The chronic : Ave Césaire

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Capitaine Alexandre, du collectif On A Slamé Sur La Lune, pose un regard tout en slam sur l’actualité. Pour ce texte, publié la semaine de lancement du Printemps des poètes, Capitaine Alexandre rend hommage à Aimé Césaire, dont cette année marque le centième anniversaire de sa naissance.

Fin d’un texte
Et commencement de la fin d’un autre
Aimé Césaire s’est endormi
Et comme Grand-père il ne se réveillera pas demain
Crépitement de flammes
Une bibliothèque brûle au loin
« Au bout du petit matin
La grande nuit est immobile
Et les étoiles, plus mortes
Qu’un balafon crev酠»
Aimé Césaire s’est endormi
Mais ses mots sont vivants, et bien vivants !
Ils frappent à notre porte !
Toc !
Toc !
Toc !
Ouvrons-leur
Il est l’heure
Peut-être
D’une autre humanité
Ouvrons-nous au monde nouveau
Et dé-co-lo-ni-sons nos esprits !
Oui, tous autant que nous sommes
Décolonisons nos esprits !
N’ayez plus peur !
Que dis-je ?
N’ayons plus peur !
Comme Grand-père
Aimé Césaire s’est endormi
Et il ne se réveillera pas demain.
Pourtant un nouveau jour se rêve
Rempli d’espoir
Mais aussi, de la brise d’amertume
Que soulève
Le questionnement sur l’être même des choses
Sur l’origine des causes
Et leurs conséquences moroses.
Ma prose combat !
Ma prose combat
Le non-sens et l’absence de sens
Surtout moral
Aux actes
Car il peut aboutir
À la totale négation
D’autres existences martyres
Ma prose combat
Le coupable silence
De la nuit qui surgit
Enveloppant
Dans son manteau
Notre monde immonde
Et ses maux
Ma prose combat
Les ténèbres
Et la mort qui rôde encore
Autour de notre humanité
Si corruptible
Et si fragile
Qu’elle m’émeut
Autant qu’elle m’abjecte !
Ma prose combat
Et ça, je te le dois
Aimé Césaire
Toi
Le cavalier du temps et de l’écume
Toi
Le nègre universel
Le nègre fondamental sorti de la brume
Toi
Qui nourrissais le vent
Et inspiras ma plume
Toi
Aimé Césaire
« l’homme-juif
l’homme-pogrom
l’homme-cafre
l’homme-hindou-de-calcutta
l’homme-insulte
l’homme-famine
l’homme-torture
l’homme-de-Harlem-qui ne vote pas »
Toi
Aimé Césaire
Poète
Donc professeur d’espérance
Chantre de résistances
Agitateur de consciences
Dont les écrits précieux
Comme les cris d’un mort-né
Percent les tympans de la nuit
Et de la vie avortée
Toi
Aimé Césaire
Le souffle et le rythme
Le fond et la forme
L’esthétique et l’éthique
Le mythe et l’humour
Toi
Dont les phrases raisonnent
Et résonnent comme un gwo-ka
Qui tonne et réveille le soleil
Toi
Qui comme le sculpteur soudanais
Taillait tes mots en chantant
Dans la pierre triangulaire
D’un monde désenchanté
Gouverné par des traîtres à l’humanité
Capables et coupables
D’immonde et de félonie
Toi
Aimé Césaire
Dont la poésie claque
Comme autrefois le fouet
Sur les corps maigres des nègres décharnés
Sur lesquels s’acharnaient les maîtres insensés
Si ma prose combat
Je te le dois Césaire
Alors permets-moi
Humblement
De tresser ce bouquet de vers
À ta mémoire
AVE CESAIRE
Celui qui s’en va vivre te salue !
Étudiant noir
De retour au pays natal
Ce soir
J’ouvre mon cahier
Et mon cœur qui te pleure
Toi Aimé Césaire
Le nègre fondamental
Le nègre universel sorti de la brume
Toi qui nourrissais le vent
Et inspiras ma plume
AVE CESAIRE

Dédié à Aimé Césaire, maître de la parole tambour qui m’a appris que la poésie était avant tout, respiration de l’homme debout.///Article N° : 11336

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