« En Italie, la situation des Somaliens est assez unique, plutôt dramatique »

Par Warscapes

Entretien de Veruska Cantelli avec Cristina U. Ali Farah
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Cristina Ali Farah est une poète et romancière qui émerge comme un des auteurs les plus importants de la scène littéraire italienne contemporaine. Dans un pays en proie à l’atrophie, son travail semble apporter un souffle vital car en son sein se développe une sensibilité culturelle à la diversité et par extension se dessine une nouvelle identité italienne. Les Italiens d’origine africaine aux côtés d’autres voix issues de l’immigration, dont les enfants nés sur le sol italien se battent aujourd’hui pour faire reconnaître leur citoyenneté italienne, parviennent finalement à jouir de l’importance culturelle et politique qu’ils méritent. L’Italie, politiquement brisée et culturellement appauvrie, semble prête à se confronter à son passé colonial et à son racisme latent. Ce moment de convergence unique favorise le jaillissement de nouvelles voix parmi lesquelles celle de Cristina Ali Farah tient une place centrale.

« Une femme de notre groupe a répondu : mon village, c’est mon baluchon. »
Mahmoud Darwish

Les romans et poèmes de Cristina Ali Farah ont pour moteur la trajectoire dramatique d’une femme écrivain qui a fui la Somalie dévastée par la guerre avec un nouveau-né dans les bras. Née à Vérone en Italie d’un père somalien et d’une mère italienne, elle a grandi à Mogadiscio où elle a fréquenté une école italienne jusqu’en 1991, lorsqu’il a fallu fuir la guerre civile. La guerre et les hommes constituent le creuset de ses thèmes sur lesquels elle appose sa voix singulière, une voix qui manifeste une profonde compassion assourdie par les mécanismes du pouvoir à travers l’histoire. En tant qu’écrivain immigrée, Cristina Ali Farah porte en elle la ténacité de son pays ; en tant que poète, elle puise dans la richesse du multilinguisme. La guerre civile et l’exil forcé qui s’en est suivi sont à l’avant-scène de son premier roman, Madre Piccola(2007)(1), écrit en italien. Barni et Domenica, deux cousines liées depuis la naissance par un amour profond et réciproque se retrouvent séparées par la tourmente sociale qui gagne leur pays. Domenica quitte Mogadiscio et entame un parcours qui la mène en Europe et aux États-Unis, durant lequel elle demeure perdue et perturbée. Barni, elle, rejoint Rome où elle devient obstétricienne. Les deux cousines se retrouvent finalement après des années de séparation lorsque Domenica arrive à Rome pour donner naissance à son fils. Barni devient alors petite mère, traduction littérale du terme somali habaryar qui s’applique normalement à la tante maternelle et confère au mot tante un sens plus profond. Les deux femmes s’engagent ensuite ensemble sur le chemin douloureux du souvenir et de la guérison. L’histoire, centrée sur le ressenti des deux héroïnes, est étoffée par la présence d’une multitude de personnages qui, à travers leurs propres expériences, restituent les luttes et les souffrances endurées par une nation entière. Malgré la séparation, la solitude et l’aliénation auxquelles ils font face, tous parviennent inlassablement à se retrouver dans cette profonde bienveillance pour autrui qu’ils cultivent, en témoigne l’allusion tendre faite dans le titre du roman. J’ai pu observer cette compassion si particulière chaque fois que j’ai eu l’honneur de parler avec Christina Ali Farah au cours des deux dernières années.
Son travail, ainsi que celui de la nouvelle génération de voix italiennes issues de l’immigration, est central dans la réactivation de la très ancienne question de la questione della lingua, ce dilemme italien qui réside entre admettre la richesse du dialecte dans la langue et reconnaitre la nécessité que cette langue puisse embrasser les clivages nord-sud. Mia Lecomte, critique et poète, écrit : « L’Italie a toujours été en quête d’une langue unitaire, une langue régulièrement questionnée et soumise à débat. Aujourd’hui, alors que nous nous trouvons dans une situation de stagnation politique et culturelle durant laquelle l’Italie est fortement influencée par la langue de la publicité et des medias, alors que nous observons une homogénéisation littéraire et linguistique qui met à l’épreuve l’existence même de la poésie, cette langue de l’immigration, opportunément et naturellement révolutionnaire, vitale, porte en elle la promesse de redonner à l’italien toute sa richesse »,. Pier Paolo Pasolini a souligné à plusieurs reprises le rôle de la littérature dans cette réflexion sur la formation d’une langue unitaire dans un contexte où l’italien se retrouve appauvri et standardisé. Aujourd’hui, c’est à travers des écrivains comme Cristina Ali Farah que l’Italie peut trouver une issue salutaire à cette douloureuse atrophie culturelle et humaine.

