Les Hussards noirs à l’école de la République

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Accéder aux grandes écoles de commerce, de politique ou de droit reste encore très inégalitaire. Les enfants issus de milieux aisés y sont surreprésentés. Des associations d’étudiants de ces établissements renommés se mobilisent pour encadrer des lycéens dans leur orientation. Rencontre avec les Hussards noirs.

« Au-delà de l’expérience « scolaire » j’ai pu rencontrer des personnes humbles, motivées et motivantes, avec qui le travail fut un plaisir même si les cours avaient lieu samedi après-midi », témoigne Ahlem Khelil, ancienne élève du lycée Henri Wallon d’Aubervilliers (93). À l’époque élève de Terminale, cette jeune fille a suivi la formation proposée par les Hussards noirs et découvert un intérêt pour la géopolitique et le Moyen-Orient. Résultat ? « Un projet final où nous avons simulé une réunion du conseil de sécurité de l’ONU à propos d’un conflit irano-pakistanais » mais surtout, son admission à Sciences Po. « Le point de départ des Hussards noirs, c’est le constat que l’enseignement secondaire ne prend pas en compte l’ensemble des compétences des élèves », explique Clément Requier, président de l’association dont le nom est tiré des premiers enseignants républicains de la IIIe République, issus de milieux modestes, vêtus de longues chemises noires qui éduquaient les masses par vocation. « Notre système scolaire est fait pour fabriquer des énarques alors que dans le monde du travail, je rencontre souvent des gens phénoménaux qui viennent de BTS ou qui ont fait l’école de la vie ».
Découvrir l’université
Souhaitant pallier à la fracture qui existe entre lycée et université, les 35 membres des Hussards noirs (étudiants à Sciences Po, HEC, l’École Normale Supérieure, à La Sorbonne ou Panthéon-Assas.) sélectionnent depuis 2012 des élèves de Terminale en fonction de leur disponibilité et de leurs besoins à Aubervilliers et au Blanc-Mesnil (93). « Notre objectif est d’organiser des activités pour qu’ils prennent conscience de l’intérêt des études et découvrent des filières, pas de faire de soutien scolaire », explique encore Clément Requier. Grâce à des visites d’institutions (comme Sciences Po, le Quai d’Orsay ou la Comédie- Française) et aux ateliers menés (autour des sciences, de l’économie ou du droit), les élèves ont enrichi leur culture générale mais surtout renforcé leurs compétences dans la rédaction de lettre de motivation et l’expression orale. Pour l’instant, les Hussards noirs visent essentiellement des élèves de Terminale « Notre prochain objectif, ce sont les classes de Première car c’est une année blanche et les élèves n’ont pas conscience que leurs notes comptent pour les dossiers d’admission dans le supérieur ».
Au-delà des notes
Déçu de la méconnaissance des conseillers d’orientation pour les filières techniques (« un secteur qui recrute, où il y a de bons salaires et qui permet de faire des métiers d’excellence »), Clément Requier constate surtout que « beaucoup d’élèves valent beaucoup plus que leurs notes ». Un constat que partage Georges Didier, proviseur du lycée Le Corbusier : « Ce qui pourrait changer, c’est la perception que les parents ont des capacités de leurs enfants à faire des études. Il faut une culture de l’effort scolaire. Puisque la société ne leur offre pas vraiment de perspective, ils ne croient pas en eux ce qui ne les aide pas à développer une ambition pour aller là où ils veulent aller ». Lors d’une restitution publique de travail collectif, une mère s’est écriée : « Merci ! J’ai vu ma fille comme jamais auparavant ». Le genre de note qui n’a pas de prix.

Plus d’info : asso.leshussar [email protected]///Article N° : 12640

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