Boulpik

Konpa lakay (Lusafrica)

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Dix années pour un premier album au son apaisé, rendant hommage aux troubadours ambulants des campagnes haïtiennes. Un retour aux sources du konpa et aux pas de danses des années 1950. Des mélodies roots, fraîches, dignes et entraînantes.

À la première écoute, cet album exprime toute la délicatesse du troubadour de Port au Prince au taquet. L’instrumentation y est légère, à la façon des Ti Jazz bon peuple en campagnes. Matamo, banjo, tambours, manouba, kaskayet. Un konpa maison. Franckel Sifranc et ses amis de Boulpik célèbrent le rude quotidien en mélodies qui tanguent, mais sans excès. Ni superflus. À peine s’ils convient le violon, l’accordéon, la guitare, acoustique ou électrique, à cette petite fête des jours de gris. Sur Si lavi te fusil, Nèg Dafrik, Karol ou encore Lakay (reprise de Tabou Combo), ils succombent au charme des additionnels, mais sans forcer, la main sur le cœur. Pour faire monter les températures, sans doute. Leur joie, leur amour, n’ont pas besoin de plus pour ravir l’oreille du passant, qui, lui, est toujours sur la défensive. Pas étonnant que les touristes se fassent encore cueillir à leur sortie d’avion en Perle des Antilles par le son de cette musique, si fidèle au déhanché d’une terre faussement immobile.
Dix ans d’existence tout en cadences festives, et ce premier album, pour le dire, enfin, grâce à un défricheur, José Da Silva. Les six de Boulpik sont de Delmas 4, un quartier populaire, chargé d’histoire. Comme nombre de leurs concitoyens de cette capitale, ils viennent de la province lointaine, du sud-ouest isolé de l’île, de la Grand’ Anse (Jérémie) pour être exact. Alors, ils chantent le terroir, souvent avec nostalgie, saluent l’homme qui chèche la vie, malgré crises et catastrophes (Twa zan). Une musique remuant des souvenirs enfouis au siècle dernier, du temps des Jean-Baptiste Nemours et autres coupeurs de canne de retour sur le chemin de Cuba, le voisin. Un son resté artisanal pour Boulpik, roots de chez roots, semant de l’insolite et de la fraîcheur en tournée, obligeant à se remettre aux pas de danse datant des années 1950. Entre Ti-Coca et Haïtian Troubadours, un jeu qui ramène le swing du konpa à sa source. Une musique de rue, comme on les aime, digne, sans effets de manche. Avec une seule envie ! Vous entraîner dans la ronde des banquets. Mariages, communions, bals d’hôtel, de jour, comme de nuit. Un prétexte pour s’évader dans la chaleur d’une langue…

///Article N° : 12714

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