Terres d’Afrique

Anthologie coordonnée par le poète Gabriel Okoundji

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Terres d’Afrique (1), rassemble des textes d’une quarantaine d’auteurs d’horizons divers, reconnus ou non, classés par ordre alphabétique, de Kouméalo Anaté à Pavie Zygas. Parfois, les notices biographiques sont brèves (2 lignes p. 64 et p. 116 ou 3 lignes p. 186), d’autres racontent les origines et les parcours (p. 104 et 110). Peu importe d’où viennent les poètes, quels chemins ils ont parcouru. Leurs pays réels ou rêvés sont précisés ou non. Dans cette anthologie, l’essentiel semble être ailleurs.
« L’Avant-Lire » annonce : « …chacun des auteurs a librement chanté la terre d’Afrique au gré de la cadence et du rythme de son souffle, de sa langue, des émotions de son rêve, de son vécu réel ou imaginaire des réalités, originelles, originaires et contemporaines, qui constituent le paysage du Berceau de l’humanité. » (p. 8) Cependant, on pourrait penser que les textes tissent librement l’au-delà ou l’en-deçà d’une « terre » ou de « terres d’Afrique ». Les poèmes disent autre chose, le nommable comme l’innommable, le proche et le lointain, le visible et l’invisible, le connu et l’inconnu, l’espérance et la désespérance, l’étonnement, l’amour… Les poètes perçoivent les tourments, les ténèbres et les frêles bonheurs de leur siècle et les lecteurs auraient beaucoup à dire sur les poèmes ici rassemblés.
Les auteurs dont la langue d’écriture n’est pas le français ont dû se soumettre à l’exercice périlleux de la traduction. Le passage d’une langue à l’autre n’exprime pas d’emblée la volonté de présenter une anthologie « francophone ». Qu’ils viennent du Japon, de Chypre, des États-Unis, d’Afrique ou d’ailleurs, ces poètes ont « librement chanté » leur temps en leurs langues et leurs voix forment une polyphonie inclassable, « inactuelle » comme le dirait Nietzsche. En ce sens, l’expression « poésie contemporaine », qui apparaît dans le sous-titre, aurait pu être un titre adéquat, si l’on admet que « le poète, en tant que contemporain, est cette fracture, il est celui qui empêche le temps de se rassembler et, en même temps, le sang qui doit souder la brisure. » (2)

1. Gabriel Okoundji, Terres d’Afrique, Anthologie de Poésie contemporaine, Bertoua, Ndzé, 2011.
2. Giorgio Agamben, Qu’est-ce que le contemporain ? Traduction française, Paris, Payot et Rivages, 2008.
///Article N° : 10580

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