Johann le Métis maloya

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Le chanteur réunionnais Johann Berby nous invite à l’hybridation des cultures avec Métisse maloya son album autoproduit. Sortie prévue pour ce mois d’octobre.

De par son identité plurielle, malgache, indienne et mozambicaine, Johann Berby est un métis culturel, un «  kaf » (1) comme on dit à la Réunion, où il est né. Issus d’un milieu modeste, ses parents arrivent en métropole, juste après sa naissance, en 1983 avec 500 francs en poche. Très jeune, Johann découvre l’art, en particulier la danse et intègre une compagnie strasbourgeoise, Métisse Maloya, qui lui inspirera le titre de son album éponyme et autobiographique.
À seize ans la basse le happe et deux ans plus tard Vincent Ségal, musicien de M et de Bumcello l’initie aux musiques traditionnelles du monde entier.
Influence indienne
« Je fais un parallèle entre mes origines et le maloya qui se métisse lui-même au rock, au blues. Je lance aussi des clins d’œil aux musiques classiques et indienne « , résume-t-il pour parler de ce premier album solo. C’est d’ailleurs à Bombay, en Inde, au cours d’un périple musical avec la chanteuse Florence Comment, qu’il fait une audition déterminante avec le percussionniste Trilok Gurtu. « Tous les bassistes de la ville étaient dans un auditorium ouvert au public. J’ai timidement dit que je connaissais le répertoire de son disque. Il m’a trouvé prétentieux pour un mec de 20 ans !  »
Et finalement le jeune homme se retrouve ainsi propulsé au sein du Trilok Gurtu band « pendant cinq ans de plaisir et de douleur car Trilok est très exigeant avec les bassistes ! » En parallèle, il collabore aussi au Trilok Gurtu African project avec le DJ français Frédéric Galliano, le chanteur sénégalais Ali Boulo Santo et le joueur de n’goni ivoirien Bachir Sanogo.
Racines africaines
Cette influence africaine est palpable sur l’album de Johann Berby via le n’goni de Baba Sissoko : « Je viens d’Afrique par mes origines. C’est naturel de travailler avec des Africains même si je ne parle pas leurs langues. J’ai rencontré Baba Cissoko dans une soirée. On a jammé. Ça s’est imbriqué tout de suite. C’est important et vital de garder cette part d’Afrique ! »
« Le maloya, rappelle Johann, est la musique traditionnelle des esclaves de l’Île de la Réunion. Tout ce qu’il leur restait pour tenir le coup c’était chanter, boire du rhum et danser sur ce rythme un peu bâtard qui vient d’Afrique et parle de leurs souffrances. C’est un blues. Je ne suis pas musicien traditionnel mais je l’utilise de manière moderne, avec mon identité. »
Cet album entre musique de chambre, musiques africaines, pop et maloya, chanté en français et en créole réunionnais, traite de thèmes universels comme l’écologie (Polission) mais aussi le départ inéluctable des Anciens (Gramoun) ou la maladie (Complainte pour Catherine).
On n’a pas fini d’entendre parler de Johann qui depuis quelques années écume les scènes en compagnie de Mory Kanté, Mayra Andrade ou encore Marcus Miller !

(1) Abréviation du terme cafre qui évoque les descendants d’esclaves noirsPour en savoir plus : Site officiel de Johann Berby

Cet article a été publié dans le magazine Afriscope n°37 de septembre-octobre 2014.///Article N° : 12469

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Les images de l'article
Métisse Maloya © DR





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