Cilo : La route tranquille de Moh

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Accompagnateur de Ba Cissoko, Fatoumata Diawara ou Mariama, le griot Moh Kouyaté prend son envol avec un premier EP : Cilo.

C’est le talent guinéen qui monte à Paris. Mohamed Kouyaté alias Moh, le guitariste au chapeau, a écumé les scènes avec les plus grands : ses compatriotes Momo Wandel Soumah, Ba Cissoko mais aussi le bluesman Corey Harris, immortalisé dans le documentaire Du Mali au Mississippi.

En attendant l’album à venir, en 2014, Moh nous livre Cilo, un EP, sur lequel on retrouve la fine fleur de la diaspora, son pote sénégalais Magou Samb mais aussi la chanteuse béninoise Fafa Ruffino. Cilo veut dire la route en malinké. « On a tous une direction à prendre dans la vie. » explique Moh. Celle qu’il a choisi d’emprunter est tranquille, à l’image de ce qu’il dégage, humainement et dans sa musique, mandingue jusqu’au bout des ongles.
Sur un titre : « Afrika mousso » il rend hommage à la femme africaine. « Je les trouve très belles et braves car elles se battent pour le quotidien de leur famille. » Sur un autre : « Djelya koumo » il assume son héritage de griot des temps modernes « Je parle d’éveil des consciences, de ce que les griots nous ont transmis sur l’histoire mandingue. Je suis Kouyaté de par mes ancêtres. Je porte avec moi ce fardeau, cette tradition. J’ai eu aussi la chance de voyager, de rencontrer beaucoup de musiciens et de m’enrichir de leurs styles. » Mais le titre phare de cet EP c’est une ode à son pays natal : la Guinée. « J’étais à Conakry en décembre, janvier, quand j’ai tourné le clip. Je rends hommage à mon peuple. On sait que le contexte politique est chaud. Il y a des manifestations des deux camps opposés. (Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé NDLR) Mais la Guinée a tellement connu de déchirements. Le peuple aspire au bonheur. » Face à ce climat d’instabilité politique le griot laisse filtrer de l’inquiétude, derrière son apparence impassible : J’ai assisté à des tensions. Ceux qui disent : Je suis peul. Je n’ai rien à faire avec les malinkés. Ou vice versa. Ce sont des bêtises basées sur l’ignorance, installées par les politiciens. Je ne me reconnais pas dans leurs discours ». De par son vécu, Moh est un symbole de la diversité culturelle de son pays : « Je suis malinké par mon père. Je comprends le malinké. Mes parents se sont installés chez les Diakhankés. Je parle diakhanké. Ma mère est soussou. Je parle soussou. J’ai beaucoup d’amis peuls. Je parle poular. J’ai grandi avec beaucoup d’ethnies, dans un quartier de Conakry, qui s’appelle Hafia, où il y a beaucoup de Peuls. La Guinée est une nation multiethnique et c’est ce qui fait sa valeur. » En tout cas l’unité de son peuple Moh y croit. Et si sa musique peut y contribuer, tant mieux !


En concert le 18 juin au Studio de l’Ermitage
 [www.mohkouyate.com]

///Article N° : 11585

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Les images de l'article
Moh Kouyaté © Dragographie





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