The chronic : Entre les murs…

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Entre les murs…
La vie qui murmure, et la solitude à plusieurs.
L’écume parfois violente, des jours et des nuits qui se suivent et se ressemblent.
Les fleurs d’insomnie qui poussent le long du chemin des rêves brisés, la misère qui transpire, tousse et crie. En silence.
Tout s’écrit.

Entre les murs…
Des pères sévères qui persévèrent et s’évertuent à préserver la vertu de leur progéniture et à leur transmettre, les sens de l’honneur, du partage et de la famille.

Entre les murs.
L’espoir qui perdure. Et Les illusions perdues :
« La France est le pays des droits de l’Homme… »

Entre les murs…
L’humain, rien que l’humain. L’humour, l’amour, l’amitié.
Indéfectibles liens. Fraternels, paternels.
Des histoires d’encre et de sang, d’exil et d’asile. Politique.
Rien ne prépare à l’exil, volontaire ou non.
Rien ne répare de l’exil, ni l’asile, ni la solidarité que l’on peut trouver sur la route. Au lendemain des doutes.
On apprend juste à survivre avec le sentiment béat et la réalité de l’absence béante, survivre avec le manque, d’une terre, d’une mère, d’une femme, qui nous hante, et survivre avec c’est survivre sans.

Entre les murs…
La mémoire de la communauté qui s’endort, ou s’écrie. Comme elle peut.
Le paternalisme des anciens et les velléités d’indépendance des jeunes, la tradition et la modernité qui s’épient, se méfient, se croisent, se toisent, se méprisent, pactisent, se questionnent, s’affectionnent, se confrontent, s’affrontent. Par foi.

Entre les murs…
Le bruit de la vie et les odeurs d’humanité, thé ou café Touba, Mafé, Yassa, Tieboudienne et Tiep qui rappellent les racines tropicales.
La joie, le soleil dans les sourires et les rires.
Par défi, par dépit, par délit.
La lutte en héritage, la République en naufrage.
La dignité qui souffre-douleur mais pose et s’offre le temps d’un instant volé, capturé dans des clichés qui rendraient jaloux Malick Sidibé.

Entre les murs
Le cœur sûr, la main tendue. À l’autre qui a moins, qui n’a pas, qui n’a rien.
Les crises qui divisent, les devises que l’on partage et envoie au pays, si près et si loin, là-bas.
Les souvenirs et les songes qui pèsent, et provoquent séismes et cataclysmes intérieurs.
Quand on se rappelle, les raisons du départ.
Quand on réalise, où on en est.
Hagard.
Après 10, 20, 30, 40 ans passés. Dépassés.
Entre ces murs.
Collés, comme scotchés. À la vitre de la réalité.
P… de réalité.
Viens faire un tour dans mon foyer, ma caravane, tu verras qui je suis, je saurai qui tu es, et te dirai (ce) qui tue nos espoirs de (sur)vie meilleure.

Depuis 10, 20, 30, 40 ans.
La même rengaine, les mêmes lois et a priori que l’on dégaine lorsqu’on parle d’immigration. Choisie ou non.
« Logement provisoire pour travailleur provisoire », manque de pot pour la France État-nation pays des droits de… certains hommes, quelques migrants d’hier, immigrés d’aujourd’hui et demain sont restés et se battent.
Pour un statut, une stature. Dérisoires.
Ils habitent ici.
Entre les murs…

///Article N° : 11778

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Les images de l'article
Marc Oho Bambe © Nam'art





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