Veruska Cantelli. Votre roman, Madre Piccola, est fait de perpétuels déplacements dans le temps et dans l’espace. Dans le passé et le présent bien sûr, entre la Somalie, l’Italie et les Pays-Bas, mais aussi depuis l’enfance en Somalie jusqu’à une fuite terrifiante, des réajustements constants, la renaissance, l’exil et la maternité, et même la double identité de Domenica. Ces questions sont très proches de votre expérience personnelle.
Cristina Ali Farah : Oui, c’est vrai. Dans sa forme originale, le roman était un recueil d’histoires dont les personnages étaient de ma génération. Ensuite, j’ai réalisé que chaque histoire était marquée par une cassure, que chaque vie était en quelque sorte coupée en deux par l’événement traumatique que fut la guerre civile. Ce n’est pas un hasard si le chapitre central du roman se déroule en janvier 1991. C’est en fait la première histoire que j’ai écrite et j’ai à peine eu besoin de la retravailler. Alors que chacun des personnages traverse la guerre, quelque chose va irrévocablement changer leur futur. Lidwien Kapteijns dans son récent livre Clan Cleansing in Somalia: The Ruinous Legacy of 1991(2) traite précisément de ce sujet. Son analyse historique et scientifique est rigoureusement exacte. Tant que les événements qui se sont produits à Mogadiscio ces jours-là ne seront pas publiquement reconnus et tant qu’une discussion sur ces événements ne sera pas engagée, toute tentative de réconciliation sera vouée à l’échec. Lire l’ouvrage de Lidwien Kapteijns m’a été extrêmement pénible en même temps qu’il a produit sur moi un effet cathartique. Je savais qu’il déclencherait des débats houleux parmi les Somaliens et je pense que l’auteure a fait preuve d’un grand courage en s’attaquant à un sujet de cette importance.

Quelle relation entretenez-vous avec l’italien, cette langue qui appartient à un ancien pouvoir colonial en Somalie et que vous avez choisie pour écrire ?
J’ai été élevée à Mogadiscio par une mère italienne et c’est peut-être pourquoi je n’ai jamais perçu l’italien comme une langue associée au colonialisme. Cela ne veut pas dire que je rejette l’importance fondamentale de cette question. Par exemple dans Madre Piccola, un des personnages, dont la parole est la plus politique dans le roman, glisse des variations somaliennes de mots italiens dans la conversation, suggérant de cette manière un renversement du pouvoir entre les deux langues.
Mon père est venu étudier en Italie dans le cadre d’une bourse et c’est ainsi que mes parents se sont rencontrés. L’italien était sans conteste la langue parlée par l’élite en Somalie à cette époque, la langue de ceux qui avaient étudié. Mais c’était également les pleines années du socialisme durant lesquelles le somali est officiellement devenu une langue transcrite. Une génération entière s’est battue pour que les enseignements soient dispensés en somali. Cette campagne s’est accompagnée d’un grand sentiment de fierté et a généré un enthousiasme exceptionnel.
Cependant, et pour de multiples raisons (dont des classes surchargées et des professeurs mal préparés), mes parents ont choisi à un moment de me placer à l’école italienne, on peut donc dire que mon éducation formelle s’est faite dans cette langue. C’est plutôt amusant de se dire que l’on a étudié les régions d’Italie, la Renaissance, Les fiancés de Manzoni, mais rien en ce qui concerne l’histoire de la Somalie, sa poésie, ou même les noms des arbres et des fleurs. Paradoxalement, c’est ici-même en Italie que j’ai pu combler ces lacunes dans mon éducation !

