Toumani & Sidiki

De Toumani et Sidiki Diabaté (World Circuit)

Print Friendly, PDF & Email

Connu pour ses sessions mythiques, Toumani Diabaté, deux fois nominé aux Grammy Awards, signe un album somptueux avec son fils Sidiki. Une master class pour tous les adeptes de la harpe-luth d’Afrique de l’Ouest.

Toumani est connu pour ses magnifiques sessions aux côtés de feu Ali Farka Touré. Il est également connu pour l’album New Ancient Strings, commis en 1997 aux côtés de Ballaké Sissoko. Un duo historique, réuni par la Britannique Lucy Duran, qui trouve, mine de rien, un prolongement, aujourd’hui, dans cette conversation à quatre mains, entamée par Toumani avec son propre fils, au nom d’une geste intemporelle, celle du pays mandingue. Des joutes koraniques orchestrées en virtuose pour narrer le classicisme d’une musique moult fois séculaire. Ce n’est pas pour rien que la harpe-luth des griots d’Afrique de l’Ouest demeure cet instrument mythique salué par les rois et les princes.

Lucy Duran est toujours là, au taquet. Ancienne disciple du grand-père Diabaté, co auteur du premier News String, elle a propulsée Toumani dans le grand monde à Londres et compte désormais les pas du petit-fils Sidiki, tel un ange gardien dans une famille de musiciens, dont le grand récit remonte à 72 générations. Le jeune Sidiki, rendu célèbre par son duo hip-hop, Iba One, et son afro-électro pop, qui remplit le stade Modibo-Keita, répond ici à son père, qui n’a jamais cherché à figer la tradition dans un bocal muséographique. Il y est question de la grandeur d’un instrument et des limites du temps. A la kora, les Diabaté sont gardiens et passeurs, par principe. On naît griot, on ne le devient pas. Le reste, on l’invente.
Raison pour laquelle Toumani & Sidiki, l’album, sonne aussi juste, aussi précieux, aussi somptueux. Un répertoire ancien en écho au monde actuel. Certains titres revisités ont près de 300 ans. Toumani et Sidiki poussent la vertu jusqu’à arranger des compositions nouvelles à la manière ancienne. Pour rester en phase avec une mémoire sensible des origines. Il y a un morceau, le seul improvisé en studio, « Lampedusa », qui évoque la tragédie des migrants, entre l’Afrique et l’Europe. Un hommage qui vire au questionnement sur les ombres coloniales et la mainmise économique du Nord sur le Sud. Au nom du père et du fils, les notes fusent, cristallines, pleines. Sur des accords très pointus, que l’on n’entend rarement, la kora s’étant souvent démocratisée, au point de s’oublier, ces dernières années.
Un duo éblouissant !
Une master class au destin tracé.

Leur site : Toumani and Sidiki ///Article N° : 12824

  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
Les images de l'article





Laisser un commentaire