et Malandra. , Lusotopie, 1997, p.264.
///Article N° : 13039

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