Les multiples voix présentes dans Madre Piccola semblent liées à un idéal de communauté de femmes, idéal que l’on retrouve aussi dans votre poème Déchirure(3) « Nous nous l’avons avec les autres femmes. / Mes enfants sont leurs enfants. / Je veux rassembler tous les morceaux. / Porter la robe avec les autres. / Sans elles, vieilles et adolescentes, / estropiées et très belles, blanches et noires, /moi je n’existe pas. / Je suis femme tant qu’elles existent ».
Le titre du roman, Madre Piccola, est la traduction du terme somali habaryar qui désigne la tante maternelle, mais dans sa traduction littérale le terme veut dire petite mère. L’expérience de la maternité dans le roman n’est pas qu’individuelle, elle est aussi collective. Ce n’est pas qu’un simple événement biologique, il est aussi social. Là aussi, ce n’est pas un hasard si l’un des personnages principaux, Barni, est sage-femme mais n’est pas mère. Dans des contextes de migration, les femmes demeurent plus ancrées dans la terre, du fait de leurs activités quotidiennes et des rapports plus intimes qu’elles entretiennent avec la société qui les entoure. Bien souvent c’est plus difficile pour les hommes, car ils se sentent affaiblis, désorientés, comme de simples coquilles vides.
Je vais vous raconter un incident qui m’est arrivé. Quand je me suis mariée à Mogadiscio, je n’avais pas encore dix-sept ans. Là-bas, quand quelqu’un se marie, il est de coutume de faire venir une femme poète qui chantera à la gloire des ancêtres du couple promis. Cette forme poétique s’appelle un buraambur et ne s’exerce qu’entre femmes. Durant la fête, la poète récite ses vers et toutes les femmes dansent en cercle autour de la mariée pour l’honorer. La mariée n’est pas autorisée à se mêler à la danse. Mais lors de ma cérémonie, dès que j’ai entendu les femmes chanter, et sachant que cela m’était interdit, je me suis précipitée pour rejoindre le cercle. J’ai adoré buraambur. Bien sûr les femmes m’ont chassée ! Mais comme vous voyez, j’ai toujours été attirée par l’idée du collectif.

J’aimerais parler un peu avec vous de l’importance et de l’influence du conte et du récit dans votre travail.
Le conte m’a toujours fascinée. J’ai été élevée dans un pays de grands conteurs. Chaque histoire peut s’étirer à l’infini, chaque détail peut donner naissance à une nouvelle histoire. Si je devais définir mon travail, je dirais que je ne fais rien d’autre que tenter d’orchestrer et restituer les histoires qui m’ont été racontées.
Deux sources en particulier me sont essentielles. Chronologiquement, il y a d’abord mes conversations téléphoniques. Vous savez, notamment durant les premières années où je n’avais même pas de téléphone sans fil, je passais des heures pendues au téléphone assise à une table. Un peu pour m’amuser mais aussi pour ne pas m’égarer, j’ai commencé à retranscrire les histoires que j’entendais. Elles me paraissaient exceptionnelles, non par leur nature exceptionnelle, mais parce elles étaient justement si ordinaires. On ne se racontait pas des choses importantes, mais on discutait de ce que l’on était en train de vivre, ces petits détails qui semblaient insignifiants en apparence mais qui avaient le pouvoir d’éliminer le temps et la distance qui nous séparaient. J’ai repris beaucoup de ces histoires contées au téléphone dans mon travail.
La seconde source, ou ressource, a été une série d’histoires orales racontées par des femmes immigrées, que j’ai recueillies dans le quartier de Torre Angela à Rome pour le compte de l’association Kel’am et du Circolo Gianni Bosio. Alessandro Portelli, qui a mené des recherches spécifiques sur l’histoire orale, a été un excellent guide au cours de cette entreprise. Les narratrices venaient de pleins d’endroits différents, et alors que je retranscrivais en italien nos conversations enregistrées, j’ai réalisé que leur langue maternelle s’imprimait dans la version italienne, lui donnant une très grande force poétique, subversive.

