Songhoy Blues : blues en exil

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Originaires des environs de Tombouctou au Mali, les musiciens de Songhoy Blues déferlent en Europe avec leur album Music in Exile. Découvrez dès le 23 février, un électro-rock mâtiné du désert.

Leurs noms ne sonnent pas tout à fait inconnus. Les quatre musiciens de Songhoy Blues, tous moins de trente ans, se sont déjà fait remarquer sur l’album d’Africa Express « La Maison des Jeunes », projet collaboratif dessiné par Damon Albarn. Le musicien anglais (Blur, Gorillaz) et son complice Nick Zinner (des Yeah Yeah yeahs) ont entendu les amis jouer dans les maquis (1) de Bamako et le tournant international du groupe a ainsi commencé à l’automne 2013. Un an plus tard, le même Nick Zinner produit Music in Exile. Dans leurs villes natales aux environs de Tombouctou, les trois jeunes Touré (Aliou, Garba et Oumar), du peuple songhoy, jouaient depuis longtemps déjà. Mais c’est en exil à Bamako en 2012 qu’ils se rencontrent et jouent ensemble lors d’un mariage, puis tout le mois du Carême, puis les week-ends dans les maquis de la capitale jusqu’à former avec Nathanaël Dembélé, un bambara du Sud du pays, leur « Songhoy blues ».
Sons d’exil
« On nous demande souvent si nous faisons une musique révolutionnaire. Elle l’est peut-être dans l’énergie que nous apportons mais pas dans la composition ni l’acte de sensibilisation », devance le guitariste Oumar. L’occupation djihadiste du printemps 2012 ayant forcé l’exil des musiciens dans une région ou toute mélodie est désormais bannie, le groupe distille son engagement à travers un son d’autant plus explosif. S’y brasse un blues façonné dans le désert malien, dans le sillage d’un autre grand Touré, Ali Farka, et un son électro-rock qui fait bouger toute la jeunesse actuelle de Bamako et d’ailleurs. Une « Musique en exil », sans brancard révolutionnaire, qui par définition se construit dans les rencontres liées à l’impossibilité de jouer sa musique chez soi et qui peut d’autant plus s’exporter à l’international, un horizon que le groupe a toujours visé.
Au fil du désert
Parmi les nombreux groupes touaregs dont la musique s’exporte en exil comme Tinariwen, Tamikret, Amanar, le blues de ces Songhoy (peuple par ailleurs en conflit avec les Touaregs au Nord) est celui d’une jeune génération de musiciens aux influences audacieuses et aux désirs d’international. Cela donne un album plein d’énergie, aux teintes rock et électro plus que blues lancinant-légende du désert. « Le désert c’est le lieu de la mélodie, on ne peut pas savourer les percussions à 45 degrés. Tout groupe qui vient du désert a le même doigté, le même style », analyse Oumar en repensant à l’accueil incroyable que le groupe a reçu en Inde, première étape de leur tournée. Des étoiles s’accrochent encore à leurs yeux avec les souvenirs de cette jeunesse indienne, folle de sons rock, elle qui a déjà accueilli Ali Farka Touré, Alimata Diawara, bientôt Vieux Farka Touré. Et même, a-t-on dit au leader du groupe Garda, une danse indienne appelée de son propre nom ressemble étrangement aux rythmes joués par le groupe…

(1) Bar, lieu de restauration populairePlus d’infos : Sortie du CD Music in Exile le 23 février, Transgressive Records
En concert le 19 février à la Maroquinerie, Paris 20e///Article N° : 12671

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