Au nom du père, du fils et de J.M. Weston de Julien Mabiala Bissila : un pied de nez à la vie en Weston !

Festival des Francophonies en Limousin, édition 2012

Print Friendly, PDF & Email

Nous avions déjà pu entendre grâce aux « Mardis midi » de Louise Doutreligne au Théâtre du Rond-Point Le Crabe rouge, un texte dramatique de Julien Mabila Bissila, jeune auteur congolais repéré par la Maison des auteurs des Francophonies et Nouvelles Zébrures, tant son univers dramaturgique et son style sont étonnants.

Au nom du père, du fils et de J.M. Weston de Julien Mabiala Bissila
Lecture dirigée par Anton Kouznetsov.
Avec les comédiens de 3e année de l’Académie de Théâtre du Limousin.

Au nom du père, du fils et de J.M. Weston est un autre texte de cet auteur qui a été admirablement mis en espace par Anton Kouznetsov dans le cadre des lectures de l’Imparfait du présent, au festival des Francophonies en Limousin 2012. La pièce met en scène deux frères revenus sur la terre ravagée de leur enfance, ils ne reconnaissent plus le quartier qui les a vus grandir. Ils veulent retrouver la concession de leur père où une paire de J.M. Weston a été enterrée et se chamaillent sans retrouver leur chemin dans le labyrinthe des événements atroces qui remontent à la surface de leurs souvenirs et retracent une topographie où les hommes, les maisons, comme les bus et les autos ont été broyés par la violence de guerres fratricides et absurdes.
Le choix de travailler le dialogue en choralité en pulvérisant la parole, en éclatant les voix est une grande réussite qui fait justement retentir le vide de l’anéantissement des lieux, la dissémination de corps dont la disparition ne permet pas le deuil, tandis que la tombe perdue, quête dérisoire, est celle des chaussures vides, symboles d’une splendeur évanouie, d’un rêve enfoui, d’un trésor fantasmagorique. La force du texte est dans une traduction poétique et sensible de l’espace qui passe par un vocabulaire et des jeux de mots et de glissement de sens à la fois humoristiques et plein d’une énergie du verbe qui fait penser à Rabelais, tout autant qu’au cinéma et aux images de western à la Sergio Leone. La pièce convoque un paysage dévasté qui en dépit de l’anéantissement parvient encore à laisser transparaître une germination poétique et une vitalité qui se fait pied de nez à la vie. Et un pied de nez en J.M. Weston, ça a tout de même de la classe !
Un immense bravo à l’équipe des jeunes acteurs de la Séquence 7 en 3e année de l’Académie-École supérieure professionnelle de Théâtre du Limousin qui ont porté ce texte avec une énergie et une qualité de présence remarquable. Ils ont su convoquer ce monde ravagé et ravageur avec beaucoup de drôlerie et en même temps une conviction sans faille.

///Article N° : 11002

  • 1
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Laisser un commentaire