La dernière fois que nous avons parlé, vous avez fait part de votre travail de recueil d’histoires et de paroles somaliennes à la bibliothèque de l’Université de Rome III. Pouvez-vous parler de ce projet ?
Je travaille depuis quelques années pour Archivo Somalia à l’Université de Rome III. Un des objectifs principaux de ce projet est de digitaliser et rendre accessible en ligne le très vaste matériel dont dispose le Centre Strudi Somali. Cela inclut différents types de documents comme des textes écrits (bruts ou révisés), des magazines, des posters, des panneaux, des photos, des conversations, des jeux, du théâtre radiophonique, des vidéos, ou encore des morceaux de musique. En l’absence de bibliothèques et d’une situation politique stable en Somalie, conserver la mémoire du passé et la partager avec la diaspora est une initiative pleine de sens. Cela explique beaucoup pourquoi la présence de la communauté somalienne est si forte sur internet.

C’est la présence d’histoires et de perspectives multiples, de morceaux assemblés, qui nourrit le récit de la diaspora somali. Et le prologue de Madre Piccola marqué par la répétition des mots « Somaali baan ahay » (Je suis somalien) s’annonce comme une déclaration d’identité somalienne.
Soomali baan ahay est le titre d’une chanson de Yamyam, composée durant les années qui ont immédiatement suivi l’indépendance. Elle fait donc référence à un moment particulier de l’histoire du pays au cours duquel « Je suis somalien » voulait dire « Je suis fier d’être qui je suis » et par-dessus tout, « Je suis libre ». Le prologue de mon livre est un chapitre consacré à l’enfance des personnages principaux, la période dorée de leurs vies, mais aussi à la Somalie nouvellement indépendante. Dans le roman, trois voix narratives réapparaissent trois fois : chacune conte son histoire à un interlocuteur, tour à tour en dehors de son contexte culturel personnel et en son sein. À travers le filtre de ces voix qui s’imbriquent, tantôt proches, tantôt distantes, j’ai voulu raconter l’histoire de la diaspora. Je me suis posée la question suivante : comment est-ce que des individus qui ont perdu tous leurs repères parviennent à s’enraciner à nouveau et démarrer une nouvelle vie ? Les personnages trouvent la réponse dans les relations qu’ils nouent : c’est à travers elles que l’on se retrouve et que l’on retrouve nos marques dans le monde, notre identité la plus profonde.

Dans une tribune pour le magazine Warscapes, Flavio Rizzo fait sur l’Italie la réflexion suivante : « Il est temps de construire un nouvel esprit de citoyenneté critique, une citoyenneté qui ne tombe pas dans les pièges de l’invisibilité de l’histoire ou du racisme institutionnel montant. Dénoncer sans relâche les épisodes de violence raciste et les disparités grossières, et amorcer une nouvelle ère dédiée à la curiosité seraient les moyens les plus simples pour dépasser cette culture généralisée de l’exclusion et du consentement passif ». Le pays est victime d’une perte de mémoire endémique qui est associée à une forme de souffrance, que l’on pourrait tout simplement appeler une absence de compassion dans sa forme la plus pure, telle que la définit le philosophe Jean-Luc Nancy : « Ce n’est pas une pitié qui s’attendrit sur elle-même et se nourrit de soi. Com-passion : c’est la contagion, le contact d’être les uns avec les autres dans le tumulte. Ni altruisme, ni identification : l’ébranlement de la contigüité brutale ». C’est en Italie, à ce moment précis de son histoire, que vous êtes revenue dans votre nouveau roman.
Je suis parfaitement d’accord. Je ne suis pas certaine de pouvoir expliquer clairement cette simple pensée qui me vient : lorsque les gens pensent aux bateaux qui accostent et à ces hommes et ces femmes qui arrivent, c’est un mélange d’horreur et de pitié qu’ils ressentent, car ces immigrés sont présentés comme une masse sans forme, blessée et menaçante. Mais si les gens commencent à regarder les individus qu’ils sont, à considérer leurs histoires et comment ils sont arrivés jusqu’ici, ce qui les frappe par-dessus tout c’est l’optimisme et la passion pour la vie dont ils regorgent. Il faut avoir une incroyable force intérieure pour affronter la séparation, le voyage, la perte de repères. Si seulement les gens pouvaient voir cette réalité, ils seraient bouleversés. On ne peut ressentir de la pitié ou de la peur pour ceux qui ont fait preuve d’une telle force, cela doit être avant tout un sentiment positif.
Le livre sur lequel je travaille en ce moment est un roman en formation. Le héros est un jeune garçon de dix-huit ans, né en Somalie mais qui a grandi à Rome. Ce qui m’intéresse est de pouvoir retracer les processus mentaux à travers lesquels se forme une personnalité, une identité, les référents culturels qui nourrissent l’imagination et la manière dont se vivent les relations. C’est un processus initiatique au cours duquel le jeune homme questionne le pouvoir et l’autorité, à travers lequel ses « origines mythiques » dialoguent avec la réalité qui l’entoure, l’environnement dans lequel il a été élevé.

La réalité des exilés somaliens à Rome (et dans toute l’Italie) est centrale dans votre roman Madre Piccola. Elle embrasse aussi le racisme et l’absence de compassion qui s’illustrent notamment dans l’histoire de ce Somalien muet qui est visé par erreur par un terroriste. C’est une histoire qui fait écho aux nombreuses que nous avons pu entendre durant ces deux dernières décennies d’immigration.
La question d’avoir une voix (et la question du silence) est des thèmes qui me tiennent profondément à cœur. Barni, une des héroïnes, est une sage-femme qui fait naître des bébés dans ses mains, mais elle est aussi une personne qui aide des personnes qui ont perdu leur voix, en particulier les jeunes muets. Elle est également la cousine adorée d’Axad/Domenica. En Italie, la situation des Somaliens est assez unique, plutôt dramatique : il y a d’une part la communauté somalienne qui était présente avant l’éclatement de la guerre civile, et d’autre part les Somaliens nouvellement arrivés. Les Somaliens ont un très grand sens de l’humour, ils appellent les anciens « Les vieilles lires » et les nouveaux « Les Titanic ». Ces dernières années, la communauté somalienne plus ancienne diminue progressivement car l’Italie est un pays qui rejette de ses terres, et ceux qui ont pu agir comme catalyseurs entre les nouveaux arrivants et la société se retrouvent contraints de tenter leur chance dans des pays plus ouverts où certains droits fondamentaux sont respectés.

Vous avez participé au Lampedusa In Festival, dans une région associée à l’histoire d’immigration la plus tragique d’Italie. Pouvez-vous parler de votre collaboration à ce festival ?
Lampedusa In Festival est une expérience formidable. Le projet est né des efforts de la population qui vit sur l’île et continue de croître. Il y a bien sûr des projections de films qui sont le cœur de la compétition, mais également des présentations de livres, des débats, des expositions et des concerts. Lampedusa est également un haut lieu touristique, et dans les rues du centre se côtoient les habitants de l’île, des immigrés fraîchement débarqués et des touristes. Les événements principaux du festival se déroulent dans des lieux publics très fréquentés où les passants ne peuvent demeurer indifférents à ce qui se passe. De plus, cette année, le Musée de l’immigration de Lampedusa et Linosa – créé par l’association Askavusa qui a sauvé de la benne des effets personnels appartenant à des migrants – a présenté les premiers résultats de son travail de répertoire et de conservation de ces objets, travail entamé en 2012. Ces objets évoquent des existences, ils racontent l’histoire de périples qui ne peuvent être oubliés. Je pense qu’au milieu de la misère et de la décadence qui font l’Italie d’aujourd’hui, Lampedusa apparaît comme une terre rare d’humanité, de culture et de beauté que chacun devrait s’attacher à cultiver.

(1)Frassinelli, 2007. Traduction anglaise : Little Mother, Indiana University Press, 2011 (ndlt).
(2)University of Pennsylvania Press, 2012 (ndlt).
(3) Paru en français sur dormirajamais.(ndlt).
Texte partiellement rédigé en italien et traduit en anglais pour Warscapes sous le titre : The Bundle On My Back ( ici )
(Traductrices : Giovanna Bellesia-Contuzzi / Victoria Offredi Poletto)

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Texte original sur www.warscapes.com
Traduction pour Africultures : Sonia Sehil///Article N° : 12709

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